Si ce roitelet d’Akieni, le chef-lieu du département de Lekoni-Lekori, dans la province du Haut-Ogooué (sud-est du Gabon), a encore un cœur, il doit être bourrelé de remords. L’année dernière, il a tué un jeune, Gerold Oboulou, 24 ans, au volant de son véhicule. Son statut de secrétaire général du gouvernement à l’époque et membre du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, l’a exempté des ennuis judiciaires.
Jonas MOULENDA
Ali Akbar Onanga, qui se croit au-dessus de la loi, n’avait pas daigné rendre des comptes à la justice, après avoir tué le jeune Gérold Oboulou. Si son rang social lui a permis d’éviter des ennuis judiciaires, il n’en demeure pas moins que sa conscience l’a jugé et condamné à plus long terme. De fait, l’ombre du défunt flotte à certaines étapes de sa tournée de campagne électorale.
Ce ce Jeudi 31 août 2017, il avait agi comme s’il avait percuté un cabri. Au volant de véhicule de marque Jeep de type Wangler, de couleur noire, immatriculé DH 510 AA, il a mortellement fauché le jeune Oboulou, vers 19heures à Omoye, localité située à 62 km de Franceville, le chef-lieu de la province du Haut-Ogooué.
Le véhicule roulait à toute biture, dans le sens Franceville-Akiéni. Il avait soudainement dérapé, percutant de plein fouet le piéton qui poussait une brouette à l’aide de laquelle il transportait un régime de banane.
Ali Akbar Onanga avait fait comme s’il avait tué une simple chèvre
Le choc avait été si violent que le jeune homme est mort hic et nunc. Son corps amoché a été retrouvé gisant dans une mare de sang sur la voie au bord de laquelle il marchait. « Nous n’avons pas encore oublié cet accident et le comportement que le conducteur et propriétaire du véhicule a adopté. Il avait fait comme s’il venait de tuer une chèvre, » s’est souvenu un riverain.

Ali Akbar Onanga, un hors-la-loi
Après le drame, Ali Akbar Onanga a pris la poudre d’escampette. C’est un fonctionnaire à la retraire, témoin oculaire de l’accident, qui a donné l’alerte à la brigade de gendarmerie d’Akiéni. Rattrapé, il a prétendu que c’était son fils Macky Onanga qui conduisait, alors que c’était lui-même. Le conducteur ne s’est même pas présenté aux autorités judiciaires qui voulaient l’auditionner.
Le procureur de la République et les officiers de police judiciaire s’étaient montrés impuissants. Ali Akbar Onanga a plutôt tenté de régler l’affaire à l’amiable alors qu’il y avait mort d’homme. Réfractaire à ses propositions, la famille du défunt Gérold Oboulou a subi de fortes pressions pour ne pas porter plainte contre le conducteur du véhicule à l’origine de la mort de leur fils.
Aujourd’hui, c’est même Ali Akbar qui revient dans leur village solliciter les suffrages des riverains parmi lesquels les parents de sa victime. Il pense que le mal qu’il leur a fait s’est effacé de leur mémoire. « Nous allons le sanctionner aux urnes samedi prochain. On ne peut pas voter un homme comme lui. Ce serait lui donner encore plus de pouvoir de nous opprimé, » a juré un étudiant originaire d’Omoye.