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L’ancien ministre de l’Intérieur d’Ali Bongo n’a que peu de chances de l’emporter devant le candidat du Rassemblement Héritage et Modernité (R&M), Issa Boussamba, qui jouit d’un soutien populaire franc dans le 1er siège du département de Ndolou (Mandji) où est engagé l’ex-membre du gouvernement.

Jonas MOULENDA 

Jean-François Ndongou, ministre délégué aux Finances, ministre délégué aux Affaires étrangères sous Omar Bongo, ministre de l’Intérieur d’Ali Bongo en 2009 et président du Conseil national de la Communication (CNC) sous Ali Bongo, pourrait ramasser un gadin aux élections législatives prévues le  6 octobre  pour le 1er tour et le 27 octobre prochain pour le second tour.

Depuis sa sortie du gouvernement, ce baroudeur de la politique gabonaise est, en effet, en rupture de ban avec la population de sa circonscription politique qu’est Mandji, le chef-lieu du département de Ndolou, dans la province de la Ngounié (sud du Gabon). Il avait déjà coupé tout contact avec la base, préférant s’offrir des vacances dorées en France.

La seule chose que Jean Ndongou sait faire c’est danser.

Si le Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, sait s’unir lors de grandes joutes électorales, il n’en demeure pas moins qu’une certaine lassitude est perceptible chez les militants de base. Ceux-ci disent ne pas avoir l’intention de voter pour le candidat investi par le parti, arguant de ne ne voir aucun changement apporté par cette formation politique à Mandji et dans le reste du pays.

La réputation de Jean-François Ndongou a beaucoup pâti des accusations de détournement des fonds 

Pis, estiment les Manois, Jean-François Ndongou a brillé par une vie épicurienne et un bilan négatif en dix-sept ans de règne politique sans partage dans le département de Ndolou.  » La seule chose qu’il savait faire lorsqu’il était ministre, c’était venir organiser des fêtes ici, » s’est souvenu un jeune de la localité, relevant que Jean-François Ndongou est désormais un homme du passé.

Au demeurant, le premier adversaire de l’ancien ministre de l’Intérieur Ali Bongo est d’abord son bilan négatif, auquel s’ajoute le détournement d’un montant de 1,3 milliard de F CFA débloqué à l’occasion des fêtes tournantes de 2003 pour des projets de développement du terroir. Un rapport de la Cour des comptes avait d’ailleurs mis en exergue cette malversation.

Issa Boussamba reste le favori des législatives à Mandji.

De fait, la réputation de Jean-François Ndongou a beaucoup pâti des accusations de détournement des fonds publics destinés au développent du coin. Les Manois, qui n’ont pas la mémoire courte, ont décidé de tourner résolument la page sombre écrite par l’ancien membre du gouvernement. Ce dernier participe à cette course électorale avec un handicap majeur. Il n’avait pas procédé aux inscriptions sur les listes électorales.

La candidate qui était attendue à la députation pour le compte du PDG est Maryse Isselmou, qui jouit d’une grande côte de popularité à Mandji. Mais elle a été écartée in extremis par les hiérarques du parti, au profit de Jean-François Ndongou, en quête d’un point de chute après son éviction du Conseil national de la Communication (CNC), devenu Haute autorité de la construction (HAC) . Maryse Isselmou a été envoyée à la liste PDG pour les élections locales.

Devant cette déconvenue de dernière minute, les Manois ont préféré se tourner vers Issa Biussamba, professeur de Français, investi par H&M. Ses chances de succès sont intactes. Il jouit d’une grande popularité auprès des jeunes qui représentent près de 70% de l’électorat. Plusieurs cadres aguerris aux combats politiques sont descendus sur le terrain pour lui prêter main-forte.

Joe-Fred Madouta, le directeur de campagne d’Issa Boussamba, en compagnie de Parfait Moumbangou, un grand harangueur de foule.

Il s’agit, entre autres, de son directeur de campagne, Joe-Fred Madouta, d’un harangueur de foule, Ice Parfait Moumbangou, d’un fin stratège, André Mangama et tutti quant. Tous ces jeunes jouissant d’une grande crédibilité dans le coin conjuguent leurs efforts pour le sacre d’Issa Biussamba, natif de Kanana, regroupement de villages situé à 9 km de Mandji.

Samedi prochain, le naufrage politique de Jean-François Ndolou est presque inévitable, malgré la fraude planifiée par le pouvoir. Partout où il passe, la poluation se montre peu réceptive à son discours politique  à la  tonalité du « déjà entendu. » À Lambaréné-Kili, le plus grand regroupement de villages, qui compte plus de  400 électeurs, les jeunes l’ont clairement désavoué à l’ouverture de la campagne électorale, lui reprochant de se servir du terroir rien que pour son élévation sociale et politique. Un mauvais signe, vraiment !