Le dictateur gabonais est au plus mal. Il est devenu hypocondriaque, à la suite des révélations effrayantes faites par ses gourous, qui lui ont prédit le pire dans un avenir proche. Pour tenter de déjouer le mauvais sort, ils lui ont suggéré un rituel intégrant le sacrifice de plusieurs dizaines de dromadaires. C’est sur les plateaux Batéké, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est) que la cérémonie magique aura lieu cette nuit.
Jonas MOULENDA
Quand l’obscurité aura enveloppé le Gabon aujourd’hui, il se passera des choses terribles sur les plateaux Batéké, dans la province du Haut-Ogooué. Loin des flonflons de la ville, des chameaux venus du Niger donneront leur vie pour sauver celle du tyran Ali Bongo.
C’est dans une vallée de Souba, dans les contreforts du département de la Ndjouori-Agnili (Bongoville) qu’une cohorte de féticheurs ouest-africains et des maîtres spitiels gabonais du Ndjobi, a prévu un rituel magique intégrant le sacrifice de plusieurs dizaines de dromadaires importés.
Le dictateur gabonais, Ali Bongo, et une délégation restreinte sont arrivés vendredi à Franceville. Selon une source proche des services spéciaux de la présidence de la République, le despote assistera personnellement au rituel qui débutera dès le coucher du soleil. Tout se passera sous l’œil bienveillant de son gourou Maixent Accrombessi, de retour au Gabon depuis quelques jours.
D’après nos informations , les marabouts d’Ali Bongo lui ont fait des révélations effrayantes sur son avenir. Ils lui auraient prédit un danger imminent, allant de la perte du pouvoir à sa mort. Toute chose qui a mis le dictateur dans un état dépressif. Pour déjouer le mauvais sort, a expliqué la source, ses féticheurs lui ont suggéré un sacrifice de plusieurs dizaines de chameaux.
Le tyran gabonais, visiblement hypocondriaque et affaibli, a débloqué une importante somme d’argent pour l’achat des dromadaires. Ceux-ci ont été transportés à bord d’un cargot affrété par la présidence de la République gabonaise et qui s’est posé, mercredi, à l’aéroport international de Mvengué. Les animaux ont été immédiatement transportés vers un site excentré, situé en plein cœur des plateaux Batéké.
La présidence de la République aurait dépensé 850 millions de F CFA pour le rituel
La présidence de la République gabonaise aurait déboursé 850 millions de F CFA pour cette opération qui s’apparente à une nouvelle escroquerie orchestrée par les charlatans d’Ali Bongo. Ils profitent de l’appétence de ce dernier pour les pratiques fétichistes. Le despote déambule dans un inverse ésotérique depuis son arrivée au pouvoir en 2009.
Le despote déambule dans un univers ésotérique en quête de la puissance spirituelle.
En août dernier, a rappelé une source proche de la Garde républicaine (GR), il s’était rendu à Franceville pour s’initier au Ndjobi, un puissant rite traditionnel local dont son père adoptif, Omar Bongo, fut un membre influent. L’incorporation formelle d’Ali Bongo dans la société secrète avaiit été décidée et préparée par sa mère supposée, Josephine Nkama Dabany, arrivée mardi à Franceville pour la campagne de Malika Bongo et la préparation du rituel de ce soir.
L’initiatiation d’Ali Bongo au Ndjobi lui a-t-il été salutaire ? Rien n’est moins sûr. Des orfèvres en la matière avaient d’ailleurs douté de l’efficacité d’une initiation bâclée. Le maître spirituel le plus puissant du Ndjobi était un notable nommé Leman, du village Lengori et de l’éthnie Obamba, mort il y a deux décennies déjà. Le patriarche avait pour alter ego Fidèle Andjoua, frère aîné de feu le président Omar Bongo. Mais avant sa mort, il avait préféré laisser le socle du Ndjobi à son neveu Jean-Pierre Lemboumba Lepandou et à son petit-fils, Simon-Pierre Embinga.
Contrairement à ce qui est instillé dans les esprits, Fidèle Andjoua n’est pas le père du Ndjobi. Le fondateur de ce rite était plutôt le vieux Akwélé, un Obamba natif d’Otala, village situé à près de 50 kilomètres d’Okondja, le chef-lieu du département de la Sébé-Brikolo. Pour lui soutirer les attributs du Ndjobi, Omar Bongo avait mandaté son ami, Jérôme Okinda, pour sortir avec Marie Mbélé, l’unique fille du maître spirituel. Il l’avait ensuite nommée à la société des brasseries du Gabon (Sobraga).
Après avoir reçu les attributs, Omar Bongo, devenu président du Gabon en 1968, avait décidé de les remettre à un membre de sa famille. Il a jeté son dévolu sur son frère aîné Fidèle Andjoua, qui travaillait dans les mines à Moanda, le chef-lieu du département de la Leboumbi-Leyou pour en faire un maître spirituel du Ndjobi. « Il avait cru que les nominations au sein de ce rite se faisaient comme dans la politique. Or, la puissance est familiale. Du coup, Fidèle Andjoua n’a pas de puissance comme les dépositaires du pouvoir de ce rite », a expliqué une autre source.
Ali Bongo est en quête du pouvoir spirituel ayant permis à son prédécesseur de père adoptif de diriger longtemps le Gabon
Dans son ambition d’avoir de l’emprise sur Otala, qui était une grande puissance spirituelle, Omar Bongo avait créé un département baptisé Lekoni-Lekori auquel devrait être rattachée cette bourgade. Mais les Obamba avaient refusé que leur village soit phagocyté par les Tékés. Ils ont préféré se tourner vers Okondjo. Un cadre du village, Jean-Bosco Lemami, secrétaire général du ministère des Travaux publics dirigé à l’époque par Jean-Boniface Assélé, beau-frère d’Omar Bongo, fut accusé de collusion avec les Téké. Un acte de félonie qu’il paya de sa vie. Les Obamba n’ont jamais voulu vendre leur patrimoine du Ndjobi aux Téké.
Malheureusement, il ne tombent que sur des charlatans.
A en croire nos sources, une autre sommité spirituelle fut le vieux Leman, du village Lengori, décédé il y a plus deux décennies. Avant sa mort, il n’avait pas voulu léguer le socle du Ndjobi à son adjoint, Fidèle Andjoua. Il avait préféré les remettre à son petit-fils Simon-Pierre Embinga et à son neveu Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, aujourd’hui en rupture de ban avec la famille Bongo. Consciente de cette réalité, Joséphine Nkama Dabany a moult fois tenté de l’approcher pour le ramener dans les rangs du pouvoir. Mais l’ancien ministre des Finances d’Omar Bongo, qui vit à Paris, a opposé un refus catégorique.
Au demeurant, Ali Bongo est en quête du pouvoir spirituel pour tenir solidement les rênes du Gabon, comme l’a fait son prédécesseur de père adoptif quarante-deux ans durant. Malheureusement, il n’a ni l’étoffe ni les qualités d’un chef. Pis, les attributs des loges maçonniques importées ne l’aident pas à dompter les génies qui font intégrante de la vie des Gabonais.
