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Né dans l’Etat sécessionniste du Biafra (sud-est du Nigeria), le dictateur gabonais a fait partie des enfants transférés au camp des refugiés qu’abritait le site de l’actuel hôpital régional de Mélen, dans la banlieue de Libreville. Il fut adopté très tôt par Albert Bernard Bongo dont l’épouse, Joséphine Kama, était stérile. Parcours troublant d’un enfant

Jonas MOULENDA

Dès lors, le petit garçon, devenu Alain Bongo, grandira sous les jupons de la République, oubliant peu à peu les affres de la guerre dans son pays d’origine. Il n’en aura plus que des souvenirs évanescents et ne gardera de sa culture nigériane que la langue anglaise. Pendant que son père modèle un pays docile, le petit Alain Bongo est envoyé à l’internat en France. Atteint d’une crise de foi en classe de 6è, Alain Bongo refuse de reprendre l’école après son arrêt-maladie.

Ce sera la dernière fois que le fils adoptif d’Omar sera sur le banc de l’école. Cette oisiveté va être meublée par différentes passions tournant essentiellement autour de la musique et un certain penchant pour l’histoire des monarchies dans le monde. Il est passionné par la monarchie japonaise et l’histoire de France.

En ce qui concerne la monarchie marocaine, cet intérêt vire à l’obsession. C’est pourquoi, à partir de la vingtaine, il lance le projet du palais marocain à Batterie 4, dans le 1 er arrondissement de Libreville. Evidemment, il ne terminera jamais ce projet  et il finira par le dynamiter plus tard.

Ali Bongo était plus concentré sur la musique que sur ses études

Durant toutes ces années, un homme va jouer un rôle clé : le Français Eric Chenel. Il va passer son temps à inculquer à Ali Bongo les bonnes manières, à lui raconter les histoires, à lui apprendre à gorger en public et à singer les Blancs, comme aucune autre personne au Gabon. Il l’incite aussi à d’autres penchants plus personnels sur lesquels nous ne reviendrons pas.

Adopté par la famille présidentielle, le petit déplacé de guerre est devenu un enfant gâté

Sa carrière semi-professionnelle se soldera en tout et pour tout par un concert à Libreville et un autre à Abidjan avec Jimmy ainsi qu’un album financé par l’Etat gabonais. Aucun producteur indépendant n’a voulu s’intéresser au petit Biafrais, le talent n’étant pas au rendez-vous.

Jamais à court d’idées, Ali Bongo va avoir un autre projet en 1992 : faire venir Michael Jackson au Gabon: c’est le projet de sa vie. Rabroué sèchement par Omar Bongo, qui n’attendait pas dépenser des dizaines de milliards pour un chanteur qu’il connaissait à peine, il va le concrétiser grâce à l’appui d’Edith-Lucie Bongo, la jeune épouse de son père, qui réussira à convaincre ce dernier, après de multiples tentatives, de satisfaire le caprice de son enfant gâté : l’Etat gabonais va débourser des milliards pour déplacer la star planétaire. Et Ali aura ce qu’il voulait : des photos de lui avec Michael Jackson au Gabon.

Lors de ses soirées dans les discothèques de Libreville, de Paris et de New York avec ses amis, le jeune homme n’hésite pas de claquer des fortunes pour impressionner ses semblables, qui le mettent sur un piédestal. Dans son cercle familial, il rivalise des folies dispendieuses avec sa sœur aînée, Pascaline Bongo, qui est plus écoutée par leur père.

Le réfugié de guerre est devenu un dictateur sanguinaire

A 27 ans, Ali Bongo se réveille subitement avec de nouveaux rêves : en attendant d’être président, il doit ministre des Affaires étrangères ou ministre de la Défense. C’est d’abord le département des Affaires étrangères qui va  lui être confié, remplaçant ainsi Gustave Bongo, un proche de la famille.  Ali se retrouve à faire un discours à l’Assemblées annuelles de l’ONU en septembre 1989.

