La République centrafricaine (RCA) est un pays pauvre d’Afrique centrale. Peuplé de 45 00 000 habitants, il est entouré par le Cameroun à l’ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du Sud à l’est, la République démocratique du Congo et la République du Congo au sud. Après l’indépendance, la RCA a eu à sa tête différents régimes dictatoriaux, notamment celui de Jean-Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. Depuis lors, il n’a jamais connu de stabilité, car miné par des coups d’état à répétition et un conflit religieux qui se transforme lentement mais sûrement en génocide.
Yves BRAILLARD
LA République centrafricaine (RCA) a organisé ses premières élections libres avec multipartisme en 1993. Elles ont porté au pouvoir Ange-Félix Patassé, mais ce dernier a été renversé en 2003 par François Bozizé.
Le putschiste, réélu en 2005 et 2010, a été, à son tour,en 2013 par la Seleka, une alliance de milices, pendant la deuxième guerre civile de Centrafrique. En 2016, Faustin-Archange Touadéra est élu président de la République.
Mais le pays s’enlise dans un conflit inter-ethnique interminable. La semaine dernière, des violences ethniques ont éclaté à Bangui, la capitale, faisant de nouvelles victimes. Cette escalade de la violence accroît la catastrophe humanitaire dans le pays. L’Organisation des Nations Unies (Onu) se dit préoccupée par la dégradation du climat sécuritaire en RCA.
Outre les populations centrafricaines, le personnel humanitaire paie également un lourd tribut de cette escalade de la violence dans le pays. Le 3 août dernier, six volontaires de la Croix-Rouge ont été tués. Un massacre intervenu après la mort de neuf Casques bleus en mission en RCA.
Depuis le mois de juillet, les combats entre groupes armés ont fait 45 morts dont 34 entre le 30 juillet et le 2 août. D’où la sonnette d’alarme tirée la semaine dernière par l’Onu qui redoute un génocide de grande ampleur.
TOURNURE INQUIETANTE. Les combats qui se déroulent en RCA ont provoqué l’exil massif des milliers de Centrafricains. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 450 000 personnes ont fui à l’étranger dont 6 885 au Cameroun voisin depuis la semaine du 10 juillet.
Les violences inter-ethniques ont pris une tournure inquiétante à partir de 2012 avec l’apparition de la Séléka, groupe armé du nord-est du pays à majorité musulmane. Après avoir occupé et pillé plusieurs villes du pays, les combattants de ce groupe ont renversé le président Bozizé en 2013 avant de prendre le pouvoir.
En réaction, les anti-bakala, un groupe dit d’autodéfense à majorité chrétienne, ont mis en place une traque des Séléka et de l’essentiel des musulmans jugés complices des crimes de ces derniers. Depuis lors, le conflit fratricide se mue en un véritable génocide. Plus de 3000 personnes ont été tuées entre décembre 2013 et octobre 2014 dans des combats entre ces groupes armés.
Le spectre d’un génocide de grande ampleur se dessine davantage en République centrafricaine. A Bangassou, dans le sud du pays, par exemple, 2 000 musulmans sont menacés d’extermination par des combattants chrétiens. Pour sauver leurs vies gravement menacées, ils ont trouvé refuge dans une église catholique, mais ils restent encerclés par leurs bourreaux.
musulmans et chrétiens s’entretuent à coups de machette en RCA. (Photo: DR)
