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Côte d’Ivoire /Présidentielle 2020: Guillaume Soro affute ses armes

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Le mandat du président Alassane Dramane Ouattara s’achève en 2020. Sauf modification de la Constitution – ce qui n’est pas sans risques – le chef de l’Etat Ivoirien libérera définitivement le palais présidentiel à son successeur au terme de son quinquennat.

Ahmed YAO

A mesure qu’approche, à la vitesse d’un météore, l’élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, les cercles des courtisans qui tiennent lieu d’états-majors politiques dansent la gigue. Nombreux sont ceux qui fourbissent déjà leurs armes pour succéder au président Alassane Dramane Ouattara qui épuisera le nombre de mandats prévu par la Constitution du pays.
Dans le starting-block, se trouve en première ligne le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion pendant la décennie (2002-2011) de crise politico-militaire ivoirienne qui a fait des milliers de morts et scindé le pays en deux. L’homme qui se voyait dauphin d’Alassane Dramane Ouattara voit chaque jour ses chances d’être adoubé s’amenuiser.

Il semble aujourd’hui en rupture de ban avec son allié qui avait promis lui céder le fauteuil présidentiel après ses deux mandats. Dans certains salons feutrés d’Abidjan, il se susurre que le président ivoirien pourrait puiser son dauphin dans le vivier politique que constitue le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), sa matrice du pouvoir.
Deux hommes sont en pole position. Il s’agit d’Amadou Gon Coulibaly et Daniel Kablan Duncan qui incarnent aux yeux du chef de l’État les deux meilleurs profils pour lui succéder à la tête de la Côte d’Ivoire. Le président ivoirien estimerait que Guillaume Soro, Hamed Bakayoko et tutti quanti ne sont pas encore prêts à assumer la plus haute fonction à la tête du pays.

RAPPROCHEMENT STRATEGIQUE. D’après certaines indiscrétions, Amadou Gon Coulibaly est désormais le cheval numéro sur lequel mise le président ivoirien. Il a gagné en estime dans la cour du grand patron, devançant largement son congénère Daniel Kablan Duncan. Mais un obstacle dirimant risque de s’ériger sur le chemin conduisant au palais présidentiel : c’est sa santé. En 2012, Amadou Gon Coulibaly a subi une transplantation cardiaque à Paris. Ce qui n’est pas sans susciter des inquiétudes.

Guillaume Soro qui se sent frappé d’ostracisme ces derniers mois ne s’avoue pas vaincu, loin s’en faut. Il a décidé de prendre le taureau par les cornes pour se présenter à l’élection présidentielle. Avec ou sans l’aide d’Alassane Dramane Ouattara. C’est dans cette optique qu’il a décidé de fumer le calumet de la paix avec les pro Gbagbo avec lesquels il est en rupture de ban depuis la crise militaro-électorale. Son choix n’est pas fortuit ; les partisans de l’ancien président ivoirien constituent un grand réservoir électoral à même de peser sur l’issue du scrutin.

Lors d’un récent séjour à Paris, Guillaume Sora a tenté un rapprochement stratégique avec plusieurs piliers de Laurent Gbagbo. Ce sont certains d’entre eux qui lui auraient même conseillé d’aller demander pardon à leur mentor politique, le 20 juillet dernier, dans l’espoir de recevoir son blanc-seing. « Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire (…) à ce peuple qui a tant souffert. Je demande pardon à mes aînés (…) et même au président Laurent Gbagbo », a-t-il déclaré à l’AFP.

« La division fait du tort à nous tous. Ne nous divisons pas la Côte d’Ivoire ! Travaillons à la paix ! Dans les jours suivants, je serai plus engagé pour le pardon et la réconciliation. Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde », a-t-il renchéri. « Parce depuis 2002, jusqu’à ce jour, j’ai été un acteur important. Ce dont la Côte d’Ivoire a besoin, c’est de beaucoup plus de tolérance, de pardon, de réconciliation, de paix », a-t-il conclu.

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