Faure Eyadema, qui a succédé à son père, feu Etienne Eyadema Gnassingbé, après 38 ans de règne, mime à la perfection ce dernier. Il gouverne le Togo d’une de fer, n’hésitant pas à faire réprimer dans le sang les marches pacifiques de l’opposition. Samedi dernier, il a fait massacrer 7 militants du Parti national panafricain (PNP) lors d’une manifestation destinée à réclamer le retour à la Constitution de 1992. Une répression qui met en exergue les moyens de survivance de sa dictature.
Aïcha DIALLO
LE Togo n’est pas encore sorti de l’auberge, nonobstant la disparition du dictateur Etienne Gnassingbé, qui a dirigé le pays de 1967 à 2005. Son fils, Faure Eyadema, qui lui a succédé au pouvoir marche dans son sillage, maintenant le pays dans une dictature féroce.
Samedi dernier, des militants du Parti national panafricain (PNP), ont fait les frais de l’instinct bestial du despote togolais. Au moins sept personnes ont été tuées par la police dépêchée pour réprimer leur manifestation pacifique. Des milliers de Togolais étaient descendus dans les rues de Lomé, Anié, Kara et Sokodé et d’autres villes du pays pour réclamer pacifiquement le retour à la Constitution de 1992 et l’alternance politique.
En fait, la situation devient davantage intenable dans le pays. Celui-ci est confronté à une population qui vit de plus en plus pauvre, dont le seul espoir se trouve dans la fuite et l’émigration pour retrouver un peu de liberté et de joie de vivre. Mais de nombreux Togolais restent déterminés à vivre au pays pour accélérer les choses en vue de faire tomber le Faure Eyadema qui les maintient dans la galère maximale. C’est la démarche des militants du PNP et leur leader, Tikpi Atchadam.
Malgré le massacre de samedi dernier, les Togolais restent déterminés à se battre jusqu’au bout pour libérer le pays, après une longue période d’hibernation. Pourtant, Faure Eyadema ne semble prêt ni à une capitulation ni à une ouverture politique. « Depuis son arrivée à la tête du pays, les acquis démocratiques se sont amenuisés. Les opposants n’ont pas le droit de manifester. Lorsqu’ils descendent dans la rue, il envoie l’armée les massacrer », se plaint un membre du PNP, relevant que la barbarie est une arme de dissuasion du régime en place.
MEYHODES STALINIENNES. Faure Eyadema développe les mêmes méthodes de survivance que son père. Au plus fort d’une grève générale illimitée lancée par des forces démocratiques de l’opposition regroupées au sein du Collectif de l’opposition démocratique (COD II), Etienne Gnassingbé Eyadema eut recours à la violence. Le lundi 25 janvier 1993, l’armée a réprimé dans le sang la manifestation de la population à Lomé. Cinq jours plus tard, d’autres civils aux mains nues furent massacrés, conduisant ainsi des millions de Togolais en exil dans les pays voisins.
Parmi les personnalités militaires indexées figurait le défunt Colonel Youma Narcisse Djoua, homme de main du feu Eyadema Gnassingbe Etienne. Il était connu pour sa bestialité et les meurtres d’opposants politiques au régime en place. Il fut l’exécutant de ce plan macabre contre le peuple pour empêcher la démocratie de s’installer et la réalisation de l’alternance politique au Togo. Il fut le Chef de la Brigade rouge qui n’était pas connue comme faisant partie des corps de l’armée togolaise.
Faure Eyadema perpétue les méthodes staliniennes de son père. Ses valets et lui ne réalisent pas encore que leurs recettes ne constituent plus des stratégies porteuses et ne convainquent que leurs propres concepteurs. C’est pourquoi ils continuent à recourir à l’antinomie supposée entre brutalité et démocratie, à monter les provinces les unes contre les autres, à diviser le peuple et à expérimenter d’autres survivances de leur dictature.
Les Togolais ne semblent pas prêts à s’accommoder fatalement de leurs conditions de précarité extrême. Ils continueront à manifester leur d’indignation avec une force évidente. Ces derniers mois, ils n’ont de cesse d’exprimer une grande aspiration pour le changement. Celui-ci est d’ailleurs perçu comme la seule chance de survie. Car, ils se dirigent droit vers leur perte si le régime de Faure Eyadema se maintient.
Des milliers de patriotes réfléchissent déjà à une alternative consensuelle commune pour renverser le despotisme et instaurer ensemble un régime démocratique. Un accent particulier est mis sur l’élaboration d’un projet de transition démocratique, en mettant de côté tout ce qui divise la société togolaise, pour ne se focaliser que sur la refondation de l’État républicain sur la base d’un état de droit et de l’alternance démocratique.
Malheureusement, c’est dans la douleur et l’amertume que les Togolais construisent le processus historique d’alternance. Le dictateur Faure Eyadema durcit les méthodes de conservation du pouvoir. Son régime survit à la colère populaire grâce à ses méthodes staliniennes. Il s’est muré dans la logique de ses certitudes, s’appuyant sur une armée tribale et corrompue qui développe une grande capacité de nuisance.
