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Jonas MOULENDA

LE régime d’Ali Bongo pratique la répression sous une couverture juridique. Après les critiques acerbes des organisations de défense de droits de l’Homme, le pouvoir dictatorial a imaginé de fabriquer des dossiers et d’arrêter massivement des gens, en les présentant devant les tribunaux à ses ordres. *

Dans sa volonté de museler l’opposition, le régime d’Ali Bongo était allé jusqu’à instituer des tribunaux spéciaux, des juridictions d’exception, et promulgué des lois d’exception. Avec ces outils créés de toute pièce, le pouvoir entendait accentuer la répression. Mais mal lui en a pris ! Les magistrats qui contestaient le népotisme ayant entouré la nomination des responsables de ces entités ont tout fait pour dénoncer le caractère illégitime de celles-ci.

Faute d’avoir de nouveaux marteaux pour cogner sur les opposants, le pouvoir se contente donc des tribunaux habituels, transformés de facto en organismes spécialisés du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir. Ce sont ces juridictions, dirigées par des affairistes et d’autres cadres à la recherche du profit, qui se chargent de faire le sale boulot contre tous ceux qui contestent l’imposture d’Ali Bongo et son projet de monarchisation du Gabon.

Opposants et activistes sont régulièrement arrêtés et envoyés au mitard. Ils sont souvent détenus dans des conditions inhumaines. Contrairement à ce qu’instille le régime, le prisonnier politique n’est pas un privilégié. Sa situation n’est nullement enviable. Leurs cellules sont comme celles des autres détenus. La première impression que l’on a lorsqu’on est emprisonné, même si l’on est du tiers monde, c’est qu’on rentre au moyen-âge. Le pouvoir ne reconnaît pas la qualité de prisonnier politique ; pour les thuriféraires du régime, il n’y a que des criminels, tous les prisonniers sont de droit commun.

Pourtant, à l’intérieur des prisons, le pouvoir fait une discrimination entre les véritables criminels de droit commun, coupables de vols et de meurtres, et les prisonniers politiques soumis à un régime à part, une situation moins favorable. Ils sont isolés et n’ont pas le droit de communiquer, pas de droit à l’information. De grandes pressions sont exercées sur eux, y compris les sévices corporels qui sont courants, admis sans aucune possibilité de protester, ou de se plaindre à une quelconque autorité.

Le recours systématique à l’emprisonnement des expressions libres est également une anticipation sur l’inévitable retour de la combativité sociale et civique des Gabonais. Le retour de notre pays à l’ère des détenus d’opinion est le signe patent de la pratique de l’arbitraire sous le second mandat usurpé d’Ali Bongo. Les dégâts sur l’image pays vont à grande allure au moment où le Gabon est en train de passer de République en monarchie.