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Le dictateur gabonais est un homme atypique. C’est un personnage qui mérite d’être étudié dans les écoles de sciences politiques.  La mythomanie et l’illusionnisme sont un mode de fonctionnement permanent chez cet usurpateur. Tous ses projets annoncés à grands coups de cymbale ne se réalisent que dans sa tête.

Jonas MOULENDA

IL est président des maquettes.Depuis qu’il a accédé accidentellement à la magistrature suprême, en 2009, Ali Bongo n’a pas réalisé un seul de ses chantiers annoncés à grand renfort de publicités. Du coup, les Gabonais le considèrent désormais comme un menteur pathologique et n’attendent plus rien de lui.

 Ali Bongo a, en effet,  le mensonge en première langue vivante. Ce n’est ni une facétie, pas plus qu’une erreur, c’est une première langue maternée, celle qui a été inculquée à  ce fourbe dès son jeune âge, de sorte qu’elle devient dans sa bouche, une vérité fondamentale.

 Ali Bongo joue avec les mots et manipule les raisonnements pour tenter de persuader ses interlocuteurs de son contrôle du pays. La maitrise de la parole, contraire à la vérité, prime aujourd’hui sur la perception de la réalité sur le terrain.

La simple évocation de ses nombreux projets suffit à énerver ses concitoyens, tant ils semblent désabusés aujourd’hui. Le Gabon émergent n’est qu’un grand bluff et un miroir aux alouettes. Tous les chantiers annoncés par l’agence nationale de grands travaux n’auront été qu’une voie d’échappement des fonds.

1.Le 17 décembre 2017, alors qu’il assistait à l’inauguration du nouvel aéroport de Dakar, au Sénégal, Ali Bongo a annoncé la construction d’une infrastructure similaire du côté d’Andem, près de Libreville. Les travaux d’études du terrain ont été financés à hauteur d’un milliard de F cfa mais le fameux aéroport demeure un serpent de mer.

A Dakar, il avait annoncé la construction d’un nouvel aéroport international près de Libreville.

2-Lors du fameux New York Forum Africa, le despote avait annoncé la création d’une nouvelle compagnie nationale aérienne au Gabon pour remplacer Air Gabon, tuée par sa sœur Pascaline Bongo et lui. Depuis lors, le pays n’a toujours pas une compagnie nationale aérienne.

3-Le squatter du palais présidentiel avait annoncé que tous les établissements scolaires du Gabon seraient pourvus des barrières et qu’il en ferait construire d’autres. Pourtant, il n’en est rien jusque-là. Les vandales et les animaux errants  continuent à s’y introduire comme dans un moulin.

4-Ali Bongo avait annoncé la construction de 5 000 logements chaque année. Seuls 700 bivouacs ont été érigés sur un terrain lacustre par des Turcs à Angondjé, au nord de Libreville. Les milliards débloqués par l’État gabonais pour la réalisation de ce projet ont été détournés par le Somalien Liban Soleiman.

5- Le tyran avait annoncé qu’il y aurait une université à Oyem, Booué, Mouila et Port-Gentil.  Il a même procédé à la pose de la première pierre dans chacune de ces localités. Malheureusement,  aucune université n’est sortie de terre. Les étudiants sont contraints à être entassés à l’université Omar Bongo (uob) et à l’université des sciences et techniques de Masuku (USTM).

6- Ali Bongo avait annoncé que  Dubaï serait érigé en miniature au Port-Môle (la Baie des rois.) Le terrain fut un temps barricadé.  Mieux, une grande montagne de sable et une maquette géante semblaient annoncer l’imminence des travaux. Pourtant, aucun bâtiment n’est sorti de terre.

La fameuse Baie des Rois n’a pas vu le jour.

7-L’usurpateur avait juré la main sur le cœur qu’il ferait du Gabon un pays  émergent à l’horizon 2025. A moins de quatre ans avant cette échéance, même Libreville, la capitale demeure un campement urbain. Le pays ne dispose pas des fondamentaux d’une telle révolution économique.

8-Le dictateur en décri avait aussi annoncé que les services de l’État gabonais ne seraient plus locataires dans les immeubles des particuliers. Aussi curieux que cela puisse paraître, les différentes administrations publiques continuent de louer les immeubles des membres du clan Bongo.

9-Le grand malade de la Sablière avait annoncé la construction du plus grand marché du Gabon. A ce jour, les commerçants continuent de s’entasser à Mont-Bouët dont les principaux standes appartiennent à sa mère adoptive, Joséphine Kama Dabany.

10-Lors de sa tournée républicaine en octobre 2011, Ali Bongo avait annoncé la construction des barrages hydroélectriques de l’impératrice à Fougamou pour alimenter tout le sud du pays. Il a oublié d’aller procéder au lancement des travaux. A ce jour, les  différentes villes du sud du Gabon utilisent des groupes électrogènes pour s’éclairer.

11-Le présent de la République des maquettes avait annoncé la construction de la route nationale (RN1) en deux fois deux voies, en partant du PK 0.  Ce projet ne s’est réalisé que dans sa tête. Les automobilistes continuent d’utiliser une route nationale dégradée et d’une exigüité favorisant les collisions.

12-Ali Bongo avait annoncé qu’il céderait sa part d’héritage à la jeunesse gabonaise. Depuis lors, les ayants droit n’ont bénéficié de rien. Même la somptueuse résidence laissée par Omar Bongo aux Charbonnages et qu’il a promis transformer en école de la musique ou en université  est devenu le logement de son fils adoptif Nourredin Bongo.

13- L’apprenti monarque avait annoncé la construction d’une route Yombi -Omboué, via Mandji, pour faire la jonction avec celle reliant le chef-lieu du département d’Étimbwé à Port-Gentil. Depuis lors, aucun chantier n’a commencé sur le terrain.

14- Ali Bongo avait annoncé la création de plus de 6 000 emplois des jeunes pour tenter de résorber le chômage. Celui-ci va plutôt crescendo. Il a dépassé le pic de 37%. Les sociétés pourvoyeuses d’emplois mettent la clé sous le paillasson, les unes après les autres.

15-L’imposteur qui confisque le pouvoir avait annoncé la construction d’une ligne de métro, Métrolib, reliant Akanda, Libreville, Owendo et la Pointe-Denis. Ce projet n’était qu’une déclaration de bonne intention. Rien n’a été réalisé dans ce sens. Les Gabonais ne voient le métro qu’à l’étranger ou à la télévision.

Le projet Métrolib.

La non-réalisation de tous ces projets amène inévitablement les observateurs avertis à se demander si Ali Bongo aura le courage de se porter candidat en 2023, promettant réaliser de grands chantiers. Et c’est là que pour justifier une nouvelle candidature l’imposteur peut à tout moment se lézarder, parfois jusqu’au mensonge.

À l’entendre, le blocage du pays est provoqué par l’opposition et non par son incompétence. La faute, c’est toujours les autres, quoi. Il concède tout au plus  un compagnonnage avec des personnes dépourvus de patriotisme mais soutient, contre l’avis d’une majorité de Gabonais, que sa gestion des ressources financières du pays est conforme aux règles de l’orthodoxie financière. Ignorance ou mauvais foi ?