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Farida KAIDER 

LA tension est montée d’un cran, depuis la semaine dernière, entre les ressortissants camerounais et ivoiriens au Maroc. A l’origine cette situation, une vidéo publiée sur la toile montrant deux jeunes femmes ivoiriennes frappées par des Camerounais.
Les faits se sont passés à Casablanca. L’affaire aux contours encore brumeux semble tourner autour d’une question d’argent. Selon une source proche des deux communautés, deux jeunes Ivoiriennes devaient des sous à une Camerounaise présentée comme une femme d’affaires propriétaires d’un restaurant au Maroc.

Pour amener ses débitrices à lui verser son dû, la créancière a mis à contribution des compatriotes à elle pour contraindre les jeunes femmes à payer leur dette. Les lampistes sollicités n’ont rien trouvé de mieux à faire que de séquestrer, déshabiller, violer les deux jeunes femmes et leur infliger des sévices corporels, le tout filmé et diffusé sur les réseaux sociaux.

Ce scénario digne d’une prise d’otages avait pour but d’amener les parents des victimes restés en Côte d’Ivoire à payer la dette de ces dernières. Les vidéos réalisées par les bourreaux des deux Ivoiriennes ont d’ailleurs été envoyées séance tenante à leurs proches respectifs par les auteurs de ces actes ignobles.

La diffusion du film de la scène et le supplice infligé aux deux jeunes femmes ont provoqué une véritable onde de choc dans les milieux ivoiriens et au-delà. Plusieurs cyber internautes ont exprimé indignation, certains appelant ouvertement les ivoiriens à des représailles contre des ressortissants camerounais.

Comme il fallait s’y attendre, la réaction des Ivoiriens n’a pas tardé. Certains d’entre eux, installés au Maroc, ont immédiatement fait irruption au domicile de la dame camerounaise pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Cette scène de vengeance a été également filmée et publiée sur la toile par ses auteurs.

REPRESAILLES. D’après des informations concordantes, ce n’est pas la première fois qu’un conflit oppose les deux communautés. D’autres querelles nées des déclarations de l’une ou l’autre des deux communautés ont déjà éclaté au Maroc. Mais cette fois-ci, le rubicond a été franchi. D’où la colère grandissante des Ivoiriens qui ont saisi les responsables de leur mission diplomatique.

Les victimes de cette barbarie humaine qui ne profite à personne ont également déposé une plainte à la brigade anticriminelle de Casablanca, leur lieu de résidence. Une enquête a été immédiatement ouverte pour tenter de retrouver le groupe de Camerounais à l’origine de la séquestration, du viol et de l’agression physique des deux Ivoiriennes.

Aux dernières nouvelles, les auteurs des faits auraient déjà quitté Casablanca et se seraient refugiés à Marrakech, afin de tenter d’échapper à la justice marocaine qui les traque depuis vendredi. Mais la communauté ivoirienne les a appelés à se rendre pour éviter de subir le pire lorsqu’elle les capturera. « Ce crime ne restera pas impuni. Si la justice ne fait rien, nous nous en chargerons », a prévenu un activiste ivoirien domicilié à Casablanca.

Devant la tournure prise par cette affaire, des voix s’élèvent demandant aux autorités ivoiriennes et camerounaises de prendre le taureau par les cornes pour éviter des dérapes incontrôlables. Les missions diplomatiques de la Côte d’Ivoire et du Cameroun au Maroc ont donc intérêt à vite régler ce problème pour que n’éclatent pas des représailles au-delà du théâtre des faits.