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Conseiller du tyran depuis 2009, ce fils de Mounana, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est), est sans conteste l’un des hommes les plus craints du régime en place. Rares sont ceux qui l’ont défié et qui y ont survécu. Dans sa ville natale, tout comme à Libreville, il règne en maître absolu, n’hésitant pas à régler des comptes à ceux qui ne sont pas en odeur de sainteté avec lui.

Jonas MOULENDA 

HERVE –PATRICK OPIANGAH est l’homme à tout faire du régime criminel d’Ali Bongo. C’est lui qui planifie et organise la traque, les arrestations et la neutralisation des opposants et des associations de droits de l’homme au Gabon. Il est au-dessus du parquet de la République, donc de la loi.

C’est lui qui dicte aux magistrats la sentence à prononcer contre les opposants.
Vif, jovial, travailleur, intuitif, sa discrétion n’a d’égale que sa fidélité sans faille et inconditionnelle envers Ali Bongo qui l’utilise pour toutes sortes de missions, y compris lorsqu’il s’agit de prendre langue avec les leaders de l’opposition. Il n’a qu’un seul et unique chef : le tyran. Il est sans conteste, au-dessus des Premiers Ministres qui se succèdent à la tête du gouvernement du despote.

Ce personnage sulfureux est au centre de tout au Gabon. A Moanda, dans la province du Haut-Ogooué, rien se fait sans lui. Il chasserait les entreprises appartenant à des particuliers pour faire le lit à ses prestataires de service avec Eramet. Or, la charte éthique de cette société interdit toute prestation avec des sociétés dont les promoteurs sont des officiels gabonais. Profitant de ses rouages dans les cercles étatiques, Hervé Patrick Opiangah veut contrôler les levers de l’économie gabonaise.

Manifestement, il bénéficie du blanc-seing de son chef Ali Bongo dont il est plus proche qu’aucun autre collaborateur. Il contrôle même son code vestimentaire, l’aide à porter ses vestes et coupe un fil qui pend. « Ils ont une grande complicité depuis des décennies. Ils font beaucoup de choses ensemble depuis l’époque d’Omar Bongo. S’ils étaient au village, on dirait qu’ils font de la sorcellerie ensemble », commente un autre collaborateur du dictateur gabonais.

C’est lui qui organisa pendant la nuit du 31 août 2016, le bombardement, par la Garde républicaine (GR), du quartier général (QG) de l’opposant Jean Ping, au soir de la débâcle de son alter ego à l’élection présidentielle. Il y a eu des centaines de morts. A ce jour, aucune enquête sérieuse n’a été diligentée, face à ce crime contre l’humanité, la justice étant à ses ordres.

AGENDA EXISTENTIEL. Depuis 2009, Opiangah contrôle de main de maitre le peuple gabonais. Pour faire taire la population, il n’hésite pas à organiser de rafles de jeunes hommes dans de quartiers sous-intégrés de Libreville. Il harcèle en permanence les associations de défense des droits humains établies au Gabon. Les jeunes activistes, sont mis, sans jugement, de fois pendant des semaines, aux cachots de la Direction générale de recherche (DG) et de la Contre-ingérence, deux polices politiques du régime.

Il est l’instigateur, l’organisateur et le planificateur de la répression des manifestations de l’opposition. Il se charge souvent de recruter de bandits et de les infiltrer dans l’opposition pour semer des troubles et jeter l’opprobre sur les adversaires politiques de son mentor. D’autres sicaires du régime disent que c’est lui qui avait envoyé de pyromanes incendier le siège de l’Assemblée nationale pour avoir un prétexte de bombarder le QG de Jean Ping le 31 août 2016.

C’est cet homme devenu riche ex nihilo qui est à la manette depuis 2009 pour permettre à son chef de diriger le Gabon par défi et sans légitimité. Pense-t-il au retour de la manivelle un jour ? Rien n’est moins sûr. Cet arriviste caracole dans l’excès de zèle, faisant de la persécution son agenda existentiel. Des proches de sa famille disent qu’il n’écoute plus personne, oubliant que le pouvoir qui le protège aujourd’hui finira par s’écrouler comme un château de cartes.