Partager l'article

Les Gabonais qui ont assisté au printemps démocratique de 1990 pâlissent aujourd’hui de nostalgie. Depuis qu’il a accédé accidentellement à la tête du pays, l’usurpateur a réduit tous les espaces de liberté, faisant passer le Gabon de République en  monarchie. Depuis lors, le pays s’enlise chaque jour un peu plus dans la dictature et la tyrannie.

Yves BRAILLARD

Le Gabon dirigé d’une main de fer par Ali Bongo, auteur du putsch militaro électoral sanglant du 31 août 2016, voit son espace d’expression se réduire comme peau de chagrin et ses libertés fondamentales, acquises à la faveur du printemps démocratique de 1990, être constamment rognées. Le régime tyrannique agit au nom d’une sécurité nationale qui sert de paravent au durcissement du règne autocratique de l’apprenti monarque.

Droit dans ses bottes, Ali Bongo a frappé un grand coup, la semaine dernière, de nature à porter un coup fatal à l’opposition, à travers le décret du nouveau redécoupage électoral qui favorisera le Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, et condamnera à l’échec les partis politiques de l’opposition aspirant à la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.

Le Gabon, placé sous le joug de la tyrannie de son dirigeant par défaut, et considéré par beaucoup, à ce titre, comme parfaitement illégitime, contraint désormais les membres  1 800 000 citoyens à limiter leurs activités politiques, sous peine d’être arrêtés et incarcérés. Les Gabonais, sont contrôlés par une instance composée de représentants de l’armée, du renseignement et du ministère de l’Intérieur.

La tyrannie règne au Gabon

Dans le collimateur des autorités, les militants pour les droits civiques craignent  le pire au quotidien. «  On peut se retrouver à tout moment en prison pour ses opinions », s’alarme un leader de la société civile, dénonçant des lois liberticides votées par les députés acquis à la cause du régime dictatorial.

CONTROLE SOCIAL. Derrière le paravent utile de  la sécurité nationale, Ali Bongo a établi sans sourciller la censure.  Les journalistes qui jouissaient d’une grande liberté d’expression sous le règne de son prédécesseur de père sont désormais muselés. Ceux qui osent lever la tête sont menacés de mort, à défaut d’être arrêtés et jetés dans des geôles infâmes.

Mercredi, le pouvoir, par le truchement de la Haute autorité de la Communication (HAC) a suspendu pour un délai d’un mois le trihebdomadaire Echos du Nord et pour douze mois la chaîne publique France 2. Il est reproché au journal indépendant gabonais de n’avoir pas déféré à une convocation. Quant à la chaine publique française, son crime de lèse-majesté est d’avoir rediffusé un documentaire gênant sur le clan Bongo.

Fors l’amenuisement des acquis démocratiques, Ali Bongo est dictateur par le simple fait de s’incruster au pouvoir par la force, en manipulant les institutions à sa guise, en fabriquant de toutes pièces des ennemis potentiels à persécuter. Il est difficile de trouver une épithète autre que celle de « dictateur » pour qualifier l’exercice du pouvoir de ce sulfureux personnage. Il règne sans partage, reniant la démocratie. Il est d’abord un dictateur de par le caractère moniste du pouvoir qu’il a développé ces dernières années. Il concentre de plus en plus de pouvoirs entre ses mains.

Son premier mandat n’était autre chose qu’une montée en puissance ininterrompue de son propre pouvoir, qu’il voudrait sans rival, déclaré ou potentiel. Pour cela, il n’a cessé de maintenir sa position par la force et l’intimidation. Son autorité s’est abusivement dilatée après le putsch  militaro électoral de 2016 qui lui a donné des ailes, et aussi des prétextes.

Ali Bongo est ensuite un dictateur de par le contrôle social intense qu’il a instauré au Gabon, aboutissant à une terreur généralisée. Arrestations arbitraires massives et sans freins, purges dans tous les secteurs professionnels, politiques, économiques, judiciaires, universitaires et médiatiques. Tout cela a fini par instaurer progressivement un climat de terreur dans la société gabonaise. Une terreur qui n’a rien à envier à celles de Robespierre, Hitler ou de Staline.

Les Gabonais sont de plus en plus fliqués

Les  Gabonais ont eu une petite fenêtre démocratique entre 1990 et 2008. Mais Ali Bongo l’a refermée peu après son arrivée au pouvoir en 2009. Qu’il fut préparé ou non à la fonction de président de la République, ce personnage très détesté par ses concitoyens est un dirigeant autocratique. Ceux qui l’ont porté au pinacle en 2009 après la mort de son père le regrettent amèrement aujourd’hui.  Ils avaient la latitude de choisir un autre cheval, mais ils avaient préféré jeté leur dévolu sur ce tyran comme s’ils n’avaient retenu aucune leçon de l’histoire du continent.

Soutenus par des collaborateurs mercantiles, Ali est apparemment doué pour écraser son peuple, mais absolument incompétent de développer un pays qui a pourtant toutes les potentialités pour devenir un paradis. Un peu comme ses amis Faure Eyadema et Joseph Kabila,  il sait faire massacrer les civils, mais il fait profil bas devant les grands dirigeants du monde de peur d’être chassé d’une simple chiquenaude.