Matins d'Afrique

Santullo Guido est mort !

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L’homme d’affaires italien, auteur de plusieurs réalisations au Gabon, est passé de vie à trépas, lundi soir, à Gaeta, en Italie, alors qu’il venait de gagner un recours suspensif dans le litige qui l’opposait à l’Etat gabonais pour une dette de 350 milliards de F CFA.

Jonas MOULENDA

LE Président-directeur général du groupe Sericom, Guido Santullo, 82 ans, est mort lundi soir, à Gaeta, en Italie. Selon une source proche de la famille, le richissime homme d’affaires italien aurait succombé à un infarctus dans sa résidence à Gaeta, alors qu’il venait de gagner un recours suspensif dans le procès qui l’opposait à l’Etat gabonais pour une dette de 350 milliards de F CFA.

Pourtant, a confié la source, rien ne présageait son décès, tant il respirait la grande forme ces derniers temps. Lundi matin, Santullo Guido s’était bien réveillé. Comme chaque jour, il s’est entretenu avec des proches. Il a même appelé un journaliste gabonais pour lui annoncer la bonne nouvelle de sa victoire dans le procès qui l’opposait à l’Etat gabonais. « Je l’ai au téléphone le matin. Il semblait en forme. Il a même plaisanté en disant que mon article dérangerait encore Ali Bongo », a confié le journaliste, visiblement attristé par la disparition brusque de l’homme d’affaires italien.

L’entrepreneur italien avait menacé Ali Bongo pour impayés après plusieurs réalisations au Gabon.

Selon la source qui cite Magalie, la fille de Santullo, ce dernier aurait été retrouvé agonisant vers 17heures dans sa résidence située au-dessus de son hôtel Mirasole à Gaeta. Lorsque le service d’assistance médicale d’urgence (SAMU) est arrivé sur les lieux, l’octogénaire avait déjà rendu l’âme, à la grande désolation de sa famille et de ses amis qui ne comprennent pas encore ce qui s’est réellement passé, alors qu’il jubilait après avoir gagné un premier point dans le litige qui l’opposait à l’Etat gabonais. « On a travaillé toute la journée pour la suite, mais il est mort. C’est terrible ! », s’est désolé un de ses collaborateurs, joint au téléphone par Matin d’Afrique.

Il était doté d’une politesse cardinalice propre aux grands hommes

En avril 2017, Santullo Guido avait accordé une interview au trihebdomadaire Echos du Nord dans laquelle il menaçait sérieusement le dictateur gabonais, Ali Bongo, pour une dette de près de 350 milliards de F CFA. A la vue du journaliste dépêché par Echos du Nord pour l’interviewer, Santullo avait souri, à sa manière pateline et subjonctive, du contretemps provoqué par son emploi du temps très chargé.

Ce jour-là, il avait débarqué à Paris à bord de son jet privé pour répondre aux questions d’Echos du Nord et régler d’autres problèmes. C’était dans un hôtel huppé, situé à proximité du Palais des congrès, que le richissime homme d’affaires avait reçu son intervieweur. « On peut aller faire l’interview ailleurs si le cadre ici ne vous convient pas », avait-il proposé, avec une politesse cardinalice propre aux grands hommes.

Il est mort sans avoir perçu les 350 milliards de F CFA que lui devait l’Etat gabonais

Du haut de ses 82ans, Guido Santullo gardait une mémoire d’éléphant. « Je vous ai déjà vu quelque part. Ah, je vois ! Vous étiez venu faire un reportage sur mon chantier de la route Mouila-Ndendé et à Mayumba », se souvenait-il. Sacré octogénaire ! Il n’avait pas oublié une rencontre qui remontait déjà à sept ans. L’entrepreneur italien avait décidé de répondre aux questions d’Echos du Nord, sortant ses griffes contre ses détracteurs tapis dans les arcanes du pouvoir au Gabon.

Santullo a réalisé plusieurs grandes œuvres au Gabon. C’est son groupe Sericom qui a construit le pont sur la Banio, dans la province de la Nyanga, réalisé le bitumage des axes Tchibanga-Mayumba et Mouila-Ndendé. De même, son entreprise a réalisé la réfection du pont de Kango, à 100 Km de Libreville ainsi que la construction de deux tours à Libreville. Il est mort sans avoir perçu les quelque 350 milliards de F CFA que lui devait l’Etat gabonais et pour lesquels il avait saisi la justice internationale dans l’espoir d’obtenir gain de cause.

Le pont de Mayumba, une des réalisations de Santullo.

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