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Gabon : Brice Laccruche Alihanga, l’œil d’Ali Bongo pour surveiller les mafieux du pouvoir

Brice Laccruche Alihanga à la Douane.

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Comme l’est le colonel Arsène Emvahou dans l’opération Mamba, il est désormais l’homme du rais pour suivre de très près ceux qui siphonnent les finances publiques dans les différentes entités étatiques.

Jonas MOULENDA

LE pari semble risqué, mais Brice Laccruche Alihanga s’y met. Le directeur de cabinet d’Ali Bongo a été chargé par ce dernier pour démanteler la mafia qui a remplacé l’Etat dans tous les secteurs d’activité et qui met le grappin sur l’argent du contribuable.

Selon une source proche de la présidence de la République gabonaise, l’objectif de cette opération serait d’obturer tous les canaux d’échappement des fonds. Mais l’opération n’est pas bien perçue par les différents clans mafieux, habitués à s’enrichir sur le dos de l’Etat. Des puissants lobbies ont commencé à allumer des contre-feux.

Œil et oreille d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga a entrepris de débarquer à l’improviste dans les différentes entités étatiques du pays. C’est ce qui s’est passé mercredi matin. Il a fait irruption à la douane sans avoir avisé le ministre de tutelle, Régis Immongault, lui aussi soupçonné d’appartenir à la grande mafia qui spolie l’Etat.

D’après une autre source, Ali Bongo n’a plus confiance à ses collaborateurs en raison de leur cleptomanie. Tout au long de son premier mandat, a expliqué la source, ministres et directeurs généraux auraient passé leur temps à se sucrer sur le dos de l’Etat. D’où sa décision d’y être désormais plus regardant par le truchement de son directeur de cabinet.

Lors de sa vite surprise à la douane, M. Alihanga a pu se rendre compte de visu des pratiques qui gangrènent cette entité, vue comme étant une institution sereine et bien structurée de par la qualité de la formation de ses agents et de son importance pour la vitalité de l’économie nationale.

MAFIA POLITICO-ECONOMIQUE. Considérée comme l’œil regardant de l’État en terme de transite, la douane est malheureusement devenue une grande mafia. Elle ne donne pas le rendement escompté à l’État. Le constat fait sur le terrain par Brice Laccruche Alihanga révèle que la douane gabonaise est infestée des bandits et des voleurs sans foi ni loi. Des arnaqueurs d’un autre genre naissent dans ce corps de métier qui se dit noble de par leur tenue vestimentaire qui reflète l’image du pays.

Les agents douaniers sont les seuls au Gabo, à avoir après des comptes bancaires bourrés d’argent après deux ou trois années de service seulement. Pis, leurs habitations poussent comme des champignons, malgré leurs salaires connus de tous. D’où des interrogations sur l’origine de leur rapide enrichissement.

Le port à conteneurs d’Owendo, théâtre de la visite surprise, serait le terreau de la mafia. Seul lieu de transit des marchandises entrant et sortant du pays, ce port serait infesté d’une bande de mafieux, de voleurs et d’arnaqueurs des personnes qui font transiter leurs produits par cette voie.

Depuis quelques années, une corruption d’un autre genre y a élu domicile. Le dédouanement des produits ne serait pas chose aisée. Non seulement la facture serait énorme et dans chaque bureaux, mais il serait exigé des dessous de table pour faire avancer les dossiers de dédouanement. Lorsque le client ne se soumet pas à la loi de la mafia, les produits ou les conteneurs sont sellés pour une durée bien déterminée.

Par la suite, les produits ou les conteneurs scellés sont revendus aux enchères, puis seront rachetés par les mêmes douaniers au détriment des propriétaires. Bon nombre de Gabonais en ont déjà été victimes. Le ministère de tutelle, Régis Immongault, est informé de la situation, mais il reste motus bouche cousue. « C’est un grand mafieux. Il a ses pions dans la douane et en tire profit », dénonce un agent des services spéciaux de la présidence de la République.

La mafia politico-économique lève l’impôt par la pratique systématique du racket des activités génératrices de revenus. De fait, ce racket est une opportunité d’accumulation primitive du capital au moment où le pays traverse une grave crise de trésorerie. D’après nos informations, les sommes collectées transitent par les comptes officieux dans les différentes banques du pays.

Bien qu’étant qu’un exécutant, Brice Laccruche Alihanga est déjà la cible des lobbys qui se sentent menacés par l’opération initiée en sourdine par Ali Bongo. Après les premières visites inopinées sur le terrain, certains ministres et directeurs généraux mafieux ont décidé de conjuguer leurs efforts pour évincer le directeur de cabinet de leur mentor politique, afin de conserver leur bifteck.

 

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