Les victimes pourraient être des détenus exécutés en cellule.
Jonas MOULENDA
Le régime dictatorial d’Ali Bongo vient de commettre une nouvelle monstruosité. Selon nos informations, il aurait fait exécuter deux personnes non encore identifiées, arrêtées arbitrairement par sa police politique.
Pour dissimuler son double crime, la-t-on appris, le pouvoir a demandé à ses sbires d’enterrer en tapinois les corps des deux personnes. C’est au cimetière public du 1er Campement, dans la commune d’Akanda, au nord de Libreville, que les sbires du pouvoir ont décidé d’aller enterrer à la hâte les deux suppliciés.
D’après nos informations, les deux corps, enveloppés ont été embarqués à bord d’une ambulance des sapeurs pompiers et acheminés vers le cimetière du 1er Campement tard dans la nuit, au moment où les riverains dormaient déjà profondément.
L’ambulance des sapeurs pompiers était escortée par trois voitures de la police politique dont les Contre-ingérences(B2). Mais au moment où des lampistes terminaient de creuser la fosse commune destinée à recevoir les deux corps, trois jeunes qui rentraient d’une virée nocturne au carrefour Malibé ont surgi dans la pénombre.
Le 1er Campement, théatre de la tentative d’inhumation de deux victimes de l’exécution extra judiciaire.
Intrigués par la présence sur les lieux de tout un cortège, ils ont pris leur courage à deux mains. Ils ont ramassé des gourdins et se rapprochés à pas mesurés vers les inconnus, après avoir pris le soin de réveiller leurs voisins qui ne se doutaient pas de de qui se passait au dehors.
Les deux corps étaient emballés à l’aide de gros sachets noirs
Ce qu’ils ont ont vu était horrible: deux corps enveloppés à l’aide de gros plastics noirs, prêts à être jetés au fond d’une fosse commune. « Il était déjà 4h du matin. Nous avons fait du boucan. Nous nous sommes opposés à ce qu’ils enterrent les deux corps chez nous, » a expliqué un des auteurs de la scabreuse découverte.
Selon des témoignages concordants, la police politique aurait bénéficié de l’appui d’un boutiquier du coin, Lamine Mangassa. Cedernier aurait tenté de soudoyer et distraire les jeunes du quartier en leur proposant une somme de 10.000F CFA (15€) pour aller boire du vin, alors qu’ils veillaient au grain. Fort heureusement, les riverains ne se sont pas laissés faire. « Nous avons fait du boucan. Nous nous sommes opposés à ce qu’ils enterrent leurs cadavres suspects chez nous, » a expliqué un jeune de Malibé.
La gestapo a rebroussé chemin avec les deux corps pour aller les enterrer ailleurs
Devant la tension croissante et les risques de lynchage, la gestapo du régime en infériorité numérique a été contrainte de rebrousser chemin avec les deux corps pour aller les inhumer probablement ailleurs. Qui sont les deux victimes ? Pour quelles raisons auraient-elles été exécutées ? Les deux questions taraudent les esprits au 1er Campement, voire au-delà.
Après ce couac, le B2 est retourné sur les lieux pour sommer les riverains de rester motus et bouches cousues, menaçant de représailles tous ceux qui oseront se confier à la presse. « Des agents sont venus nous intimider. Ils nous ont dit de faire comme si on n’avait rien vu. Ils nous ont prévenu qu’ils ne feront pas de cadeau aux traîtres, » a renchéri un autre jeune du 1er Campement, qui a dit craindre pour sa vie.
L’inhumation des victimes d’exécution extra judiciaire à l’insu de la population est monnaie sous Ali Bongo.
L’enterrement des victimes des exécutions extra-judiciaires à l’insu de la population est une pratique usagée par le système répressif en place au Gabon. Cette ignominie est utilisée comme un moyen de dissuader le peuple déterminé à en découdre avec le régime de l’imposteur Ali Bongo.
L’ironie de l’histoire fait que les Gabonais ont déjà connu cette monstruosité pendant les violences post-électorales du 31 août 2016 et des jours suivants. Le tyran et les thuriféraires de son régime y ont eu recours pour dompter les jeunes déterminés à réclamer le verdict des urnes en faveur de l’opposant Jean Ping.
Sous Ali Bongo, n’importe qui peut disparaître à tout moment sans laisser des traces
Depuis l’arrivée au pouvoir n’importe quel individu peut sans prévenir disparaître de n’importe où et à n’importe quel moment. C’est ce qui s’est passé avec l’animateur Stempy Obame et des dizaines d’autres opposants dont on est sans nouvelles depuis un an déjà. Pour les familles, commence la descente dans les enfers d’une angoisse sans pareille.
La gestapo du régime se charge des enlèvements et des disparitions forcées.
Disparaître, c’est ni vivre ni mourir. Les proches du disparu connaissent ces passages d’une grande espérance à une grande désespérance. Ceux et celles qui vivent ces différents états savent combien c’est éprouvant sur le plan psychologique.
L’attente du père, fils, mari, frère, mais aussi de la mère, fille, épouse, sœur est extrêmement épuisante. Aucun travail de deuil ne peut se faire. Parallèlement, les familles ne ménagent pas leurs efforts à la recherche de leurs proches.
Elles visitent les commissariats, les casernes, les prisons, les tribunaux, les morgues, les cimetières. Elles s’adressent aux différentes institutions de l’Etat, mais elles restent désespérément muettes.