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Les dirigeants du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir,  sont véritablement entrés de plain-pied dans l’instrumentalisation des féticheurs. Tels des papillons, ils volent de marabout en marabout, dans un ultime baroud d’honneur pour conserver un poste ou d’y accéder, à la faveur de grands bouleversements politiques attendus après le deuxième tour des élections législatives. 

Jonas MOULENDA

Les rumeurs d’un remaniement ministériel après le deuxième tour des élections législatives du parti fait danser la gigue à de nombreux courtisans du régime. Tous ou presque sont sous l’emprise de gourous de tout acabit, qui influencent bien souvent de façon négative dans la gestion des affaires de l’Etat, en tirant par contre le meilleur profit. Tout cela se passe au détriment de l’amélioration des conditions de vie des peuples à laquelle les deniers publics sont censés être utilisés.

Le Premier ministre des putschistes, Emmanuel Issoze Ngondet aurait été vu dans un temple la semaine dernière sur la route de Cocobeach. Tout comme le vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou qui multiplierait des rituels à Moutassou. Il aurait fait venir des maîtres spirituels du Congo-Brazzaville. Le ministre du Budget, Jean-Fidèle Otandault aurait, lui, importé des féticheurs du Bénin. Les autres membres du gouvernement auraient recours à des féticheurs Pygmées à Ikobey, Mimongo et Doumassi (Minvoul).

Ces localités constituent les destinations les plus prisées, ces derniers temps, par les hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir. Certains multiplieraient les veillées chez les féticheurs.  » C’est tard dans la nuit qu’on voit passer de grosses cylindrées. Quand on fouille ces véhicules, on trouve des paquets des bougies, de seaux, des parfums et d’autres effets souvent demandés par les féticheurs, « explique un gendarme en poste à Kango, le chef-lieu du département du Komo-Kango.

Les ministres d’Ali Bongo  passent désormais des nuits entières chez les féticheurs pour être maintenus au gouvernement.

Certains fétiches sollicités nécessitent des sacrifices humains

Le comble c’est que ce compagnonnage avec les forces occultes implique parfois des sacrifices humains. D’où l’augmentation des crimes rituels. Les Gabonais ont l’impression que Dieu a armé les mains des forces du mal, qui les accablent et les frappent avec une telle violence, dans leur corps, leur âme et leur esprit. Dans leur bal des vampires digne d’un dernier instinct de survie, les hiérarques du PDG entendent mettre davantage à leur taille les institutions en s’amputant eux-mêmes, de l’essentiel de leurs prérogatives pour n’en garder que les apparences.

Les temples des féticheurs reçoivent de grands clients ces derniers temps.

Si cette propension tient au fond à la conception traditionnelle du pouvoir au Gabon et dans le reste de l’Afrique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle a la vie dure. Autrefois, en effet, tout chef traditionnel ou roi avait son gourou. Qu’il soit chef spirituel, marabout ou sorcier, c’est selon. Homme dont l’influence ou le pouvoir dépasse même celui du vrai détenteur qui en est investi, il figure dans le premier carré des conseillers de la cour.

La sorcellerie est une triste réalité au sommet de l’État

Et pour cause, il est crédité de pouvoirs protecteurs face à tout danger et d’une grande sagesse. Des atouts dont il devrait faire profiter le chef et lui permettre de bien gérer son mandat pour le bonheur du peuple. Mais cela n’est pas souvent le cas au Gabon. Non seulement, le tenant du pouvoir fait preuve d’un égoïsme rampant, mais il passe le temps à sacrifier des membres de sa familles ou ses collaborateurs politiques dans des accidents de la circulation.

Si tant est que le sorcier se nourrit de la chair humaine et du sang, les vrais sorciers sont les tenants du pouvoir qui ont recours aux féticheurs. Ils pompent le sang de leurs proches, s’engraissent et les victimes dépérissent. Depuis un certain, l’on assiste à une pratique révolutionnaire et très actualisée du phénomène de la sorcellerie dans les sphères décisionnelles de l’Etat. Le sorcier n’est le vieil homme abandonné au fond du village que l’on accuse, alors qu’il est dans la dèche noire, c’est désormais le tenant du pouvoir qui parade avec des grosses cylindrées.

Le régime est voué à la mort, mais ses thuriféraires retardent l’échéance pour permettre aux petits médecins de servir plus longtemps leurs intérêts en prétendant le soigner et aux apprentis assassins, de se faire les dents à peu de frais, sur sa dépouille. C’est abuser les gabonais, encore plus longtemps, surtout ceux qui ont décidé de ne pas baisser les bras, de continuer de se battre politiquement.