En pleine crise économique, le dictateur gabonais, Ali Bongo, n’a pas trouvé mieux que de passer la commande d’un nouvel avion. Cette fois-ci, il s’agit d’un Airbus A320-200.
Selon une source digne de foi, des émissaires de la présidence gabonaise étaient dernièrement au siège de la compagnie à Toulouse pour finaliser la transaction. D’après la source, l’appareil a couté 65 milliards de F CFA à l’État gabonais.
Ce prix englobe la cabine, le fuselage aile moteur et la version VIP. Le prix d’achat de l’avion aurait déjà été versé au constructeur français par les émissaires d’Ali Bongo venus spécialement de Libreville.
Le despote gabonais est fasciné par les appareils d’Airbus. A l’entame de son mandat, il affrétait un A 319 VIP de la compagnie Comlux Aviation à 11 000 euros l’heure. Les factures étaient payées par l’État gabonais.
C’est le quatrième avion que le despote achète avec l’argent du contribuable. En mai 2015, la présidence de la République gabonaise avait acquis un Gulfstreams 650 à 30 milliards de F CFA auprès d’un constructeur américain. Depuis l’année dernière, cet avion VIP sert aux nombreux voyages d’apparat du dictateur à travers le monde entier.
Ali Bongo continue de dépenser l’argent du contribuable pour satisfaire ses désirs personnels. Depuis le 5 janvier dernier, le despote a envoyé le Boeing 777-236 chez une société suisse dénommée Amac Aerospace pour un entretien technique et un réaménagement de grande envergure.
La société y installera des systèmes de communication et les systèmes multimédias, en sus de la modification de la cabine VIP. Le coût de l’opération serait estimé à plusieurs milliards de F CFA. Une nouvelle voie d’échappement des fonds au moment où le pays traverse une crise économique sans précédent.
TRANSACTIONS MAFIEUSES. D’après une source proche de la présidence de la République, le dictateur s’est résolu à envoyer le Boeing 777-236 en Suisse à la suite du retard accusé dans la réception d’un Airbus A319 VIP commandé à Toulouse. Airbus exigeait d’abord le paiement intégral du prix d’achat de l’appareil.
A en croire la même source, la présidence de la République avait décaissé la totalité de la somme. Mais Maixant Accrombessi et Liban Soleman, chargés de la transaction, auraient mis le grappin sur une partie du pactole, ne donnant qu’une avance à Airbus. D’où la décision de l’aviateur français de ne pas livrer l’appareil avant le paiement intégral du prix d’achat.
Très agacé, Ali Bongo avait donné dernièrement des instructions à la direction générale de recherches (DGR) pour entendre Liban Solemane et un pilote gabonais qui avaient effectué la mission à Toulouse pour s’acquitter des frais liés à l’achat de l’Airbus A319 VIP. Sentant l’étau se resserrer sur lui, Liban Solemane a fondu en excuses, allant pleurer à genou devant le raïs, non sans rejeter la responsabilité de la disparition de l’argent sur la seule personne de Maixant Accrombessi.
In fine, Ali Bongo, visiblement gêné aux entournures, a donné des instructions à la DGR pour surseoir la procédure contre son collaborateur. Pour contourner la difficulté, le despote a donc décidé d’envoyer le Boeing 777-236 en Suisse pour l’installation du confort qui l’avait subjugué dans l’appareil VIP qu’il utilisait à l’entame de son mandat en 2009.
La chambre à coucher d’Ali Bongo dans son avion
Photo: DR
La question que d’aucuns se posent à la présidence de la République est de savoir l’opportunité de cette nouvelle folie dispendieuse d’Ali Bongo au moment où le Gabon est dans la dèche noire.
L’année dernière, Ali Bongo avait décidé de vendre le Boeing 777-236 à cause de sa gestion très onéreuse. Son pilote était déjà mis en chômage technique. Aurait-il envoyé l’appareil en Suisse pour des réaménagements en vue de sa vente ? Rien n’est moins sûr. A la présidence de la République, le dossier est généré dans une opacité totale, alors qu’il s’agit d’un appareil acquis rubis sur ongle par l’Etat Gabonais.
Ce n’est pas la première fois que des transactions mafieuses sont conclues par Ali Bongo pour brader les avions de l’Etat. L’année dernière, un avion militaire de type Hercule 730 a été acheminé par voie maritime à Owendo pour une destination inconnue. « Des techniciens américains étaient venus pour tenter de le faire décoller. Suite à leur échec, l’avion a été embarqué dans un bateau, mais on ne sait pas ce qu’il est devenu. Il aurait été déjà vendu », a relevé une source proche des forces armées gabonaises.
