C’est encore un dirigeant distrait, déconnecté des réalités du Gabon profond et aux traits visuels de fatigue, comme s’il était sous l’effet des psychotropes et des substances stupéfiantes, qui s’est adressé à ses concitoyens ce 31 décembre 2019.
Jonas MOULENDA
De l’avis de nombreux Gabonais, la sortie médiatique de l’usurpateur n’a pas été à la hauteur des attentes de l’opinion nationale. Cela devient un rituel de diversion auquel Ali Bongo a habitué le peuple gabonais ces dernières années.
Le discours du despote avait un fond de bilan d’autosatisfaction, afin de justifier son projet personnel et égoïste de monarchisation du Gabon. C’était un discours plat, laconique décevant et à des questions essentielles de l’actualité. Un discours empreint de sophisme, qui ressemble à la langue de bois avec beaucoup de phrases creuses de remplissage pour édulcorer son contenu.
Or, de nombreux citoyens s’attendaient, dans ce discours, à ce qu’Ali Bongo clarifie l’opinion gabonaise sur les éléments concrets de solutions effectives de sortie de la grave crise dans laquelle le pays patauge depuis son hold-up militaro électoral du 31 août 2016.
Les Gabonais attendaient également que le tyran leur fournisse plus d’éléments concrets sur sa stratégie de résoudre la dégradation de leur train de vie. D’autres, encore, s’attendaient à ce qu’il rassure l’opinion nationale et internationale qu’il cédera le pouvoir au président démocratiquement élu, Jean Ping.
A la déception de tous et sans surprise, Ali Bongo a survolé avec condescendance les questions qui fâchent, notamment la vacance de pouvoir reclamée à cor et à cri par l’opposition et la société civile. Cette ultime sortie de l’usurpateur, à l’instar de ses précédentes, a eu le mérite de conforter unanimement l’opinion publique que le despote demeure plus que jamais le véritable problème du Gabon. Cela ne fait que polariser la tension politique autour de sa personne, devenue la racine de la crise gabonaise.
Un discours digne d’une fable pour endormir le peuple
Du pipeau, toujours du pipeau et encore du pipeau pour enfumer les esprits bâtés. Le destructeur infatigable a toujours menti comme un arracheur de dents! Décidément, les Gabonais ont affaire à un mythomane narcissique ! Il a plongé le pays dans une faillite, malgré une rente pétrolière particulièrement cossue et sans précédent. Mais il a l’outrecuidance de vouloir développer le pays avec des prêts du Fonds monétaire international (FMI), chose qu’il n’a pas faite avec des fonds propres du Gabon. Comment donc le prendre au sérieux? Avec son mode de gestion clan-Etat axé sur la kleptomanie, il ne mènera le Gabon nulle part.
Depuis le début de son règne catastrophique en 2009, Ali Bongo n’a pas diversifié l’économie gabonaise. La croissance économique du Gabon se fait uniquement par secteur pétrolier et un peu avec la filière bois et le BTP. Depuis lors, les secteurs hors pétrole sont en décroissance. Le pays est devant une économie de rente.
Les Gabonais ne vivent que de la vente des ressources naturelles brutes. Si jamais le baril du pétrole venait à se déprécier ou la production venait à chuter de nouveau, la diversification dont Ali Bongo parle ne pourra supporter le train de vie de l’Etat et surtout son clan mafieux.
La galère pousse certains Gabonais à fouiller les poubelles.
Son discours est une fable pour bercer le peuple, qu’il croit naïf. Ali Bongo vit dans une bulle. Il prend ses rêves pour la réalité. Les diplômés sans emploi foisonnent à travers le pays. Des analystes empiriques disent que le taux de chômage dépasse le pic de 40%.
La politique de l’emploi est un échec monumental en huit ans de règne de l’apprenti monarque pour une population de 1, 8 millions d’habitants. Sans transfert de technologie et de compétence, on ne peut pas parler de développement de l’emploi. Le tyran n’a rien à foutre du peuple, car ses comparses et lui ont emmagasiné des centaines de milliards de F CFA sur des comptes à l’étranger, sur le dos des Gabonais.
Les remaniements récurrents du gouvernement n’apportent de nouveau. Le problème du Gabon, c’est Ali Bongo car après une gestion chaotique et cataclysmique de 8 ans, il a assez prouvé son incompétence et sa médiocrité. Il s’est révélé un piètre gestionnaire doublé d’un tyran sanguinaire ayant détruit tout un pays.
Un homme incapable de gérer un pays en période de vaches grasses ne saurait le gérer en période de vaches maigres. C’est pourquoi il devait simplement avoir le courage de démissionner, au lieu de continuer à faire perdre du temps et des moyens financiers précieux au pays.
A cause de sa mauvaise gestion, Ali Bongo connait aujourd’hui de sérieux problèmes d’argent. Or, pour sa survie, une dictature comme celle qui règne au Gabon a besoin de deux ingrédients : L’argent pour entretenir l’élite, la classe moyenne, et la peur pour étouffer les velléités de révolte des masses. Cependant, actuellement, faute d’argent, Ali Bongo ne joue plus qu’avec le levier de la peur pour se maintenir au pouvoir.
