Matins d'Afrique

Gabon : un tueur en série candidat aux élections locales

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Alfred Edmond Nzengui Madoungou, alias V MAD, le barbouze de la présidence de la République, conduit la liste du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, à Mimongo, le chef-lieu du département de l’Ogoulou, dans la province de la Ngounié (sud du Gabon.) 

Jonas MOULENDA

LES élections législatives et locales jumelées dont la campagne s’est ouverte mardi sur l’ensemble du territoire gabonais n’ont pas fini de révéler leur lot de paradoxes et de curiosités.

Alors que d’aucuns attendaient un choix  rigoureux et sélectif des candidats, le Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, a plutôt servi aux Gabonais une variété indigeste et degueulatoire. On y trouve des repris de justice et des tireurs en série.

C’est le cas d’Alfred Edmond Nzengui Madoungou, alias V MAD, le tueur en série de la présidence de la République. Malgré sa mauvaise réputation qui a dépassé les frontières gabonaises, le PDG l’a choisi comme tête de liste dans sa ville natale de Mimongo, le chef-lieu du département de l’Ogoulou.

Le tueur en série aux côtés de son protecteur Ali Bongo.

Il cherche à devenir sénateur pour bénéficier de l’immunité parlementaire en cas de chute de son protecteur Ali Bongo

A la présidence de la République, il se susurre qu’Alfred Edmond Nzengui Madoungou a bénéficié de l’appui de Maixant Accrombessi, qui l’avait nommé conseiller d’Ali Bongo pour masquer son rôle macabre de serial killer du régime. De 2009 à ce jour, il aurait commis 452 assassinats avec prélèvement d’organes à l’instigation de Maixant Accrombessi et Ali Bongo.

C’est probablement pour devenir sénateur et bénéficier de l’immunité parlementaire que le tueur en série de la présidence de la République va à la pêche aux voix des populations de l’Ogoulou, comme en 2013. « Il a toujours le soutien du palais du Bord de mer. Il avait été mis à l’écart juste pour protéger l’image de la première institution du pays », déclaré un officier supérieur de la Garde républicaine (GR).

Son premier adversaire, ce sera les crimes rituels qu’il commet à Mimongo et dans le reste du pays.

Pourtant, l’avenir politique de ce monstre froid, connu pour son appétence pour le bling-bling, pourrait se jouer un jour dans la salle d’audience d’une cour criminelle. Tout est gargantuesque chez cet homme décrit comme non instruit. Il a le même plaisir prométhéen que les rois de jouer avec les humeurs de la foule comme s’il s’agissait des grandes orgues.

Le serial killer dansant de joie lors de son investiture par le parti au pouvoir.

Avec lui, Mimongo flambe de la démesure, de la peur et de l’horreur. Depuis son arrivée dans l’arène politique,estime-t-on, la localité est allée de Charybde en Scylla : crimes rituels, disparitions, massacres des Pygmées. Alfred Edmond Nzengui Madoungou, chef de bandits, homme d’affaires, politicien, est le fils de cette histoire tourmentée. Il a commencé ses basses besognes sous Omar Bongo.

Lorsqu’Ali Bongo a pris le pouvoir en 2009, il s’est précipité à aller lui proposer ses services. Il est devenu le prototype de l’entrepreneur profito-situationniste, un adossé à une base tribale, doublé d’un businessman, qui fonde un mouvement politique hypocrite pour défendre ses intérêts.

L’étoile et la réputation d’Alfred Edmond Nzengui Madoungou ont beaucoup pâti des accusations de crimes rituels, qu’il nie avec force, allant jusqu’à menacer de mort ceux qui osent en parler, notamment les journalistes et magistrats. Il a remué ciel et terre pour que ses quatre proches incarcérés à Mouila soient relâchés. Son premier adversaire ce sera les crimes économiques qu’il commet à Mimongo et dans le reste du pays. Les esprits de ses victimes hanteront sa campagne.

Une fillette de quatre ans zigouillée par le cartel de Nzengui Madoungou. 

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