Matins d'Afrique

Le Gabon appauvri par une oligarchie cléptomane

Les Gabonais sont remontés contre leur dirigeants qu'ils accusent de concentrer ses efforts sur son enrichissements personnels.

Partager l'article

Marcel GOUMBI

LES expatriés qui ont séjourné au Gabon à l’époque du boom pétrolier n’en croient pas à leurs oreilles lorsque quelqu’un revenant de ce pays leur apprend que celui-ci est devenu un grand foyer de pauvreté. Pourtant, la réalité est là. Irréfutable.

Les détournements des fonds et la mauvaise gouvernance ont fini par tuer la poule aux yeux d’or. Le Gabon, qui reste une terre en friche, n’a pas profité de l’exploitation de l’or noir, du bois, du manganèse, de l’or et le gaz naturel. Les ressources n’ont profité qu’à un clan mafieux qui a mis le grappin sur les manettes de l’Etat. Le niveau de pauvreté est de plus en plus très élevé.

Le niveau de la pauvreté a augmenté de manière exponentielle, ces dernières années, au Gabon. Même si des populations s’adonnent à des activités économiques, leurs conditions de vie sont davantage précaires. Le paludisme et l’absence de soins font des victimes à travers le pays.

La paupérisation galopante est désormais à l’origine d’un important flux migratoire vers l’Europe et l’Amérique ces derniers temps. Depuis le début la crise post-électorale, plusieurs jeunes ont émigré pour aller chercher leur salut à l’étranger. Le Gabon manque presque de tout. Une carence plurielle dont la plus évidente reste son manque d’infrastructures de base. Un manque de commodités que les riverains considèrent comme un mal vivre.

Aujourd’hui, la pauvreté se conjugue au pluriel. Les Gabonais manquent du minimum vital. Le malaise s’est amplifié en milieu rural. Pas de maternelles, encore moins de cases des tout-petits, même pas une borne fontaine, la précarité de l’habitat et le manque d’infrastructures sanitaires, routières…, se pose avec acuité. La marche vers la prospérité semble encore très longue dans l’arrière-pays.

FLUX MIGRATOIRE. Le malaise s’est amplifié avec la grave crise financière que traverse le pays. Même si les populations s’adonnent encore à des activités économiques, les conditions de vie deviendront davantage précaires au Gabon. Elles se sont dégradées depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo. La misère et la pauvreté frappent davantage avec insistance à toutes les portes, fors chez les apparatchiks et les anciens gouvernants.

Cette situation est désormais à l’origine d’un important flux migratoire vers l’Occident ces derniers temps. Plusieurs jeunes ont déjà émigré en Europe et en Amérique, laissant leurs familles patauger dans la misère et le sous-développement. « Je ne reconnais plus mon pays. Quand je m’y suis rendu dernière, j’ai tout de suite regretté mon déplacement. C’est devenu un enfer. Les gens souffrent à un degré inimaginable », a confié une Gabonaise vivant à l’étranger.

Le Gabon manque presque de tout, comparativement à la Guinée-Equatoriale voisine dont le PIB par habitant est de 20 581,61 USD pour une population de ‎757 014 ‎habitants, contre 18, 18 S milliards (1,688 d’habitants) pour le Gabon, son ancien soutien économique. Une carence plurielle dont la plus évidente reste son manque d’eau potable, des voiries urbaines, bref tout un arsenal d’infrastructures. Pourtant, tout portait à croire que ce pays historique et mythique ne tomberait pas dans un état de délabrement et d’oubli criards.

FOLIES DISPENDIEUSES. Depuis le début de l’année, d’autres départs massifs et une pauvreté plurielle secouent une constellation de villes du pays. Des maux qui diffèrent d’une contrée à une autre. Mais de nos jours, du fait de plusieurs paramètres dont le plus spécifique est le manque d’infrastructures routières et d’eau, le Gabon qui traîne loin derrière d’autres pays africains, paraît abandonné et présage d’un avenir en pointillés. Son manque d’infrastructures bloque son essor.

Un manque de commodités que les riverains considèrent comme une malédiction accrue par l’oligarchie conduite par Ali Bongo. Selon la litanie qui revient presque dans toutes les conversations, il fermerait ses esgourdes pour ne pas entendre les cris de détresse de ses concitoyens. « Il est un président sans cœur. Il est pire que son prédécesseur de père adoptif. Il demeure sourd à toutes les sonnettes d’alarme. Vivement qu’il s’en aille », confie un jeune fonctionnaire joint au téléphone.

Ali Bongo et son cénacle sont soupçonnés de concentrer leurs efforts sur leur enrichissement personnel. La construction de somptueuses villas dans le pays, l’achat d’avions, de véhicules rutilants et des appartements à l’étranger attisent les rancœurs. Dans l’absolu, toutes le monde est d’accord pour que le dictateur dégage. Car, il s’est enferré dans des folies dispendieuses à l’origine aujourd’hui de l’asséchement des caisses de l’Etat.

 

 

 

Quitter la version mobile