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Formé à l’académie militaire royale de Bruxelles, en Belgique, l’aide-camp d’Ali Bongo fut major de sa promotion. Dès sa sortie de l’école, ce commissaire des armées fut coopté par Omar Bongo qui fit sa connaissance dans les années 2000 lors d’un séjour dans la capitale belge. Depuis lors, il surnage dans une opulence que son salaire et les prébendes ne sauraient justifier.

Jonas MOULENDA 

Arsène Emvahou est l’informateur du dictateur Ali Bongo dans l’opération Mamba. En réalité, c’est lui qui oriente les choix des magistrats pour arrêter tel ou tel autre personnage, suspecté d’avoir trempé dans des malversations financières.

Si ce commissaire des armées n’a pas jamais été ordonnateur de crédit, il n’en demeure pas moins que son brusque enrichissement suscite des interrogations qui amèneraient une justice indépendance à s’intéresser aux voies qu’il a empruntées pour nager dans l’opulence alors qu’il n’a que le grade de colonel. « Même les généraux qui ont commencé à travailler avec lui n’ont pas sa fortune », a observé une source proche des services spéciaux de la présidence de la République.

D’aucuns présentent Arsène Emvahou comme piranha. Discret, il ferait des coupes dans grands projets. D’après une autre source, l’une de ses premières opportunités d’enrichissement fut la construction du mausolée de feu le président Omar Bongo à Franceville, le chef-lieu de la province du Haut-Ogooué (sud-est). Son mentor Ali Bongo lui a confié la responsabilité de superviser de ce marché.

Dans un premier temps, a expliqué la source, Pascaline Bongo, la fille aînée d’Omar Bongo, avait jeté son dévolu sur l’entreprise Hassan Hejeij qui avait demandé une somme de 530 millions de F CFA pour la réalisation de l’ouvrage. A l’occasion, elle a envoyé l’homme d’affaires chez Blaise Louembé, alors Trésor payeur général avec qui elle avait des accointances. C’est elle qui l’avait placé à ce poste pour permettre à son gang d’avoir une mainmise sur le Trésor public.

Mais à la dernière minute, Ali Bongo, conseillé par Emvahou, aurait changé d’entrepreneur, confiant le marché à autre entrepreneur libanais du nom d’Hachem Lemami, patron de la société BTP ETAB-E. Avec ce dernier, l’aide-camp du dictateur a agrandi le projet et revu à la hausse le coût de l’ouvrage, passant de 530 millions de F CFA à 7 milliards de F CFA.

L’opulence dans laquelle surnage Arsène Emvahou est d’origine douteuse 

Emvahou aurait-il fait dans la surfacturation pour se faire du beurre ? Rien n’est moins sûr. Une chose est sûre : le jeune militaire s’est subito retrouvé à faire d’importants investissements immobiliers à Libreville, Franceville, Moanda et Bruxelles. Dans la capitale gabonaise, il dispose d’un château à Alibandeng où il réside avec sa famille.

Quelle est l’origine des fonds lui ayant permis de réaliser tous ces investissements de manière presque concomitante ? Personne ne saura le dire avec exactitude. Mais certains salons feutrés de la présidence de la République, les langues se sont déliées indiquant qu’Arsène Emvahou avait fait une grosse frappe dans le projet de construction du mausolée d’Omar Bongo à Franceville.

La réussite du premier deal conclu avec Hachem Lemami lui aurait encouragé à poursuivre d’autres opérations mafieuses avec l’entrepreneur. Auréolé par la confiance aveugle que lui fait Ali Bongo, il aurait pesé de tout son poids pour aider l’entrepreneur libanais à obtenir d’autres marchés juteux lors des fêtes tournantes. Il s’agit, a expliqué la source, de la construction d’un complexe commercial, de l’internat du lycée Henri Sylvoz de Moanda et du marché Ndendé, projet finances à 14 milliards de F CFA.

Arsène Emvahou, l’homme qui montre les fautes d’autrui avec un doigt sale.

Ce magot n’aurait pas servi totalement à la réalisation des ouvrages pour lequel il a été décaissé par le Trésor public. Toute chose qui a amené le parquet de Libreville, après l’audit de la Cour des Comptes, à inculper Hachem Lemami. Dans un dernier instinct de survie, le Libanais avait remis 200 Millions de F CFA à certains magistrats. Une tentative de corruption qui ne l’a pas empêché d’être placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville. C’est à ce moment qu’Arsène Emvahou aurait ‘’enlevé son corps.’’

Mais aujourd’hui, des voix s’élèvent demandant à l’opération ‘’Mamba’’ dont il est le superviseur de s’intéresser à l’origine de sa fortune. En effet, on ne montre pas les fautes d’autrui avec un doigt sale. Avant de jouer au donquichotte, estiment certains observateurs de la scène politique nationale, l’aide-camp d’Ali Bongo doit montrer patte blanche pour la crédibilité de l’opération. C’est pourquoi nombreux demandent au venimeux serpent de se retourner contre son maître.