Durant le premier septennat d’Ali Bongo, ce Béninois d’une cinquantaine d’années fut le vrai dirigeant du Gabon. Mû par des appétits pécuniaires boulimiques, il a avait instauré une mafia dans tous les pans de l’économie gabonaise pour capter le grisbi. Après être tombé de son piédestal, le rastaquouère veut reprendre le contrôle des leviers financiers de son pays d’accueil. Tout un challenge !
Jonas MOULENDA
MAIXANT ACCROMBESSI regarde avec concupiscence la jeune garde qui gère le pays depuis le hold-up militaro électoral qui a permis à Ali Bongo de confisquer le pouvoir, au soir de l’élection présidentielle du 27 août 2016. Frappé d’ostracisme après l’accident vasculaire cérébral dont il fut victime peu avant la dernière présidentielle, Accrombessi veut à tout prix revenir aux manettes de l’Etat.
Pour réussir ses manœuvres déloyales aux desseins inavoués, cet homme connu pour son salmigondis de dévotion et de péché brille par des crocs-en-jambe contre ceux qui l’ont supplanté dans la gestion des finances publiques. Selon une source proche des services spéciaux de la présidence de la République, son objectif est de revenir à la manœuvre, afin de s’enrichir davantage. Et malhonnêtement !

Le coffre-fort du Trésor public était géré par Accrombessi.
Dans un premier temps, il avait catapulté son beau-frère Jean-Fidèle Otandault au poste de ministre de l’Economie. Mais cette entité n’est plus qu’une coquille vide, Ali Bongo ayant donné toutes les prérogatives au directeur de cabinet, au temps où ce poste était occupé par lui-même Maixant Accrombessi. C’est lui qui tenait le cordon de la bourse, après s’être tapé un salaire de 75 millions de F CFA par mois. Or, ses successeurs n’ont droit qu’à 20 millions de F CFA par mois.
Le directeur de cabinet étant celui qui gère désormais la caisse de l’Etat, Maixant Accrombessi a décidé de nommer à ce poste son beau-frère Jean-Fidèle Otandault, qui serait plus disposé à faire des décaissements à sa faveur. L’homme lui est d’ailleurs redevable. C’est Accrombessi qui l’avait introduit dans les arcanes du pouvoir. C’est lui qui a fait en sorte que l’audit des finances publiques, financé à 5 milliards de F CFA par l’Etat gabonais, soit confié au cabinet Otandault.
Depuis trois semaines, Accrombessi campe au Maroc pour tenter d’obtenir d’Ali Bongo son retour Ă la manoeuvreÂ
Mais ce poste est très convoité par Marie-Madeleine Mborantsuo. D’après nos informations, elle a décidé d’y catapulter son fils, Fabrice Andjoua Ondimba, prétextant des impératifs de sécurité et de confidentialité. Elle profite de l’état de santé d’Ali Bongo pour réussir son coup tordu destiné à lui faciliter le paiement des factures de ses nombreuses sociétés écrans. Pourtant, Accrombessi n’en démord pas. Depuis trois semaines, il fait le pied de grue à la résidence royale où loge Ali Bongo pendant sa convalescence à Rabat.
Il tient à reconstituer son gang financier, jadis composé de Jean-Fidèle Otandault, Yves-Fernand Manfoumbi, Etienne-Dieudonné Ngoubou, Arnaud Engandji, Magloire Gambia et tutti quanti. Toutes ces personnes ont aidé le « Popo », comme aiment à l’appeler d’aucuns, à se faire un véritable trésor de guerre.

Jean-Fidèle Otandault est le directeur technique de la pègre d’Accrombessi.
Pour réussir sa mission funambulesque de spolier l’Etat gabonais, Maixant Accrombessi avait suggéré à Ali Bongo et obtenu de lui la mise en place un comité de trésorerie dont le président était lui-même. Les autres membres étaient les ministres du budget, de l’Economie, le directeur du budget, directeur général des services du Trésor et le directeur général du contrôle des ressources.
Cette organisation pyramidale lui a permis de détourner plusieurs centaines de milliards de F CFA, qu’ils envoyaient ensuite dans les paradis fiscaux sur les petites îles tropicales des Caraïbes et dans les principautés de l’aristocratie européenne comme Monaco, à Dubaï, au Panama, aux îles Fidji, à Singapour, à Beyrouth, au Bahamas et en Guyane.
Ces paradis fiscaux sont apparus comme des eldorados des banques contrôlées par la mafia cleptomane d’Accrombessi, les sociétés-écrans, leur cohorte d’avocats et de comptables. Le rastaquouère a utilisés des sociétés-écrans immatriculées en Europe, en Asie et aux Etats-Unis pour cacher et blanchir l’argent volé au Gabon.
Cette situation a été favorisée par la souplesse de plusieurs États de ces continents. En effet, ils permettent de créer une société sans avoir à révéler l’identité de son réel ayant-droit, offrant un anonymat total qui a été utilisé par la mafia du gourou d’Ali Bongo. Il a également recouru à sociétés offshore qui ont le triste privilège d’offrir la seule méthode de blanchiment d’argent où l’opacité est garantie.
Le « Popo » avait dĂ©posĂ© 200 milliards de F CFA  à BGFI avant de les virer dans ses comptes Ă l’Ă©tranger
Selon nos sources, Accrombessi utilisait des sociétés-écrans et des proches pour ouvrir des comptes bancaires à l’étranger. Ils sont donc impliqués dans un énorme trafic d’enrichissement frauduleux et de blanchiment d’argent sale. Ce sont des centaines de milliards de F CFA qui ont été blanchis par des banques étrangères. Certaines manœuvres mafieuses étaient facilitées au départ du Gabon par des entités financières, dirigées par des obligés de Maixant Accrombi.
D’après une source proche de la présidence de la République, BGFI-Bank avait hébergé une somme de 200 000 milliards CFA, déposée la veille de l’élection présidentielle du 27 août 2016 par Maixant Accrombessi. Cette manne, initialement présentée comme le fonds de la campagne d’Ali Bongo, aurait ensuite pris une autre destination. « Elle a été transférée vers un compte à l’étranger ouvert par Accrombessi », explique la source.

L’argent dĂ©tournĂ© par le rastaquouère a atterri dans les paradis fiscaux.
Fin juin et début juillet 2016, Maixant Accrombessi, Benjamin Ngoubou, Régis Immongault et Arnaud Engadji avaient séjourné en Suisse pour huit jours. Leur mission était de brader le pétrole gabonais pour sept ans. La somme engrangée oscille à 4 00 milliards de F CFA. Le patron de la mafia, Maixant Accrombessi a viré une partie de ce magot dans les paradis fiscaux. Une autre partie l’argent aurait été blanchie par Gabon Oil Compagny.
Cette nébuleuse a prétexté acheter immeuble de 20 milliards derrière l’hôtel Radisson, à Libreville. Or, même le palais présidentiel n’a pas coûté ce montant. De toute évidence, une bonne partie de ce magot a été blanchie par l’auteur de la transaction mafieuse. « C’est une technique de blanchiment d’argent utilisée par Arnaud Engagdji. On ne sait pas pourquoi il est en liberté. La fameuse opération Mamba devait l’arrêter aussi. Il semble être protégé par Ali Bongo », renchérit une autre source.