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Cela fait plus de 50 ans que la même famille préside aux destinées du pays. De la dictature pure et dure avec l’imposition de la pensée unique, en passant par la dictature modérée des éléments incontrôlés dans les années 90 à la néo dictature du fils depuis le hold-up électoral de 2009, les Gabonais sont pressés et assujettis.

Jonas MOULENDA 

LE pouvoir clanique a affamé les populations de neuf provinces du Gabon pour arriver à ses fins, celle de se maintenir. Beaucoup avaient cru que l’arrivée du fils pourrait changer, un tant soit peu, les données et que les Gabonais qui pataugent de misère dans un pays pourtant immensément riche mangeraient à leur faim. Mais il n’en est rien jusque-là.

Ali Bongo a d’autres chats à fouetter que s’occuper de l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens. En sept ans, il a battu tous les records dans la mauvaise gestion de l’Etat. En sus de celle-ci, il fait l’apologie de la torture et s’immisce dans les affaires judiciaires.

1. Association des mafieux

Le régime qui régente le Gabon depuis 2009 se repose essentiellement sur la force d’une armée clanique où tous les officiers et sous-officiers influents sont des vaguemestres du président. Il gouverne le pays comme bon lui semble, foulant au pied les droits les plus élémentaires des citoyens.

Le gouvernement, sans cesse remanié, est un véritable club de voyous.

Chaque jour, il dévoile à la face du monde ses talents de dictateur des temps modernes. Il a fait du Gabon un état policier. Il s’est octroyé toutes les prérogatives. Il est le président du Conseil d’administration du Plan stratégique Gabon émergent, qui n’est en réalité qu’une association des mafieux. Or, sa fonction de président de la République est incompatible avec une autre fonction.

De plus, Ali Bongo a rattaché la Police judiciaire (PJ) à la présidence de la République depuis 2011 et donné à cette entité le droit d’administrer les pires traitements inhumains et dégradants aux citoyens. Les tortionnaires patentés se livrent à cœur joie à cette basse besogne. Leurs cibles privilégiées sont les opposants, les activistes, les journalistes indépendants, et les acteurs de la société civile libre.

2.Entrave à la justice

Ali Bongo fourre son nez dans le fonctionnement de la Justice, violant le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs. Les membres de son clan qui ont une mainmise sur la chancellerie, et lui sont omniprésents dans toutes les affaires de la République. Ils se saisissent du moindre dossier qui arrive devant la Justice. L’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat dont fut accusé le Général Ntumpa Lebani et plusieurs officiers de l’armée a été gérée depuis les bureaux feutrés de la présidence de la République.

Tout comme les dossiers des crimes économiques ou des assassinats avec prélèvement d’organes impliquant son sulfureux conseiller, Alfred Edmond Nziengui, et d’autres limiers du régime. C’est lui qui donne souvent des instructions aux magistrats pour qu’ils relâchent les présumés auteurs de ces crimes effroyables qui jettent l’opprobre sur le Gabon. Autant d’exemples qui démontrent que ce despote ne veut pas laisser la Justice faire librement son travail.

3. L’hostilité de l’homme à l’avancée démocratique

La nuisance de la dictature du père en fils est encore plus avérée lorsqu’il s’agit des questions de démocratie. Il a tenté d’instaurer des lois taillées sur mesures, telle que celle condamnant les auteurs de la contestation des origines de leurs gouvernants. Ce texte visait à faire la part belle à son ami Accrombessi et lui, qui ont des origines étrangères.

Son gourou Maixant Accrombessi pour qui il a fait voter une loi complaisante.

Tenant à mourir au pouvoir, comme son prédécesseur de père adoptif, Ali Bongo s’est toujours montré réfractaire à toute réforme substantielle de la Constitution du pays en vue de la limitation du mandat présentiel et du retour de l’élection présidentielle à deux tours. Or, les Gabonais tiennent seulement à ces deux choses essentielles dans un contexte démocratique. Le fils adoptif du dictateur verse dans l’oppression du peuple avec la répression bestiale et barbare.

4. Le clientélisme érigé en mode de gestion

Trouver du travail depuis 2009 au Gabon doit obéir à des principes d’Ali Bongo et de son entourage immédiat. L’avenir des Gabonais est sacrifié sur l’autel de la conservation du pouvoir. Il met celui qu’il veut à la place qu’il veut, en faisant fi de la compétence. L’Etat ne respecte plus les principes d’égalité des chances. Pour réussir quelque chose au Gabon, il faut appartenir aux réseaux maçonniques et d’homosexuels qui ont des ramifications autour du Président de la République.

Ce qui fait que bon nombre de jeunes qui sortent des universités du Gabon et de l’étranger chaque année sont livrés à eux-mêmes. Ils n’ont d’autres choix que de baisser la culotte ou la jupe s’ils tiennent à trouver un emploi aussi bien dans l’administration publique que dans le privé. Au même moment, Ali Bongo et sa galaxie font la promotion de la médiocrité en plaçant des pignoufs à des postes de responsabilité. Dans le lot de torchons sales et de serviettes propres, d’aucuns cumulent des fonctions alors que le chômage des jeunes a atteint des proportions inquiétantes dans le pays.

5. Le déficit des femmes dans la gestion de l’Etat

C’est un secret de polichinelle: le Gabon est devenu un pays politiquement misogyne depuis qu’il est dirigé par des gais. Le nombre de femmes promues à des postes de responsabilité dans l’administration publique reste très faible. Les femmes se sentent si phagocytées par les hommes qu’aucune d’elles n’a osé se présenter à l’élection présidentielle de cette année. De fait, on assiste à un amenuisement des acquis menant vers l’égalité des chances entre l’homme et la femme. La prépondérance des hommes dans la gestion des affaires de l’Etat inquiète les observateurs. D’aucuns ont fini par surnommer la nouvelle classe de cadres de « génération couches câlines. »

Le pilotage à vue est le mode de gestion du Gabon sous Ali Bongo. Le pays est à genou et chacun est en train de faire ce qui lui plait, les nouveaux riches surtout. Ce sont autant de raisons qui amènent les Gabonais à militer pour la chute d’un président qui n’a pas su écouter son peuple et régler les problèmes les plus élémentaires depuis dix ans.

6. L’ AVC dont il a été victime l’a réduit en épave politique 

Ali Bongo n’est plus qu’une épave politique, après son AVC.

C’est un secret de Polichinelle : l’accident vasculaire cérébral qui a frappé Ali Bongo le 24 octobre 2018 en Arabie Saoudite a considérablement altéré les facultés cognitives du tyran. Aujourd’hui,  il n’est plus qu’une carcasse politique et une mascotte que son clan mafieux traîne partout pour préserver leurs privilèges.

Il n’est plus en possession de toutes ses facultés pour tenir les manettes du pays. S’il n’a pas pu diriger le Gabon pendant qu’il était bien portant, ce n’est pas devenu valetudinaire qu’il pourra le faire. Comme à son habitude,  il deleguera les pouvoirs à une escouade de blancs-becs qui profiteront de son état de santé pour piller le Gabon. Pour toutes ces raisons, il doit être déchargé de lourdes responsabilités qu’il assume. S’il s’y oppose, le peuple doit l’y contraindre.