Les forces de défense ont usé de grenades lacrymogènes et de balles blanches pour disperser les manifestantes venues en soutien aux jeunes initiateurs d’une journée ville-morte.
Carelle EBINA
Les forces de sécurité et de défense gabonaises révèlent de plus en plus leur face hideuse : celle de la violence brute, de la barbarie inculte et de la tyrannie la plus abjecte.
Ce lundi, une unité de la gendarmerie nationale aux allures de gang s’en est prise violemment à un groupe de femmes qui organisaient une marche pacifique à Gamba, le chef-lieu du département de Ndougou, dans la province de l’Ogooué-Maritime (sud-ouest du Gabon).
Selon des témoignages concordants, les manifestantes s’étaient rassemblées pour apporter leur soutien aux jeunes de la localité, qui avaient appelé à une journée ville-morte, suite aux licenciements massifs et au chômage grandissant dans la localité.
Les femmes tout de blanc vêtues – tenue du Ndjembé, un rite ancestral de la région- ont subito vu l’unité de la gendarmerie descendre d’un camion et prendre position devant elles.
Plusieurs personnes ont été arrêtées à Gamba après la répression menée par la gendarmerie.
Sans sommation, ont rapporté plusieurs sources, les forces de défense se sont mises à lancer des grenades lacrymogènes en direction des manifestantes, qui entonnaient des chansons hautement symboliques, dénonçant la misère et le sous-développement devenus un lourd fardeau quotidien.
CHIENS DE GARDE. D’après nos sources, les projectiles auraient blessé quelques femmes. Certaines d’entre elles s’en seraient tirées avec des hématomes à la suite des exactions. « Les gendarmes ont agi comme des voyous. Les pauvres femmes n’avaient pas d’armes, mais les agents ont agi comme s’ils étaient en face des bandits puissamment armés », a indiqué un habitant de Gamba, joint au téléphone, précisant que plusieurs personnes ont été interpellées par la gendarmerie.
Dans une vidéo largement partagée sur Facebook et Whatsapp, on voit des gendarmes tirant des projectiles en direction des femmes. La vidéo, filmée par des passants, a aussitôt fait le tour du monde sur les réseaux sociaux, mais l’acte répréhensible des agents n’a pas été condamné par la hiérarchie, nonobstant le tollé qu’il a suscité.
Les femmes de Gamba malmenées par la gendarmerie
Au Gabon, les forces de sécurité et défense ont l’habitude d’agresser de paisibles citoyens sans que les auteurs des faits ne répondent de leurs actes devant la loi. Selon des témoignages concordants, le malaise s’est amplifié depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo en 2009.
Des agents sans vergogne s’en prennent systématiquement à ceux qui manifestent leur soif de liberté, de démocratie et du respect de la personne humaine ainsi qu’aux commerçants réfractaires au racket dont ils sont devenus des orfèvres en la matière.
C’est une véritable guerre qu’ils déclarent aux Gabonais. La gendarmerie et la police, transformées en gestapo du régime, ne connaît que la force brute. Détournées de leurs missions constitutionnelles par le pouvoir, elles sont désormais réduites chiens de garde, lancés à l’attaque du peuple plutôt qu’à la poursuite de vrais ennemis de la République, toujours plus nombreux et chaque jours plus agressifs.
