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Les fournisseurs du kérosène que sont Total, Oil Libya et Engen ont refusé d’en livrer aux forces de sécurité et de défense à cause d’une lourde dette de l’État gabonais.

Jonas MOULENDA 

On en sait un peu plus sur l’air patibulaire et l’attitude grognonne affichés, vendredi dernier, par  le dictateur Ali Bongo tout au long du défilé marquant le 58è anniversaire de l’accession du Gabon à l’indépendance du pays.

Le despote a fait la baboune tombante tout au long du défilé

Selon une source proche des forces armées gabonaises (FAG), le despote gabonais aurait été mis en courroux par un impondérable de dernière minute. Ses collaborateurs l’ont informé que, fors son avion de commandement,  les autres appareils militaires ne pouvaient pas faire la traditionnelle parade, faute de carburant.

Les fournisseurs du kérosène, à savoir Total, Oil Libya et Engen – qui sont des sociétés privées – ont opposé un refus catégorique devant la demande pressante du ministère de la Défense nationale. Les trois opérateurs auraient motivé leur refus par une lourde dette de l’État gabonais vis-à-vis d’eux.

Le despote s’est contenté du défilé militaire pédestre.

 » Il y a eu des interventions au sommet de l’Etat pour que ces sociétés livrent du carburant à l’armée mais elles sont restées fermes sur leur position,  » a expliqué un haut gradé de l’armée, précisant que l’État doit plusieurs centaines de millions de F CFA à ses fournisseurs.

Dans un premier temps, a relevé la source, les collaborateurs d’Ali Bongo ont pensé que les fournisseurs de carburant infléchiraient sur leur position. Mais c’était sans compter sur leur fermeté. « Quand ils se sont rendus compte que les partenaires ne pouvaient pas accéder à leur requête, ils ont informé le grand chef (Ali Bongo, ndlr) . Mais il était déjà trop tard,  » a renchéri la source.

Les avions militaires du Gabon sont en panne sèche

Ali Bongo, visiblement contrarié, a fait la baboune tombante à la tribune officielle. Lui qui a dépensé 45 milliards de F CFA en 2017 pour suréquiper l’armée était déçu d’avoir manqué l’occasion de faire la démonstration de la puissance militaire du Gabon.  » Il est très en colère contre ses collaborateurs. Il a vécu, cet incident de dernière minute comme un complot visant à le déstabiliser moralement,  » a avancé une collaboratrice du despote.

En fait, l’État gabonais est devenu un mauvais payeur depuis l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir en 2009. Plusieurs sociétés ont été obligées de revoir les contrats signés avec le gouvernement, à cause du non-respect des engagements par les autorités gabonaises. Les dernières à avoir pris leurs distances avec l’État sont donc Total, Oil Libya et Engen.