Kristy GARBA
LE Tchad s’enlise chaque jour dans une dictature féroce depuis. Tortures, détention au secret, manifestations interdites, menaces sur des activistes et des membres de la société civile témoignent d’un durcissement ces derniers mois dans le pays.
Des gens sont arbitrairement arrêtés à Ndjamena et dans d’autres villes du Tchad. Ils sont ensuite conduits à la cravache dans les commissariats pour y subir un interrogatoire musclé. Dans la plupart des cas, ils sont détenus les pieds enchaînés et les mains menottées. Pis, d’autres sont torturés avec de sacs de piment sur la tête.
La situation n’est guère meilleure dans des prisons ouvertes aux observateurs. Mahamat Nour Ibedou, de la Convention tchadienne pour la défense des droits humains, a pu constater à plusieurs reprises lors de son passage dans ces prisons que les gens y meurent par manque de nourriture, de soins et pour cause de conditions déplorables d’hygiène.
Outres des opposants et des activistes, des journalistes ont aussi été inquiétés ces derniers mois. Selon Amnesty international, un blogueur, Tadjeddine Mahamat Babouri, se trouve actuellement en détention depuis fin septembre 2016. Son état de santé s’est considérablement dégradé en milieu carcéral.
Les grandes chancelleries occidentales à N’Djamena. Dans une déclaration conjointe, rendue publique le 25 avril dernier, l’Union européenne, la France, les Etats-Unis, la Suisse et l’Allemagne ont exprimé leur préoccupation suite à la détention de plusieurs militants de la société civile, par l’absence d’information sur les charges retenues contre eux, ainsi que sur les conditions de leur détention.
La torture a été pratiquée à grande échelle au Tchad sous le prédécesseur du président Déby, Hissène Habré, renversé en 1990 et condamné définitivement à perpétuité en avril pour « crime contre l’humanité » par une Cour africaine spéciale.
TERREUR ET REPRESSION. La chute du régime tyrannique en place au Tchad est devenue la préoccupation majeure des Tchadiens. Traumatisés par la cruauté du pouvoir, ils ne veulent plus s’enfermer dans un carcan aux perspectives incertaines. Dans l’absolu, les Tchadiens veulent que ce régime despotique tombe le plus vite possible afin d’abréger leur souffrance.
Le décryptage du paysage politique national laisse penser que la lutte contre la dictature d’Idriss Deby va entrer dans une nouvelle phase et prendra une autre forme avec l’opposition et la société civile qui n’entend pas s’y résigner. Pourtant, le régime fait recours à sa méthode favorite qui caractérise son pouvoir, à savoir la terreur par la répression massive dans le sang.
Cette méthode est associée aux instruments juridiques à sa dévotion. L’objectif visé est de briser et d’étouffer dans l’œuf la contestation. Si la résistance capitule, le régime gagnera mais pour peu qu’elle s’organise mieux, le régime s’effondra parce qu’il est aujourd’hui illégal et impopulaire, malgré le soutien des puissances étrangères qui considèrent Idriss Deby comme allié dans la lutte contre le terrorisme.