C’est de cette période que date la nécessité de lui créer un CV présentable. En effet, le fils aîné d’Omar Bongo, ministre des Affaires étrangères devenu, qui s’exprime à l’Onu à New, n’est en fait qu’un oisif patenté, diplômé en tout et pour tout d’une attestation d’avoir suivi quelques mois de cours en classe en 6è. Décision est prise de lui fabriquer un parcours avec une thèse de géographie, rédigée par un de plus anciens conseillers français d’Omar Bongo dont le nom est connu de toute la présidence.

Le petit Alain Bongo a grandi avec un grand complexe lié à ses origines

Quelques années plus tard, il va être viré du gouvernement parce que n’ayant pas 35 ans, comme l’exigeait une nouvelle loi écrite. Il va déranger tous les proches afin qu’ils intercèdent pour lui auprès du père distributeur de strapontins. Omar Bongo finit par faire de lui le député de sa ville natale de Bongoville, le chef-lieu du département de la Djouori-Agnili, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est du Gabon).

Mais Ali Bongo n’a que du mépris pour cette localité et ses habitants. Il ne fait rien pour revaloriser la petite ville. Il n’y construit même pas une bicoque. La misère  des riverains, qui vivent dans des taudis construites entièrement en tôles ondulées – n’attire pas sa compassion, lui qui a pourtant l’argent plein les poches. Il est absent sur le terrain. Il n’y sera revu que le jour de renouveler le mandat du poste électif qui lui est offert sans le moindre effort.

Amateur de femmes et de très jeunes filles, qu’il abandonne parfois sans regret, il fait courtise même les nombreuses maîtresses de son père. En même temps, il s’affirme comme un tortionnaire.  Assassinats politiques et meurtres lui permettent d’asseoir son autorité et de gravir les échelons politiques. L’asservissement de la population, la terreur et l’emprisonnement arbitraire deviennent les outils de sa vie politique.

Durant ses dix ans d’oisiveté, il va être assisté par Hervé Patrick Opianga, qui avec lequel il excelle dans la vie épicurienne. Ali Ben Bongo caresse un rêve : remplacer son père au trône.  Mais en attendant d’atteindre son objectif, il fait des pieds et des mains pour retourner au gouvernement. Le poste qu’il choisit est celui de ministre de la Défense où il va s’affirmer comme un grand budgétivore.

Lorsqu’il apprend le décès d’Omar Bongo en juin 2009 à Barcelone, il va se précipiter à décréter la fermeture des frontières nationales. Il manifeste son empressement de devenir président de la République avant la période de transition qui sera assurée par la présidente du Sénat, Rose-Francine Rogombé. Mais des apparatchiks lui demandent de prendre son mal en patience. Alors que le corps de son père adoptif n’est pas encore enterré, il échafaude déjà des plans de gouvernance du pays; c’est le printemps de  l’homme pressé.

Le parcours du faux prince héritier est un gros tissu de mensonge

Au terme de l’élection présidentielle du 30 août 2009, il arrive en troisième position. Mais il fait un passage en force à la tête de l’Etat, auréolé par le blanc-seing du président français Nicolas Sarkozy et de certains amis de son père. Il envoie l’armée et des mercenaires massacrer les civils qui manifestent contre le hold-up électoral à Port-Gentil, la capitale économique. Plus de vingt personnes tombent sous les balles des escadrons de la mort.

Au terme de l’élection présidentielle du 27 août 2016 qu’il perdue, a commis un nouveau coup d’état électoral. Il a tout falsifié dans sa vie : diplômes, actes de naissances, etc. Empêtré dans le mensonge, la méchanceté, l’insulte, la fourberie, la rancune, la mesquinerie, l’incompétence, l’amateurisme et la gabegie, Ali Bongo Ondimba, Ali Bongo est un esclave qui a toujours rêvé d’être roi. Son appétence pour le pouvoir l’amène à faire massacrer de nombreux Gabonais par le biais des assassinats avec prélèvements d’organes, commandités à des fins fétichistes par son gourou, le Béninois Maixant Accrombessi.