Le dictateur gabonais a nommé ses deux conseillers gouverneurs respectivement des provinces du Haut-Ogooué (sud-est) et du Woleu-Ntem (Nord), les sortant ainsi de l’arène politique nationale.
Jonas MOULENDA
C’est tout sauf un bon signe pour leur carrière politique. L’ancien ministre du Travail, Eloi Nzondo, et l’ancien directeur général des impôts, Joël Ogouma – qu’Ali Bongo avaient nommés conseillers politiques après leur éviction – s’éloignent davantage de l’arène politique nationale.

Eloi Nzondo aurait été victime d’un complot dans le cercle présidentiel.
Lors du dernier conseil des ministres des putschistes, tenu samedi, les deux hommes ont été nommés gouverneurs respectivement des provinces du Haut-Ogooué (sud-est) et du Woleu-Ntem (nord). « Ce n’est une promotion ni pour l’un ni pour l’autre. Ils ont perdu en poids politique. On connaît ce vaut un gouverneur dans notre pays », a estime un analyste politique.
Eloi Nzondo notamment tombe de son piedestal. Au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, il occupait le poste de secrétaire général adjoint chargé des relations avec les partis politiques. Un poste incompatible avec sa nouvelle fonction de gouverneur. « Il sort complètement du bureau politique du PDG, l’instance décisionnelle du parti. Il perdra nécessairement en influence », commente un hiérarque du PDG.
Sélon certaines indiscrétions, la dégringolade politique d’Eloi Nzondo aurait été planifiée par des proches collaborateurs d’Ali Bongo avec lesquels il n’était plus en odeur de sainteté ces derniers mois. Sa nomination est, en réalité, une façon élégante et polie de le sortir du sérail présidentiel. Toute chose qui n’est pas pour déplaire à son ancien mentor politique Jean-Boniface Assélé, leader du Cerle des libéraux réformateurs (CLR) qui avait mal digéré son déménagement avec armes et bagages pour le PDG.

Joël Ogouma lache les baskets à RAO
TRAVERSÉE DU DÉSERT. De même, le retrait de Joël Ogouma du cabinet présidentiel n’est pas dénué d’arrières-pensées. A travers cette décision, a-t-on appris, Ali Bongo a voulu laisser libre le terrain politique à Richard Auguste Onouviet (RAO), à Lambaréné, où le jeune technocrate gênait considérablement cet appatckik du régime, du reste, grand maître de la loge maçonnique qui a pignon sur rue au Gabon. L’ancien DG des impôts avait été lancé dans l’arène politique locale par le shebab Liban Soleiman et Denise Mekame, qui voulaient mettre fin à l’hégémonie de RAO.

Rigobert Ikambouayat Ndeka prend les rênes du gouvernorat de l’Estuaire.
Sur huit nouveaux gouverneurs, quatre se frottent les mains pour avoir obtenu des maroquins après une traversée de désert plus ou moins longue. Il s’agit de Rigobert Ikambouayat Ndeka, ancien directeur général de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag), une société parapublique. Les trois autres gouverneurs sont les anciens membres du gouvernement Marie-Françoise Dikoumba, Christiane Leckat et Paulette Mengue M’Owono qui se tournaient les pouces après leur éviction.
Ces nominations des gouverneurs putschistes n’arrêteront pas la grogne sociale croissante dans tout le pays. Les nouveaux administrateurs provinciaux vont subir la colère du peuple. Ils n’ont donc pas à se réjouir de leurs nouveaux postes qui pourraient très vite se révéler des cadeaux empoisonnés.

Parmi les anciens ministres qui obtiennent un maroquin, figure Marie-Françoise Dikoumba.