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Annie Kawouma, alter ego du candidat indépendant Saturnin Odouma, au 1er siège du département de la Ndjouori-Agnili, à Bongoville, a cédé à une forte pression exercée sur elle par le clan Bongo, qui l’a séquestrée et menacée à l’aide d’un pistolet automatique.

Jonas MOULENDA

Le clan Bongo, qui gouverne le Gabon depuis 50 ,ans,. prend le pays pour un bien familial. Toute personne qui ose lui faire obstruction paie cash son outrecuidance. Annie Kawouma,42 ans, suppléante de Saturnin  Odouma, candidat indépendant au 1er siège du département de la Ndjouori-Agnili dont le chef-lieu est Bongoville, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est), vient d’en faire la triste expérience.

Lundi, la quadragénaire, employée à l’agence provinciale de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) de Franceville, a été enlevée intra-muros par des sbires du régime. Ces derniers  l’ont  immédiatement déportée au palais présidentiel situé au bord de la M’passa, où elle a été ensuite séquestrée vingt-quatre heures durant.

D’après nos informations, la directrice générale de la Cnss, Nicole Assélé, du reste, cousine d’Ali Bongo, a sommé Annie Kawouma de signer hic nunc une lettre de démission déjà rédigée. Devant son refus, a rapporté la source, un sicaire du pouvoir a sorti un pistolet automatique, qu’il a ensuite pointé à la suppléante de Saturnin Odouma.

Un sbire du régime lui a pointé une arme à la tempe pour l’amener à signer la lettre de démission

La jeune femme qui craignait pour sa vie a finalement cédé à la forte pression du clan Bongo, mardi en milieu de soirée. Arme sur la tempe, Annie Kawouma a donc signé la lettre qui lui a été présentée par Nicole Assélé. Aussitôt, le courrier a été envoyé au siège de la commission provinciale du Centre gabonais des élections (CGE).

La lettre de démission signée sous la menace d’une arme.

A travers cette démarche sauvage et péremptoire, la famille Bongo voulait obtenir l’invalidation de la candidature de Saturnin Ondouma, principal adversaire de Malika Bongo, fille aînée du dictateur Ali Bongo, candidate au 1er siège de la Ndjouori-Agnili. Un terrain politique qu’elle ne maîtrise pas du tout.

C’est pendant qu’il animait un meeting au village Souba que le candidat indépendant a appris la démission forcée de sa suppleante. Il ne l’avait pas revue depuis lundi. C’est par messagerie qu’il communiquait avec elle ces dernières heures. Dans ses premiers messages, Annie Kawouma avait déclaré subir une forte pression de la famille Bongo. Celle-ci, avait-elle reconnu, la sommait de démissionner pour invalider la candidature de son compagnon politique.

Outre la famille Bongo, dame Kawouma a déclaré avoir subi la pression de son mari, Innocent Olouna, frère cadet de l’ancien ministre Ernest Mpouoh, cousin du dictateur Ali Bongo. L’intéressé, directeur technique à l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM), aurait menacé sa compagne de rupture, mettant ses effets dehors.

Les derniers messages de dame Kawouma à son compagnon politique.

Des pressions tous azimuts qui ont donc contraint la jeune femme à capituler. Dans ses derniers messages, elle a exprimé toute sa désolation au candidat titulaire. Joint au téléphone par Matin d’Afrique, Saturnin Odouma a promis introduire un recours en annulation de cette décision, étant donné que sa suppléante a fait l’objet d’une séquestration. Obtiendra-t-il gain de cause ? Rien n’est moins sûr.

D’après nos sources, Nicole Assélé a agi sous l’impulsion du despote Ali Bongo  qui, dit-on, voudrait voir sa fille en terrain conquis à Bongoville pour triompher sans ambages. Malheureusement, la méthode utilisée pour blackbouler son adversaire gênant est répréhensible. Le tyran gabonais a fait ce que son père n’a jamais fait: annuler une candidature gênante par la force.