L’homme de la rue n’en croirait pas à ses oreilles. Depuis l’élection présidentielle du 27 août 2016, le Gabon a dépensé plus de 15 milliards de FCFA au bénéfice des officines françaises et américaines œuvrant pour le maintien au pouvoir d’Ali Bongo.
Jonas MOULENDA
L’argent du contribuable gabonais faufile ces derniers temps entre les mains des officines françaises et américaines. Au lieu de construire son pays – comme l’ont fait son ami Paul Kagamé du Rwanda, l’ancien président angolais, Edouardo Dos Santos, ou l’équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema – le despote gabonais a choisi, de dilapider les fonds publics pour des prunes.
Avec l’argent du pétrole, il corrompt toutes les instances politiques et économico-financières occidentales, qui peuvent l’aider à conserver sa mainmise sur le Gabon, en fermant les yeux devant ses multiples abus de toutes sortes et sur le hold-up militaro électoral du 31 décembre 2016. « Il dépense beaucoup pour soigner son image à l’international. Nous avons sorti pas moins de 15 milliards depuis le début de la crise post-électorale», a confié un responsable du Trésor public.

Cette opération qui s’étale depuis la débâcle du tyran à l’élection présidentielle du 27 août 2016, est allée crescendo, ces derniers mois. Ali Bongo arrose copieusement tout le monde, en Occident, qui peut l’aider à se maintenir au pouvoir. Que les Gabonais ne s’étonnent donc pas de la nonchalance de Paris. Un travail de lobbying grassement rémunéré avec l’argent du contribuable gabonais est fait de Matignon à l’Elysée, en passant par le Quai d’Orsay et aux Etats-Unis d’Amérique.
Une autre source proche du Trésor public évalue à 4,6 milliards de F CFA les sommes que le dictateur a mises, le dernier trimestre, dans le lobbying à Paris, Washington, Berlin et Londres, au lieu de les consacrer à la construction des infrastructures au Gabon où perdurent le sous-développement et la misère. Pour certaines réalisations, il a, plutôt, fait appel aux Chinois, aux Italiens et aux Israéliens dont la culture opaque a favorisé les négociations.
PERSPECTIVES NÉGATIVES. Résultat : on a vu les sociétés chinoise Sino Hydro et italienne Sericom construire des routes ainsi que la firme israélienne Telemenia construire des centrales électriques à Port-Gentil et Owendo, sans savoir les tenants et aboutissants de ces gigantesques contrats. La réalité, c’est qu’il s’agit bel et bien d’un endettement lourd du Gabon vis-à-vis de ces entreprises, gagé sur le pétrole dont les cours tardent à prendre l’ascenseur.
Résultat, le FMI découvre ce qu’il soupçonnait, à savoir, un endettement lourd auprès des entreprises étrangères, qui sont en train de faire une véritable OPA sur le Gabon et une situation d’endettement plus vicieuse avec d’autres créanciers privés de plusieurs ordres qui traînent, actuellement, le Gabon devant les tribunaux internationaux. Le FMI découvre que l’endettement du Gabon, serait, réellement, de l’ordre de plus de 64% de son PIB. C’est donc une situation de faillite qui rappelle le cas de l’Argentine en 2014 et, aujourd’hui, du Vénézuela, mais, pas pour les mêmes raisons.

L’agence de notation Fitch a d’ailleurs abaissé vendredi la note de la dette du Gabon avec perspective négative, à cause de la détérioration de l’endettement et de la situation budgétaire du pays. Cette note passe de « B+ » à « B » tombant plus bas dans la catégorie spéculative et l’agence pourrait encore l’abaisser dans les prochains mois.
Fitch affirme que cette dégradation reflète « la vive détérioration des comptes budgétaire et extérieur du Gabon, l’accumulation d’importants arriérés intérieurs comme extérieurs ainsi que le gonflement de la dette publique » à la suite de la baisse des prix pétroliers à partir de 2014.
Un crédit de 642 millions de dollars accordé en juin dernier sur trois ans par le Fonds monétaire international (FMI) « va probablement faciliter la situation de la trésorerie, soutenir les réformes » et peut-être entraîner la contribution d’autres créanciers multilatéraux comme bilatéraux, espère Fitch. Mais nombreux que cet argent soit encore dilapidé par Ali Bongo pour ses futiles opérations de charme.
FOLIE DU POUVOIR. Connaissant, parfaitement, le dossier gabonais quand il était au gouvernement, le nouveau président français, Emmmanuel Macron, pourra-t-il s’afficher avec Ali Bongo ? Alors que ce dernier s’est fait désigner, à coups de billets de banque, porte-parole des questions climatiques en Afrique centrale, il se rendra à la Cop 23 en novembre prochain à Bonn en Allemagne. Objectif : tenter de se faire une légitimité après l’expérience peu prometteuse de la 72è session de l’Assemblée générale de l’Onu, à New York.

Sur le plan intérieur, les choses vont de mal en pis. Le Gabon s’enlise dans une crise sans précédents. Le tyran se dépatouille à reprendre la main mais l’opération n’est pas une sinécure. Les derniers développements de l’actualité dans le pays laissent penser à raison que le dictateur Ali Bongo sombre dans une folie du pouvoir. Malgré les mises en garde de l’Union européenne (UE), son pouvoir continue de commettre de graves violations des libertés d’expression, de manifestation et de réunion dans le pays.