Les prêtres et les pasteurs des églises dites du réveil ont fixé au 25 octobre prochain la réouverture des lieux de culte, fermés officiellement pour cause de crise sanitaire. Mais le gouvernement ne veut pas l’entendre de cette oreille. Tout comme Le despote, qui s’est résolument rangé derrière ses ministres pour engager un bras de fer contre les serviteurs de l’Éternel.
Jonas MOULENDA
AU lieu d’engager un dialogue franc et direct avec les responsables des confessions religieuses afin de trouver un modus vivendi, Ali Bongo s’emploie plutôt à y opposer de pires expédients. Il aurait donné des instructions fermes à son gouvernement pour mater les fidèles qui voudront se rendre aux lieux de culte dimanche prochain, à l’appel de leurs aumôniers.
Un message radio d’un officier supérieur à l’intention des troupes a fuité jeudi sur les réseaux sociaux. Le message en question est un appel à la mobilisation des forces de sécurité et de défense pour empêcher l’ouverture des lieux de culte sur l’ensemble du territoire gabonais. Pourtant, les prêtres et les pasteurs n’en démordent pas. Ils comptent ouvrir leurs lieux de culte le 25 octobre prochain.

Le message radio qui a fuité sur les réseaux sociaux.
L’archevêque de Libreville, Mgr Jean-Patrick Iba-Ba et ses frères en Christ persistent et signe: les églises rouvriront dimanche prochain. Advienne que pourra ! Plusieurs messages dans ce sens sont relayés sur les réseaux sociaux par les internautes. Le bras de fer entre le gouvernement et les serviteurs de Dieu au Gabon suscite l’indignation même au-delà des frontières nationales.
L’attitude du gouvernement gabonais est critiquée même à l’étranger
Plusieurs pasteurs d’autres pays du continent sont déjà montés au créneau pour fustiger l’attitude du gouvernement gabonais. Celui-ci tente de dicter de nouvelles règles eucharistiques dans le pays, limitant à 30 le nombre de fidèles à une messe ainsi que le paiement de la dîme par voie électronique. Ces mesures annoncées , la semaine dernière, par le ministre de l’Intérieur, Lambert Noël Matha, ont suscité colère et indignation.
Le régime d’Ali Bongo est caractérisé par le recours à la violence comme mode de gouvernance.
Les opposants sont pourchassés et enlevés, les journalistes sont menacés de mort, les activistes sont brutalisés et jetés en prison. La vie politique gabonaise demeure profondément marquée par l’arbitraire depuis l’élection présidentielle du 27 août 2016. Depuis son passage en force, Ali Bongo a mis en place une dictature féroce, broyeuse de vies et de destins. Du coup, une ambiance délétère règne à travers tout le pays.
Par la volonté d’un seul homme, se rêvant en monarque absolu, violant à sa convenance la Constitution, le Gabon est aujourd’hui au bord de l’implosion. Le despite en décri veut à tout prix rester au pouvoir. Quitte à ce que la terre du Gabon perde sa verdure et devienne rouge-sang ! Dans ce schéma funambulesque, il a surarmé les forces de sécurité et de défense ainsi que des milices formées la veille l’élection présidentielle.

L’église catholique a pris la tête de la contestation des mesures dictatoriales.
Après s’être attaqué aux opposants, c’est désormais à Dieu, via ses serviteurs, qu’Ali Bongo a décidé de livrer la guerre. Avec l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime le 24 octobre 2018 à Riyad, en Arabie Saoudite, certains Gabonais avaient pensé qu’il deviendrait un peu plus humain. C’était sans compter avec l’instinct bestial de tyran. A en croire son entourage, il est devenu plus méchant que par le passé.
La tyrannie instaurée par l’usurpateur, son épouse Sylvia Bongo et leur fils Nourredin Bongo, est de nature à faire voler en éclats la paix que le pouvoir a toujours brandie au bout du canon. L’entêtement des autorités gabonaises à maintenir les lieux de culte fermés et à bâillonner tout un peuple n’est pas de nature à préserver cet acquis qui faisait pâlir de jalousie d’autres pays du continent africain. La fermeture des églises constitue non seulement une agression de la foi mais une provocation. Elle sape les fondements de la làïcité et ouvre une période d’incertitude pour le Gabon, jadis fleuron de l’empire africain.
Les Gabonais se retrouvent aujourd’hui devant une situation potentiellement explosive aux conséquences imprévisibles. Depuis la confiscation du pouvoir par Ali Bongo et son clan mafieux, des mouvements de contestation se développent partout à travers le pays. Même dans des villes réputées comme des bastions du Parti démocratique (PDG), au pouvoir. Manifestement, il s’agit d’une lame de fond traduisant des aspirations démocratiques propres à bousculer le régime autocratique.
Aujourd’hui, le régime tyrannique se croit tout autorisé: molester le peuple, arrêter les opposants, torturer les activistes et faire taire les journalistes ainsi que les serviteurs de Dieu. Le Gabon voit ainsi surgir en grande pompe sur la scène de son histoire politique un tyran avec des délires de grandeur sans bornes. Mais ce qu’Ali Bongo ignore, c’est que sa dictature broyeuse de vies et de destins est en train de réunir tous les ingrédients d’un cocktail explosif.
Instinct de fin de vie ou de règne.
Un serpent continue à susciter la peur.