Le patriarche, originaire du Niger, s’est éteint lundi après-midi à Mandji, le chef-lieu du département de Ndolou, dans la province de la Ngounié ( sud) où il s’est établi avant les indépendances africaines.
Jonas MOULENDA
C’est un grand témoin de l’histoire gabonaise qui s’en est allé. Malam Djibo Djibril, plus connu sous le pseudonyme de « Papa Malla », s‘est éteint lundi à Mandji, le chef-lieu du département de Ndolou, dans la province de la Ngounié (sud du Gabon.)
Il est mort à l’âge de 107 ans. Originaire de la région de Dosso (sud-ouest du Niger), il s’est installé au Gabon au avant même les indépendances africaines. C’est dans la province de la Ngounié qu’il a déposé ses bagages, après avoir découvert le pays.
Il a jeté son dévolu sur Kanana, regroupement de villages situé à 9 km de Mandji. Très vite, il s’est attaché à la localité et ses habitants, implantant un commerce pour alimenter les villageois, afin de leur éviter des déplacements vers le chef-lieu du département qu’est Mandji.
Chemin faisant, il fit la connaissance d’une ravissante jeune femme, Andréa Moutoula, fille du chef de terre Mabouga, qui devint son épouse. Il fonda une famille heureuse et épanouie avec jeune femme qui se convertit en islam et prit le prénom de Fatoumata.
REVENANTS CHAHUTEURS. De leur union sont nés trois garçons, Djibril, Issa et Hamidou. La naissance de ces trois enfants a renforcé leur idylle et l’attachement de Malam Djibo au pays Gisir. Alors, plus rien pouvait le rebuter sur ces terres lointaines, pas mêmes les revenants chahuteurs du cimetière de Yanzara ( ne piétine pas), qui donnaient le tournis aux passants.
Une nuit, se souvient-on à Mandji, Djibril tentait de regagner son village d’accueil de Kanana au volant de son véhicule de marque Peugeot de type 404. Arrivé à hauteur du tristement célèbre cimetière de Yanzara, le moteur de son véhicule s’arrêta brusquement.
Le conducteur se dépatouilla à le redémarrer. Sans succès. De mystérieuses voix fusant du cimetière le contraignirent à abandonner sa voiture sur les lieux et à rentrer chez lui à pied, après avoir signalé l’incident aux notables du village voisin de Pimba dont le patriarche Pierre Moulenda qui avait une maison au sommet d’une colline.
Le lendemain, de retour sur le théâtre de la mystérieuse panne, le véhicule démarra sans au quart de tour. Sans intervention d’un mécanicien ou une quelconque réparation. Sacré revenants ! Ils voulaient juste immobiliser, un tant soit peu, le véhicule de papa Malla, comme pour le soumettre à un contrôle ou lui rappeler leur existence en ce lieu sacré.
Pourtant, ce mystère n’a pas déteint sur son amour pour le pays Gisir. Il y est resté même après la mort tragique de son épouse Fatoumata. Esseulé, il a consacré son temps élever dignement ses enfants. Au plus fort de la déprime, maîtresse à laquelle un homme ne résiste pas, Djibril allait passer du temps à Yombi, regroupement de villages situé à 20 km de Fougamou, le chef-lieu du département de Tsamba-Magotsi.
Affaibli par l’âge, le vieux Malla est retourné s’installer définitivement à Ndolou, son meilleur amour. C’est là-bas qu’il s’est donc éteint lundi. Il a tiré sa révérence dans la discrétion. Comme il a toujours vécu. Conformément à sa volonté, il y a été enterré. Loin de ses terres ancestrales. La mort du patriarche a suscité une vive émotion dans la région.
Témoin de l’histoire, il a vu toutes les mutations survenues au Gabon. Il a vu plusieurs générations défiler à ses yeux. Père adorable, il a guidé les pas de nombreux fils du pays parmi lesquels Me Louis-Gaston Mayila avec qui il entretenait des rapports familiaux. La région toute entière a salué la mémoire d’un grand amoureux du Gabon.
Qu’il repose en paix !