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Gabon: Stempy Obame et Armel Mouendou gardés en captivité dans une résidence d’Opiangah

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Le tout puissant conseiller d’Ali Bongo aurait commandité l’enlèvement et la séquestration des deux hommes pour l’inobservation des consignes d’infiltration de l’opposition gabonaise.

Jonas MOULENDA

JOCELYN STEMPY OBAME, ARMEL MOUENDOU et ALAIN MBELLA, enlevés l’année dernière par une milice d’Ali Bongo, ne sont pas morts. D’après nos investigations, les deux premiers cités sont gardés en captivité dans une résidence d’Hervé-Patrick Opiangah, conseiller politique et bras droit du dictateur Ali BONGO. Ils auraient été vus en vie, le mois dernier.

Quant à Alain Mbella, il aurait été transféré à la prison centrale de Libreville, à cause de ses ennuis de santé. D’après nos informations, corroborées par deux officiers des services spéciaux, les trois hommes avaient été enlevés sur ordre d’Hervé-Patrick Opiagah, bras armé du régime de Libreville.

Alain Mbella (à gauche) aurait été transféré en tapinois à la prison centrale Libreville

Ils subissent un traitement dégradant dont des viols 

À en croire nos sources, Jocelyn Stempy Obame et Armel Mouendou subissent au quotidien un traitement dégradant depuis le début de leur captivité. « Ils sont enfermés dans une villa de M. Opiangah à la cité de la Démocratie. Ils y restent cloîtrés de jour comme de nuit. Ils ne mangent pas à leur faim. Ils ont maigri », a expliqué un officier des services spéciaux, avançant que les deux hommes sont régulièrement violés par leurs bourreaux.

À travers cette maltraitance, a expliqué la source, Hervé Patrick-Opiangah punit les deux otages. Quelques mois plutôt, a confié la même source, le tout puissant conseiller du despote gabonais avait approché Jocelyn Stempy Obame et ses amis pour leur proposer un deal. Celui-ci, a avancé la source, consistait à infiltrer l’opposition et à renseigner le pouvoir sur les faits et gestes de l’opposant Jean Ping et des autres leaders de la coalition.

La transaction conclue, Hervé-Patrick Opiangah aurait remis une importante somme d’argent à Stempy et ses amis. Mais après avoir pris congé de leur interlocuteur, l’ex-animateur de Gabon Télévision, Alain Mbella et Armel Mouendou auraient décidé de ne pas faire le sale boulot demandé par le conseiller d’Ali Bongo. Des mois ont passé et  ils n’ont pas fait le deal convenu.

Le véhicule à bord duquel Stempy a été vu pour la dernière fois.

Toute chose qui a commencé à exaspérer Opiangah, convaincu d’avoir été roulé dans la farine par ses interlocuteurs. Les jours suivants, la fatalité a voulu que leur chemin se rencontre de nouveau. Un slameur connu sous le pseudonyme de « Le Wize » est allé voir son manager Stempy, lui demandant de l’accompagner chez Opiangah, qui venait de réceptionner l’enveloppe que lui devait Ali Bongo pour ses prestations.

Hervé-Patrick Opiangah et son ami Ali Bongo sont responsables de l’enlèvement et de la séquestration des deux opposants. 

Quatre jours avant son enlèvement, Stempy s’était disputé avec Opiangah : il a signé son arrêt de mort

L’ex-animateur de Gabon Télévision a finalement accepté de l’accompagner chez Opiangah. A sa vue, le conseiller d’Ali Bongo a changé d’humeur. Ruminant la colère du deal non respecté, Hervé-Patrick Opiangah s’est mis à vitupérer les deux visiteurs. Jocelyn Stempy Obame, qui n’avait pas sa langue dans sa poche, a répliqué. Toute chose qui a amené la sécurité rapprochée de leur hôte à les éconduire.

Sans le savoir, Stempy venait de signer son arrêt de mort. Quatre jours plus tard, le tout puissant conseiller d’Ali Bongo a ordonné l’enlèvement de l’ex-animateur de Gabon Télévision et ses deux compagnons Armel Mbella et Armel Mouendou, lors d’un traquenard orchestré au PK11, dans la banlieue de Libreville, par une cohorte de miliciens encagoulés, armés jusqu’aux dents.

La milice du pouvoir à l’origine de plusieurs enlèvements.

D’après nos informateurs, l’un des cerveaux de l’enlèvement de Stempy est un proche de Liban Suleiman, connu sous le pseudonyme d’Offman. Il était assisté d’autres sbires du pouvoir parmi lesquels le nommé Justin Ntoutoume Ondong. « Ce dernier était le premier à demander à la petit-sœur de Stempy de rester tranquille, avançant qu’il subissait une correction », a rapporté une source familiale.

Dans un premier temps, l’ex-animateur de Gabon Télévision et ses compagnons ont été conduits au sous-sol du palais présidentiel puis au B2, avant d’être mis à la disposition d’Hervé-Patrick Opiangah, qui en a fait une affaire personnelle. « Leur enlèvement est un rappel à l’ordre brutal d’Hervé-Patrick Opiangah. Le pouvoir le sait, mais personne n’ose en parler de peur de subir des représailles », s’est désolé  un agent des services spéciaux.

Aujourd’hui, a confié un employé d’Hervé-Patrick Opiangah, seul son parrain politique René Ndemezo Obiang peut le convaincre de relâcher les deux opposants qu’il garde en captivité et le troisième transféré à la prison de Libreville. « C’est le seul homme qu’il écoute plus qu’ali Bongo. Ils ont des liens mystico-spirituels. Il ne lui refuse rien, » a avancé un officier supérieur de la Garde républicaine (GR).

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