Matins d'Afrique

La faute finale !

L'arrestation programmée de Jean Ping pourrait entrainer une vague de violences à travers le pays.

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Le despote atteint par le syndrome irréversible de la fin du pouvoir remue ciel et terre pour rester sur des deux guibolles. C’est ainsi qu’il a décidé de faire arrêter son adversaire Jean Ping. Une décision qui sonne comme le chant du cygne, le peuple ayant déjà appuyé sur le bouton de la démocratie pour sonner l’heure de l’alternance politique.

Jonas MOULENDA

MEME si Ali Bongo compte sur l’armée pour conserver son pouvoir effrité, il lui faudrait redoubler de stratégies pour calmer le peuple révolté et amener ses irréductibles opposants à mettre de l’eau dans leur vin. Mais il n’y a pas de volonté politique nécessaire et suffisante ni de canal de communication fiable entre l’opposition et la société civile à juste titre intransigeantes face à un pouvoir assiégé, victime de ses turpitudes et de son propre bilan catastrophique.

Incapable de favoriser les démarches de bons offices en vue d’obtenir, auprès de ses adversaires, des gages d’une fenêtre de sortie pour sauver la face, Ali Bongo est sur le point de commettre la faute finale : l’arrestation de son adversaire Jean Ping, le vrai vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août 2016. C’est une décision lourde de conséquences. Car, elle pourra plonger le pays dans le cycle infernal de la violence.

Les Gabonais sont devenus appréhensifs envers le régime dictatorial d’Ali Bongo. Après le simulacre de dialogue convoqué par ce dernier, c’est l’heure de la confrontation entre détenteurs du pouvoir et citoyens assoiffés de libertés démocratiques. Les récents évènements ont révélé la détermination du peuple gabonais à aller jusqu’au bout de sa logique de libération du pays, malgré les obstacles.

Cette brusque prise de consciente est la résultante du travail abattu par les médias dans la démystification, la modération et la dissuasion d’un pouvoir qui jadis pouvait frapper sans jamais être inquiété. Aujourd’hui, les Gabonais sont mus par une nouvelle conscience citoyenne et ils ne laisseront pas que quelqu’un qu’ils ont choisi pour présider aux destinées de leur pays soit injustement jeté en prison. C’est sera la faute finale d’Ali Bongo !

VOLONTE POPULAIRE. Dans le contexte actuel d’un calme trompeur avant un ouragan politique où les récentes manifestations risquent d’être comme des secousses mineures précédant un séisme de plus grande envergure, l’apaisement susceptible d’être interprété comme une sorte d’impunité n’est pas une option ; la logique de la confrontation doit en définitive céder la place à d’autres alternatives de sortie de cette crise notamment des démarches de bons offices.

A moins que cela ne soit fait dans les coulisses, les sorties médiatiques et les propos belliqueux de certains hauts responsables du parti au pouvoir tels que Lambert Mathas, Alain-Claude Billie By Nze, Pacôme Moubeyi et tutti quanti ne rassurent pas. Ils engendrent une perception d’un pouvoir inflexible et incapable de contempler des démarches de bons offices en vue d’obtenir, y compris paradoxalement auprès de ses adversaires, des gages d’une fenêtre de sortie pour sauver la face mais sans aucune garantie d’impunité étant donné le caractère grave et imprescriptible de certains crimes déjà commis.

Aucun peuple au monde ne peut accepter ni endurer si longtemps une telle irresponsabilité criminalisée d’un tyran fusse-t-il imposé de l’extérieur. Aucun peuple ne peut accepter l’inacceptable qui le conduit, tour à tour, droit à un suicide collectif. Quand la nation est mise en péril par ses gouvernants, le peuple doit agir. La démocratie que l’on miroite aux Gabonais ne doit en aucun cas être sujet à une série de mascarades électorales qui enfoncent le pays et le peuple dans un creux sans fond.

Les Gabonais doivent désormais briser ce cercle vicieux dès maintenant et réunir leurs efforts pour faire respecter la volonté populaire. Les forces du changement doivent prendre leurs responsabilités en mains pour soutenir et faire aboutir adéquatement la volonté du peuple. Elles doivent constituer une alternative par le changement adéquat de la classe dirigeante, c’est-à-dire le renouvellement de la classe politique nationale tant exigé par les Gabonais en cette période très cruciale.

 

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