Matins d'Afrique

Gabon: opposition qui pleure, majorité qui rit

Partager l'article

Le premier tour des élections législatives aura été une catastrophe pour les candidats opposés au pouvoir en place.  Ceux investis par le Parti démocratique gabonais (PDG),  au pouvoir, ont triomphé sans ambages, malgré un taux d’abstention dépassant le pic de 35%. L’ambiance qui règne dans les états majors politiques des uns tranchent avec celle observée chez les autres. 

Jonas MOULENDA

Les candidats de l’opposition aux élections législatives et locales jumelées organisées samedi au Gabon sont au bord des larmes. Ils ont mordu la poussière face à leurs challengers investis par le Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir.

De fait, cette formation politique a mis le rouleau compresseur électoral en marche pour faire triompher la majorité de ses candidats dès le premier tour des élections legislatives. Ainsi, des cas de fraude massive ont été relevés un peu partout sur l’ensemble du territoire gabonais.

Arnaud Engandji, Justin Ndounangoye et Mathias Otounga ont triomphé avec plus de 80%.

Si les porte-flambeau du PDG, Mathias Otounga, Arnaud Engandji, Justin Ndounangoye (Haut-Ogooué), Guy-Bertrand Mapangou, Jean-François Ndongou, Léon Nzouba (Ngounié), Pastor Ngoua, Tony  Ondo Mba (Nord), Jean Massimo, Régis Immongault (Ogooué-Lolo) et tutti quanti ont triomphé sans ambages, tel n’est pas  forcément le cas pour d’autres porte-étendard du parti au pouvoir.

Outre un taux d’abstention de plus de 35%, certains candidats, tels que Jean-Fidèle Otandault, Gabriel Tchango (Ogooué-Maritime) y auraient recouru à une fraude massive et à l’achat de conscience pour ne pas passer sous le pont. Chez le premier cité, par exemple, des activistes ont filmé des transactions mafieuses d’achat de cartes d’électeurs et l’insertion des données frauduleuses dans des ordinateurs installés dans son quartier général à Port-Gentil.

Le pouvoir assuré d’obtenir une majorité mécanique 

Au demeurant, le pouvoir n’a pas organisé ces élections jumelées pour les perdre. Les opposants qui y ont participé l’ont appris à leurs dépens. Alexandre Barro Chambrier, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, Léon Paul Ngoulakia ont mordu la poussière respectivement à Libreville, Akanda et Akiéni. Tout comme Guy Nzouba Ndama à Koula-Moutou.

L’ancien président de l’Assemblée nationale a commis une erreur de casting. Il s’est présenté à Koula-Moutou face à Jean Massima et non dans son traditionnel siège de la Lolo-Wagna. Or, le candidat PDG qu’il a affronté est présenté comme un bâtisseur dans le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Lolo, qu’il a transformé en cité futuriste lorsqu’il était encore trésorier-payeur général.

Jean Massima a fait mordre la poussière à Guy Nzouba Ndama.

La deuxième erreur d’appréciation de Guy Nzouba Ndama est liée au choix du terrain. Koula-Moutou est, en effet, une ville de l’ethnie Nzébi. Le vote étant encore ethnique au Gabon, cette communauté ethnique était plus disposée à voter pour un de ses membres et que pour le président des démocrates, issu, lui, de la minorité Pouvi, plus présente dans son fief politique de la Lolo-Wagna  qu’il a quitté pour des raisons de représentativité.

Les thuriféraires du régime en place jubilent et daubent les opposants qui se sont lancés dans cette aventure digne d’un suicide politique, déconseillée par Jean Ping et la majorité du peuple gabonais. Sur les réseaux sociaux, la  débâcle des opposants défraie la chronique. Les activistes proches de l’opposition s’en moquent, tandis que le pouvoir en place rit à belles dents, rassuré d’obtenir une majorité mécanique.

Les partisans du pouvoir jubilent.

 

Quitter la version mobile