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La France, par le truchement de son géant pétrolier, a volé au secours de la junte au pouvoir, en consentant une avance sur production, au moment où les militaires menaçaient de se soulever si leurs salaires n’étaient pas versés. 
Jonas MOULENDA
Le Gabon a frôlé une mutinerie. Les militaires, prévenus par leurs chefs hiérarchiques des difficultés de trésorerie de l’Etat pouvant d’entraîner un retard de paiement de leurs salaires, menaçaient de faire parler d’eux.
Selon une source proche du ministère de la Défense nationale, les autorités gabonaises auraient contracté un prêt pour payer prioritairement les salaires des militaires pour le mois courant, afin d’éviter une mutinerie. « La semaine dernière, les généraux avaient réuni les troupes, leur demandant d’être patientes mais elles ne s’étaient pas montrées réceptives, » a confié la source.
Et de renchérir: « Quand les militaires ont appris que leurs salaires seraient payés avec un retard, certains ont répondu qu’ils ne sont pas responsables de la banqueroute du pays et qu’ils n’avaient pas des sacrifices à consentir. Cette réponse a fait paniquer leurs chefs, qui l’ont finalement répercutée aux plus hautes autorités du pays pour désamorcer la grogne. « 

Comme dans toutes les dictatures, le pouvoir d’Ali Bongo privilégie les militaires pour éviter un putsch

Mesurant le risque que faisait planer sur leur régime le non-versement des salaires des fonctionnaires, le dictateur Ali Bongo aurait mis à contribution ses lobbies pour solliciter unde Total France, la deuxième tranche promise par le FMI n’étant pas encore disponible. Le géant pétrolier français a finalement volé au secours du gouvernement gabonais, en butte de graves difficultés de trésorerie  depuis l’élection présidentielle du 27 août 2016.

Les militaires sont craints par le pouvoir. 

Total France, a consenti  une avance sur production. Autrement dit, le Gabon a vendu en avance son pétrole. Ce qui sous-entend que Total ne versera pas la totalité des redevances de l’or noir jusqu’au recouvrement total de sa créance. Une méthode utilisée par la présidence de la République gabonaise en juin 2016. Le gouvernement gabonais avait perçu 4 000 milliards de FCFA correspondant à une avance sur des recettes de cinq années.
Les caisses de l’Etat gabonais sont désespérément vides. D’habitude, les militaires sont payés par le Trésor public. Selon une source proche du ministère du Budget, la compagnie pétrolière française Total aurait payé les salaires des forces de sécurité et de défense pour le mois courant pour éviter une mutinerie dans le pays. Mais jusqu’à la France, par l’entremise de cette société, sauvera-t-elle les meubles ?

L’Etat gabonais est condamné à emprunter de l’argent pour payer les salaires des fonctionnaires

D’après une source proche de la comptabilité publique, la fin du calvaire des fonctionnaires gabonais n’est pas pour demain. Le gouvernement  empruntera aussi longtemps que possible ce chemin de croix pour honorer ses engagements financiers. Le Gabon est plongé dans une conjoncture économique et financière sans précédent. Toutes les jarres de l’Etat sont percées. « Les autorités ne disent pas la vérité. Notre pays est presqu’en cessation de paiement. Nous vivons désormais d’emprunts. Ne soyez pas surpris que du jour au lendemain, les fonctionnaires soient privés de leurs salaires », a prévenu la source.

Le Trésor public est fauché.

Au Gabon, l’Etat a coupé tous les avantages aux fonctionnaires : plus de primes, Bonus, PIP, etc. Ils se contentent plus que de leur maigre salaire de base. Parfois, celui-ci  n’est pas disponible au Trésor public. La situation est générale dans toute l’administration publique gabonaise. Le gang d’Ali Bongo a considérablement ruiné le pays.
La chute du prix du baril du pétrole ne pourrait en aucun cas être brandie comme la cause principale de la crise financière actuelle. Moins encore être un bouc émissaire pour justifier l’économie gabonaise qui est actuellement en péril. L’oligarchie cleptomane du régime en place a détourné les fonds publics et les a ensuite envoyés dans les plaques tournantes d’une économie souterraine axée sur des capitaux non réglementés.