Le despote gabonais a profité de tendre la main au chef de l’Etat français lorsque ce dernier s’est rapproché du Secrétaire général de l’ONU pour le saluer.
Farida KAIDER
LE despote gabonais, Ali Bongo, tenait absolument à serrer la paluche au président français, Emmanuel Macron, pour donner l’impression de l’excellence des relations entre Libreville et Paris.
Lors des travaux en comité restreint de l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU), le très contesté dictateur gabonais attendait fermement l’occasion de saluer le chef de l’Etat français qu’il n’avait pas encore abordé depuis le début du sommet.
Lorsqu’Emmanuel Macron s’est approché du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Ali Bongo est arrivé comme un chien dans un jeu de quilles pour lui tendre la main, lui faisant de petite tapes sur l’avant-bras droit, simulant ainsi une complicité entre eux.
Contrairement à son homologue Paul Kagame du Rwanda – qui a eu un tête-à-tête avec Macron- le dictateur gabonais s’est contenté de serrer la main au dirigeant français au détour d’une brève conversation avec le patron de l’Onu, resté assis à sa place.

Le dictateur gabonais a bénéficié d’un concours de circonstance. Les places des chefs d’État obéissaient à un ordre alphabétique de leurs pays d’origine. Les lettres » F » de France et « G » du Gabon se suivant, il s’est retrouvé près d’Emmanuel Macron. Ce qui lui a facilité un rapprochement pour le saluer.
Son geste ne revêt donc aucun symbole diplomatique. D’autant plus qu’en pareille occurrence, aucun invité ne peut refuser de serrer la main à autre. » Même si Ali Bongo est un dictateur honni, le président Macron ne pouvait pas refuser de le saluer. La courtoise diplomatique ne permet pas une telle attitude, » a commenté un diplomate occidental à l’Onu.
Et de renchérir: « Si le président Macron a une grande estime pour son interlocuteur gabonais ou veut donner une autre tournure diplomatique à leur relation, il pourra le recevoir en têtê-à-tête. A ce moment, il y aura les drapeaux des deux pays aux côtés des deux hommes d’État. C’est ce qui s’est passé avec le président Kagame cet après-midi ( hier, Ndlr). »

Les relations entre Libreville et Paris sont très froides depuis la réélection douteuse d’Ali Bongo le 27 août 2016. La France n’a toujours pas reconnu officiellement le despote comme président élu du Gabon. En août dernier, l’Elysée avait vite réagi pour dissiper un malentendu né d’uncommuniqué de felicitations à Ali Bongo à l’occasion de la fête de l’indépendance du Gabon.
Le pouvoir en place, manifestement en quête de reconnaissance et de légitimité, avait vite publié le communiqué dans la presse, insinuenant que la France avait reconnu officiellement la victoire d’Ali Bongo. Depuis lors, l’Elysée avance à pas mesurés sur le terrain de la crise gabonaise.
Mais la position de la France est très attendue après le vote par le Parlement européen des santons ciblées contre le régime de Libreville, la semaine derniere à Strasbourg. » Les lignes pourraient bouger dans les jours à venir, » a confié un membre de la délégation française à New York.