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Jonas MOULENDA

LE Zimbabwe est indubitablement en train de tourner une page très sombre de son histoire, écrite des larmes et du sang des Zimbabwéens. Devant les velléités monarchistes du dictateur Robert Gabriel Mugabe, l’armée a pris ses responsabilités en intervenant.

Cette armée qu’on disait corrompue, passive et acquise à la cause de la seule famille du despote zimbabwéen vient d’envoyer un signal fort à toute l’Afrique et au reste du monde. Elle a ipso facto démontré qu’aucune dictature n’est définitivement supportable. Un geste héroïque qui doit faire école sur le continent africain, l’antre des dictateurs sanguinaires.

Même si les militaires démentent un coup d’État, les observateurs de la scène politique internationale sont fermement convaincus qu’ils ne remettront plus le pouvoir à Robert Gabriel Mugabe. Car, ce dernier se croyait tout permis au point de vouloir céder son fauteuil à son épouse Grace, qui caracolait dans l’arrogance, faisant de la persécution son agenda existentiel et indécrottable.

Elle avait sauvagement agressé une jeune femme qu’elle avait trouvée avec son fils dans une chambre d’hôtel en Afrique du Sud. Cette garce se voyait déjà au trône. Sous le joug de l’amour, Mugabe était allé jusqu’à faire la chasse à ses anciens camarades de la Zanu-PF qui constituaient un obstacle rédhibitoire à la conservation du pouvoir par sa famille.

La situation de Mugabe aujourd’hui s’apparente à celle d’une mouche qui se moquait de l’araignée et qui a fini par être prise dans sa toile inextricable. Il est passé de héros de la lutte contre impérialisme en Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe) à bourreau du peuple zimbabwéen que son clan mafieux et lui ont délibérément affamé.

Sous son règne calamiteux, le pays a vu son économie s’affaisser, tel un château de cartes. Des opposants étaient envoyés au mitard, quand ils n’étaient pas tout simplement assassinés. Le pouvoir était une affaire de famille et quiconque osait en convoiter devenait l’ennemi juré de Mugabe. Le vice-président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, l’a appris à ses dépens.

Les frasques et les vilenies du despote ont fini par exaspérer l’armée pourtant de nature laxiste. Les militaires ont sifflé la fin de la récréation. Après 37 ans de règne sans partage, Robert Gabriel Mugabe est tombé de son piédestal. Son avenir politique pourrait désormais se jouer dans une cour criminelle. Mais à l’heure de rendre compte, cet homme au plaisir prométhéen osera-t-il amuser les juges avec ses célèbres dictons ?