Matins d'Afrique

Gabon : Schlumberger licencie des Gabonais pour embaucher des expatriés

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Cette sous-traitante argue de la crise économique pour faire la purge des nationaux qui lui coûteraient cher.

Marcel GOUMBI

La firme franco-américaine Schlumberger, sous-traitante de plusieurs sociétés opérant au Gabon dont Total, est en train de pratiquer une politique préjudiciable à la main d’œuvre gabonaise. Selon une source proche de l’entreprise, celle-ci serait sur le point de licencier une quarantaine de nationaux pour les remplacer par des expatriés.

D’après la source, la démarche de la sous-traitante pétrolière procède d’une volonté de faire des économies pendant cette période de crise, la main-d’œuvre étrangère étant rémunérée moins cher par les sociétés basées au Gabon. « Très souvent, elles embauchent des Béninois, des Togolais, des Maliens, des Sénégalais et des Nigérians qui ne savent pas discuter les salaires qui leur sont proposés », a expliqué la source, précisant que cette pratique perdure sur les sites pétroliers depuis plusieurs années déjà.

A en croire une autre source proche de la direction générale de Schlumberger, l’affaire a commencé en février 2016. Cette année-là, a-t-on appris, la firme a envoyé plusieurs dizaines d’agents en congé technique, arguant du manque d’activités pétrolières. Mais après la reprise des activités sur ses différents sites, la société franco-américaine n’a plus rappelé son personnel. « Notre employeur veut maintenant nous virer. Il a fait venir des expatriés pour travailler à notre place », a rapporté un agent, visiblement désemparé.

La direction générale de la firme américaine argue de la crise économique pour faire le dégraissage.

D’après nos informations, sur 46 gabonais sur un site à Port-Gentil, 40 sont exposés au licenciement. Ils sont actuellement en négociation avec la direction générale. Mais celle-ci n’a pas l’intention de revoir sa position, préférant proposer des départs négociés aux employés. Or, les conditions proposées à ces derniers ne semblent pas satisfaisantes. « Pour nous amener à accepter, le licenciement, Schlumberger nous parlent maintenant des départs négociés. Nous avons déjà été remplacés par des expatriés », a dénoncé un autre agent en chômage technique depuis deux ans.

PAUVRETE. Il se susurre que les départs négociés sont devenus des expédients communs utilisés par les entreprises pétrolières et forestières opérant à Port-Gentil et ses environs. A défaut de mettre la clé sous le paillasson, elles procèdent à un dégraissage. Le malaise s’est amplifié depuis 2016. Plusieurs centaines des Gabonais ont perdu leur emploi. Ce qui a fait augmenter de façon exponentielle les chiffres du chômage dans le pays. Le pire reste à craindre les mois à venir, l’embellie économique n’étant pas au rendez-vous.

Ayant initialement montré ses limites à cause de sa non-diversification, l’économie gabonaise fait face au ralentissement de la croissance, la baisse des amortisseurs fiscaux et externes et la dette publique rapidement haussière. Le programme triennal du FMI vise convenablement à adresser le grand déficit en matière de balance des paiements du Gabon et rétablir la solidité fiscale et externe.

Les Gabonais vivent à proximité des puits du pétrole et des gisements d’or, mais ils sont affamés. La pauvreté a élu domicile chez eux alors que le pays possède des minerais, du pétrole ainsi qu’une avifaune très riche. Ali Bongo et ses acolytes, eux, semblent totalement désintéressés par l’avenir du peuple.

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