Matins d'Afrique

Marchés publics: Seydou Kane avait soudoyé Nourredin Bongo et Brice Laccruche Alihanga avec un milliard de F CFA et deux véhicules de luxe

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Dans son discours à la nation du 31 décembre dernier, le dictateur gabonais, Ali Bongo, a dit être à combattre la corruption, estimant que celle-ci n’a pas sa place dans le pays. Mais osera-t-il faire arrêter, son fils,  Nourredin, et son épouse, Sylvia, sont trempés jusqu’au cou dans la gabégie et la concussion ?

Jonas MOULENDA

LA famille d’Ali  Bongo n’est pas exempt de tout reproche, loin s’en faut. Elle est même celle qui compte le plus de voleurs et corrompus par kilomètre carrés.

Nourredin Bongo, le fils aîné du tyran, est le vrai chef de la pègre qui a ruiné le Gabon depuis 2017. Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet d’Ali Bongo, n’était que le directeur technique de son gang financier.

C’est le fis du despote qui planifiait toutes les manœuvres dolosives et donnait des consignes à son alter ego pour l’exécution. S’agissant des marchés publics, par exemple, Nourredin Bongo était au centre d’un vaste réseau de concussion.

Nourredin Bongo, ici avec son alter ego Brice Laccruche  Alihanga, est le chef de la pègre qui a ruiné le Gabon ces trois dernières années.

Pour obtenir des marchés publics, a confié une autre source, les hommes d’affaires se devaient de verser des pots de vin à la pègre du fils d’Ali Bongo. Il accordait ces marchés publics au mépris des dispositions légales qui exigent des appels d’offres pour des montants dépassant les 200 millions de F CFA

Le marché des voiries de Franceville, le chef-lieu de la province du Haut-Ogooué (sud-est), a été confié l’année dernière au sulfureux homme d’affaires malien Seydou Kane. Il n’ y a eu aucun appel d’offre. Kane aurait consenti à donner 1 milliard de F CFA à Nourredin Bongo et Brice Laccruche.

En sus de cette sommme, il leur a offert deux véhicules haut de gamme de marque Toyota, de type Land Cruiser, de couleur noire. « Pour éviter que le président ne découvre cette mafia, Nourredine Bongo et Brice Laccruche Alihanga ont envoyé ces véhicules à Franceville », a confié une source proche de la garde républicaine.

Ali Bongo se doit de faire arrêter aussi son fils Nourredin pour donner une crédibilité à l’opération d’assainissement de la vie publique

Au demeurant,  le fils aîné du despote n’est pas un agneau sans taches. Pendant les enquêtes préliminaires ayant abouti à l’incarcération des membres de l’Association des jeunes émergents volontaires  (Ajev), proche du pouvoir, Lionel Diambou, ancien bras droit de Brice Laccruche Alihanga,  a déclaré que le fils du despote était le chef de la pègre démantelée.

Si Ali Bongo veut donner une crédibilité à l’opération « Scorpion  » , qui a envoyé au mitard son ancien directeur de cabinet,  il se doit aussi de faire arrêter son fils Nourredin,  le vrai chef de la pègre qui a ruiné le pays ces dernières années. Tout comme son épouse Sylvia Bongo,  qui donnait régulièrement des consignes à Alihanga pour le décaissement de plusieurs milliards de F CFA

Malheureusement, Scorpion est une opération en trompe-l’œil. Contraint par les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux de lancer des opérations d’assainissement de la vie publique minée par la corruption et les détournements impunis du bien public, le despote gabonais a fait mine de céder. Mais en lieu et place de l’opération mains propres attendue, Ali Bongo, a plutôt concocté un plan de règlements de comptes contre les membres de sa pègre qui l’ont grugé dans le partage du butin.

Scorpion, tout comme Mamba, s’est jusqu’ici caractérisé par sa propension à abattre des pauvres chênes destinés au bûcher d’Hercule. L’opération  protège Nourredin Bongo et sa mère Sylvia Bongo, tous deux prédateurs des fonds publics. Le succès de Scorpion n’était pas garanti d’avance, le despote ayant la propension à ne trouver les fossoyeurs de la République que dans d’autres familles.

Sylvia Bongo, une budgétivore hors catégorie.

Certes, Brice Laccruche Alihanga et ses amis ont détourné,  mais les procès en sorcellerie intentés contre eux ne sont rien d’autre que des règlements de comptes politiques. Il s’agit des procès politiques d’autant plus abjects qu’ils traduisent une manipulation permanente de l’appareil judiciaire par le dictateur pour servir des ambitions politiques, à savoir, renvoyer aux bailleurs des fonds l’image d’un pays qui combat la gabegie.

Au départ, les arrestations spectaculaires de Brice Laccruche Alihanga et d’autres collaborateurs du dictateur avaient suscité quelque satisfaction au sein du petit peuple heureux de voir d’anciens pontes malmenés. Mais, elles ont fini par exaspérer,  Scorpion passant à côté des plus grands voleurs tels que Sylvia Bongo,  Nourredin Bongo,  Maixant Accrombessi,  Liban Soleiman et Seydou Kane et tutti quanti. On assiste désormais à un retournement de l’opinion.

Ce sont des affaires politico-judiciaires dont la cause est déjà entendue. Ce qui se passe n’est en réalité qu’un triste spectacle. Les magistrats manquent d’indépendance, et il leur est difficile de refuser d’obtempérer aux ordres de l’exécutif. Mais, dans un pays où il est difficile de rapporter des preuves matérielles d’immixtion du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires, c’est la parole des accusés, présumés coupables de fait, contre celle de l’Etat voyou.

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