Jonas MOULENDA
LE dictateur Ali Bongo fait face à la pire contestation populaire de son règne commencé en 2009 avec le concours de certains satrapes. Peu à peu, les différentes villes du pays entrent de manière synchronisée en résistance contre son imposture. Tous les domaines productifs sont déjà touchés.
Le sentiment anti-Ali Bongo se développe au sein d’une population en butte à des difficultés économiques inextricables. Le rejet du système en place s’amplifie, nourri par le hold-up électoral, le massacre des civils qui s’en est suivi et d’une instabilité gouvernementale qui conduit à la mise en cause d’un système démocratique faussé, surplombé qu’il est par un régime dictatorial.
De nombreux événements militent en faveur d’une synergie populaire. Enlisement de la crise, amplification des inégalités, concentration des richesses entre les mains de quelques individus, corruption et accroissement du chômage qui viennent s’ajouter au cocktail explosif déjà existant. Le pays est placé sous le signe du chaos et de la désolation. Il se trouve embourbé dans un gouffre dont il ne semble pas prêt de sortir.
Longtemps considérée comme le pays le plus hospitalier d’Afrique, le Gabon n’est plus aujourd’hui qu’une terre rebutante. La crise multidimensionnelle qu’il traverse l’a transformé en foyer de misère. Aujourd’hui, nombreux sont les Gabonais nostalgiques du passé glorieux marqué par le boom pétrolier et le gain facile.
Au soir de l’Indépendance, le Gabon paraissait avoir tout pour réussir : le peuple formait une nation unie dans la diversité. Une unicité unique en Afrique. Mais le système mafieux mis en place par Omar Bongo après son accession à la magistrature suprême a amené l’Etat à s’effriter et à propulser le pays vers sa chute.
CRISE POLITIQUE INEDITE. Pris en otage par un cénacle, il s’est maintenu au pouvoir par la force, exterminant des centaines de Gabonais réfractaires à son putsch électoral. Ces massacres ont marqué une dégaine dans la crise déjà latente que le pouvoir niait. Depuis lors, les investisseurs se sont envolés loin du pays. La situation économique ne fait que se dégrader à Libreville et dans l’arrière-pays.
La crise sociale, liée à la fois aux conditions de vie défavorables, et à la montée du chômage, sont aggravées par le fait que les gouvernants mettent le grappin sur les fonds publics destinés aux investissements et au paiement des fonctionnaires. Nombreux sont ceux qui peinent désormais à entrer en possession de leur dû. Car, les banques refusent désormais de payer les salaires des agents de l’Etat à cause d’une grosse dette.
Pensant avoir résolu le problème en appelant quelques opposants à la mangeoire et en organisant un simulacre dialogue politique, Ali Bongo se retrouve aujourd’hui face à une crise politique inédite dans l’histoire du Gabon. Tout le monde est d’avis qu’il faut éviter, cela dans un bref délai, que le pays ne sombre dans une instabilité aux conséquences incalculables. Ce qui est arrivé jusqu’à présent est considéré comme un pan de la catastrophe à venir.