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Gabon: un non-lieu toujours attendu dans l’affaire Opiangah

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En sus d’être viciée, l’action en justice engagée contre l’ancien membre du gouvernement n’a pas d’éléments pour nourrir une procédure pénale susceptible d’aboutir à un jugement de condamnation.

Jonas MOULENDA

L’AFFAIRE Hervé Patrick Opiangah, poursuivi pour inceste sur sa fille adoptive Elisabeth Mengue Opiangah, n’aura été qu’une baudruche qui s’est vite dégonflée. Il n’y a pas la moindre preuve pour que l’infraction soit constituée et pour que des poursuites pénales soient engagées contre l’ancien membre du gouvernement de la transition, traqué sans relâche par la justice depuis le 20 novembre 2024.

Lors de son audition à la Police judiciaire et au parquet de Libreville,  la victime supposée a réfuté toutes les accusations portées contre son père. « Elles sont infondées, montées de toutes pièces. Ces faits n’ont jamais existé, ni dans mon enfance, ni lorsque j’étais mineure, ni à l’âge adulte », a-elle déclaré, corroborant les propos de sa mère devant le parquet de Lambaréné, à la suite de la première plainte de  Roland Obame Biyoghe.

Ce dernier, après avoir découvert qu’il avait été manipulé par Landry Amiang, l’oncle de la supposée victime, a finalement retiré sa deuxième plainte. Mais ni sa rétractation ni les propos d’Elisabeth Mengue Opiangah n’ont amené le procureur Bruno Obiang Mvé à abandonner les poursuites judiciaires.

Elisabete Mengue Opiangah a réfuté toutes les accusations portées contre son père.

Après l’abdication de ce dernier, c’est elle-même Lucie Biloghe qui est montée sur le ring, après des conciliabules avec le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema. Elle est passée sur les chaînes de télévision TV+ Afrique et Gabon Télévisions pour accuser son ex-compagnon d’avoir une relation amoureuse avec leur fille. Or, lors de son audition lors de la première procédure à Lambaréné, elle avait réfuté toutes les accusations portées contre son ex-compagnon.

AVIS DE CLASSEMENT SANS SUITE OU ORDONNANCE DE NON-LIEU. Depuis lors, ce dernier se trouve livré en pâture aux détenteurs du pouvoir judiciaire et sans vergogne, qui cognent dur sur des citoyens dépourvus de paravent ou en rupture de ban avec le pouvoir.  Malgré l’absence de preuves et la rétractation de la supposée victime et de son père, le procureur maintient inexplicablement les poursuites judiciaires contre l’ancien ministres des Mines jusqu’à ce jour.

D’autres praticiens voient d’un mauvais œil cet acharnement sur une affaire qui, à la lumière des déclarations de la supposée victime et du principe fondamental de la présomption d’innocence, semble juridiquement non fondée.  Aussi, la mobilisation des forces de troisième catégorie a-t-elle crédibilisé la thèse d’un règlement de compte sous le manteau de la justice.

Outre l’attitude perfide du procureur de Libreville, l’absence d’action effective concernant la plainte déposée par Elisabeth Mengue Opiangah contre les principaux auteurs de cette diffamation convainc l’opinion du caractère politique de cette affaire. Une plainte avec constitution de partie civile, qui pourtant, jusqu’à ce jour, n’a produit aucun effet juridique. Un silence coupable du parquet qui ne fait que renforcer les doutes sur la transparence et l’indépendance de cette procédure.

En droit pénal, l’une des règles fondamentales est que sans victime, il ne peut y avoir d’infraction constituée. En clair, si la victime présumée affirme qu’aucune agression n’a eu lieu, il est impossible de poursuivre l’action judiciaire. C’est sur cette base qu’un avis de classement sans suite devrait être logiquement prononcé par le procureur de la République ou une ordonnance de non-lieu devrait être prise par le juge d’instruction.

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