Depuis son hold-up militaro électoral du 31 août 2016, le dictateur Ali Bongo se dépatouille à asseoir le pouvoir qu’il usurpe. Il ne mégote pas sur les moyens pour ramener la sérénité dans le pays. Pourtant, celui-ci reste un véritable chaudron. A mesure que le temps passe, le Gabon s’apparente à un volcan sur le point d’entrer en éruption.
Jonas MOULENDA
LA stabilité du Gabon est d’autant plus précaire qu’elle ne tient qu’à un dirigeant valétudinaire en décrit. Ce dernier reste encore debout sur ses guibolles grâce aux béquilles que lui prêtent, de temps à temps, policiers, gendarmes et militaires. On peut bien sûr penser que son régime despotique se survivra une fois de plus dans un nouvel équilibre entre l’armée et l’ex-parti unique d’un côté, courtisans de l’Association des jeunes volontaires (AJEV) de l’autre. Mais pour combien de temps encore ?
Outre que rien n’est certain, il semble qu’une lutte féroce est en cours à l’intérieur du régime. Certains voient un signe de fin de règne dans les soubresauts et la dégaine que le pouvoir connaît depuis l’élection présidentielle remportée par Jean Ping, mais tripatouillée par Ali Bongo qui confisque le pouvoir depuis trois ans déjà.
Ali Bongo pourrait être balayé par un soulèvement populaire, comme Bouteflika en Algérie.
Il faut aussi prendre en compte l’existence d’une caste de profito-situationnistes du système, lesquels, même s’ils ne constituent pas stricto sensu une oligarchie pourraient le devenir puisqu’ils ne visent à rien de moins qu’à une appropriation des richesses du pays par un petit groupe d’affairistes. Là où cela se complique, c’est que le programme économique édicté par le Fonds monétaire international (FMI) est assez incompatible avec l’idée que se font les oligarques de la gestion de l’Etat.
Une forte tempête sociale finira par balayer le régime chancelant d’Ali Bongo
Si Ali Bongo semble donc en position de force grâce à l’appui de l’armée, on ne peut exclure un autre scénario, celui du chaos d’autant que la population gabonaise est la première victime de la cure d’austérité qu’impose l’effondrement des cours du pétrole et la persistance d’un prix très bas. L’explosion des déficits qui en résulte rend de plus en plus difficile, si ce n’est impossible, d’acheter la paix sociale en puisant dans les milliards de l’or noir.
Dans tous les cas de figure, il faut s’attendre à une tempête après le calme apparent, avec risque de contagion non négligeable sur toutes les neuf provinces du pays. Il est impossible que les villes de l’intérieur soient épargnées par des troubles graves qui pourraient secouer Libreville dans un avenir plus ou moins proche.
Le régime d’Ali Bongo est aujourd’hui avili, en particulier, ses intrigues pour devenir une tanière de corrompus, des avides de pouvoir pour assouvir leurs appétits voraces et de cupides véreux et sans scrupules qui accentuent leurs richesses, sous la direction d’un dirigeant dénué de toute empathie.
C’est à croire que ses compagnons politiques l’avaient choisi en 2009 et remis en selle en 2016 pour son inculture, son obéissance aveugle à servir des desseins malveillants et son projet d’aventure politique, la facilité de le manipuler et son langage insultant de malotru pour être le président d’un parti politique composé, majoritairement de poltrons qui l’ont accepté malgré une réputation équivoque comme leur chef.
Toutes celles et tous ceux qui s’opposent à sa politique personnelle d’impasse et dénoncent les complots manigancés en catimini contre la République sont la cible de cet hypocrite devenu, une sorte de robot agressif alimenté et dirigé par une oligarchie cleptomane défendues avec zèle par son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga et ses véreux copains de L’AJEV.
Les opportunistes de l’AJEV régentent la vie
Dans toutes leurs sorties médiatiques, ces opportunistes clabaudent des fadaises, des injures et des mensonges avec excès et dévouement jusqu’au vocabulaire sectaire de fanatiques et des grossièretés répugnantes, pour discréditer toute voix discordante l’opposition qui peut nuire aux objectives diaboliques du système qu’il sert.
Brice Laccruche Alihanga et ses copains de l’AJEV dictent la loi. Mais pour combien de temps encore ?
Cette manœuvre est une énième trouvaille nébuleuse de leur artificieux maître pour lui rassembler tous les affamés opportunistes et les satellites habituels du régime, qui lui seront un potentiel soutien afin de lui garantir le pouvoir à vie ou une succession dynastique. Suffisante, l’AJEV vante la majorité factice que le PDG détient à tous les niveaux. Mais cette nébuleuse est amnésique au point qu’elle oublie que cette majorité a été obtenue par une fraude éhontée.
Désormais, Ali Bongo et ses courtisans de l’AJEV régentent en imposant des restrictions de liberté et le nihilisme d’un autre âge à l’opposition et à la société civile. Ces derniers temps, des signes graves annoncent la couleur : en neutralisant toutes les potentielles voix de l’opposition, ils balisent le terrain pour la transmission du pouvoir à un descendant.
Le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale, choisi par l’AJEV, est un mafieux d’une autre époque avec un esprit vicié. Il est une simple marionnette aux mains de son mentor Brice Laccruche Alihanga. Ce dernier lui a octroyé un rôle dans lequel finalement il se retrouve bien à l’aise : celui de glorifier un régime criminel et rapporter les supercheries, les vulgarités et la laideur qui sont de son rang. Cela était parfaitement prévisible de la part d’un parvenu qui s’accroche à la moindre bribe d’espoir pour transformer ses chimères et en réalité.
