Mariano SILLY
RANGE ROVER de 50 millions de F CFA, villas huppées, voyages en première classe, sacs remplis de billets: la vie de Malika Bongo, fille aînée du dictateur gabonais, est un film. De Libreville à Paris, en passant par Los Angeles, Miami et Londres, elle vit comme une princesse.
Ses folies de grandeur sont souvent payées rubis sur ongle par la présidence de la République, donc avec l’argent du contribuable. Malika Bongo est en réalité celle qui tire le plus de profit de la présence de son père à la tête de l’Etat. Elle s’engraisse pendant que les quelque 1.800 000 habitants du Gabon croupissent dans une pauvreté endémique.
La fille aînée d’Ali Bongo détiendrait également des capitaux dans la plupart des sociétés de bâtiments et travaux publics installées dans le pays. Une boulimie de pouvoir couplée à une orgie consommatrice. Aussi dépensier que son père, elle a contribué à grever le budget de l’Etat, se nourrissant et se logeant aux frais de la présidence de la République.
Elle a commencé à mener une vie de princesse au lendemain de l’arrivée au pouvoir de son père. En 2010, Ali Bongo a demandé au Trésor public de décaisser une somme de 5 milliards de F CFA pour l’achat d’une villa située dans le quartier huppé de La Sablière à Libreville, jadis propriété de sa défunte sœur Albertine Amissa Bongo. La vendeuse n’était autre que sa mère Joséphine Kama. La villa, qui a plus de 3 hectares de jardin, était destinée à sa fille aînée, Malika Bongo.
Mais cette dernière a renoncé in extrémis à s’y installer. « Son père lui a dit qu’aucun homme ne pouvait accepter d’aller vivre avec une femme dans une si grande villa. Au lieu d’y habiter, elle y a plutôt installé le bureau de Miss Gabon », a expliqué une source proche de la famille. C’est plutôt la villa Sébé 2, du Français David Roux et de son épouse Florence, située en face de l’hôtel Onomo, à la Sablière, que Malika Bongo loue depuis 2012 au prix de 8 235 294 F CFA par mois. Les lieux loués consistent en une propriété immobilière à usage d’habitation. C’est la présidence de la République qui paie le loyer.
NUITEES DOREES. Partout où elle passe, Malika Bongo mène une vie de pacha, n’hésitant pas à loger dans les hôtels les plus chers. A Paris, elle a séjourné pendant dix-neuf jours au prestigieux Georges V. La facture s’est élevée à plus de 29 euros (20 millions de F CFA). Une somme payée par la présidence de la République gabonaise. Lors d’un séjour aux Etats-Unis d’Amérique, Malika Bongo a logé au luxueux Beverly Hill Hotel. La jeune femme a quitté l’établissement sous la pointe des pieds sans avoir réglé sa facture qui s’élevait à plus de 130 millions de F CFA.
Toute chose qui amené les responsables de l’hôtel à menacer de saisir les autorités américaines. « Si nous ne recevons pas de réponse, nous serons forcés de transmettre cette question au Département d’Etat américain et au Département de la Sécurité intérieure. Conformément au Règlement des États-Unis, l’entrée par votre client et votre groupe dans les territoires américains pourrait être restreinte jusqu’à ce que cette question soit satisfaite. Veuillez répondre dès que vous le pouvez », avait écrit un responsable de Beverly Hill Hotel à un collaborateur de Malika Bongo.
La fille aînée du dictateur ne donne pas vraiment une image de royale élégance. Sa garde-robe vient pourtant de chez Versace, Gucci et Dolce & Gabbana. Elle ne regarde pas à la dépense quand il s’agit de se gâter. Elle dépense jusqu’à 130 de F CFA pour des nuitées dorées dans les hôtels. Elle peut claquer jusqu’à 20 millions de F CFA dans les soirées arrosées entre amis. Quand elle rentre chez elle, généralement à l’arrière d’une Ranger Rover Evoque, acquise à 50 millions de F CFA, ses employés doivent lui faire des salamalecs.
Le despote gabonais a engendré un nombre indéterminé d’enfants avec de nombreuses femmes, mais c’est Malika, clairement son préférée, qu’il prépare à prendre le relai. Cette perspective est effrayante à la fois pour les citoyens gabonais qui souffrent depuis longtemps, et pour l’image du pays à l’étranger. Car, il s’agit d’une femme instable. Les mauvaises langues disent qu’elle n’hésite pas à avoir les yeux de Chimène pour les richissimes hommes d’affaires ou grandes stars qu’elle croise sur son chemin. Après le fils de Dossou Naki, Teodorin Obiang, Nguema, Samuel Eto’o Fils.
FRIC MAL ACQUIS. D’aucuns soupçonnent qu’une grande partie de ses actifs provient de la multiplication de ses relations amoureuses avec des richissimes hommes d’affaires. La fille d’Ali Bongo n’a pas seulement amassé une vaste fortune, elle en a canalisé la plus grande partie vers l’Occident. Elle utiliserait des sociétés écrans pour échapper aux lois contre le blanchiment d’argent et envoyer des centaines de millions dans des comptes en France et aux Etats-Unis.
Tout cet argent lui permet de s’offrir une vie de luxe et de débauche. Comme son père, elle passe son temps en voyage, toujours escortée par des agents de la GR payés par l’Etat. Rares sont ceux qui se souviennent l’avoir vue à l’œuvre même à Akanda où elle est maire adjointe. « Je ne l’ai jamais vu faire quoi que ce soit qui s’apparente à du travail. Elle passe ses journées entières à dormir, faire du shopping et faire la fête », se désole un officier de la Garde républicaine (GR) qui a requis l’anonymat, de peur de subir des représailles.
Malika Bongo, poudrée, semble belle dans ses tenues. Mais son visage se crispe dans un rictus de haine lorsqu’elle se défoule sur le personnel de la présidence de la République et sur ses domestiques. Elle devient laide, hideuse tant son égoïsme et sa folie la rongent. Entre deux voyages d’apparat, elle reste souvent cloîtrée dans son château quand elle ne va pas faire la baboune tombante chez son père. Ses caprices sont à la hauteur de son fric mal acquis.
Au demeurant, Malika Bongo donne des verges pour que la justice la fouette un jour. Combien d’hôpitaux ou d’écoles pouvait-on construire avec les sommes qu’elle a déjà dépensées à travers le monde ? Cet argent pouvait bien servir au développement de son pays où bien des personnes croupissent sous le poids de la misère.