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Depuis quelques années, l’on assiste à un phénomène inquiétant dans l’appareil étatique. Les tenants du pouvoir entretiennent des rapports sexuels avec des jeunes garçons pour des considérations mystico-spirituelles. Cette pratique qui tranche avec les valeurs ataviques est en passe de devenir une normalité dans le pays.

Jonas MOULENDA 

La  pédérastie est sortie du champ des mythes et de l’imaginaire pour désormais tutoyer le sommet de l’État et toutes les instances décisionnelles, entre clandestinité et visibilité homéopathique. Aujourd’hui, tous les gouvernants ou presque sont soupçonnés d’entretenir cette pratique au Gabon.

Du président de la République au ministre, tous sont pointés du doigt, tant ils se murent dans un grand silence, malgré de nombreuses récriminations. Le phénomène s’est d’ailleurs fait  jour à partir de 2009, avec l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo et de ses copains. Ces derniers sont accusés, à tort ou à raison, d’avoir fait de cette pratique immorale une valeur cardinale dans leur milieu. «Quand un jeune sollicite un emploi après ses études, on lui demande de donner d’abord son derrière », avance un jeune prêtre.

La justice gabonaise se montre impuissante devant la montée du phénomène.

Le Gabon semble entré résolument dans l’ère de la révolution sexuelle, mais la pédérastie décriée n’est pas une simple orientation sexuelle. « C’est un phénomène qui obéit à des rites maçonniques. C’est à travers l’acte sexuel que les membres de la confrérie subtilisent les chances et de l’énergie aux jeunes. Autrement dit, ils prennent l’étoile de leur victime pour briller », explique un spécialiste de la métaphysique.

Les réseaux sont plus denses qu’on ne le pense. Ils ont des ramifications insoupçonnées dans tous les milieux sociopolitiques du pays. De la présidence de la République aux ministères, en passant par le parlement et d’autres institutions. Le 25 mars 2016, se souvient-on, un ministre et trois sénateurs ont  violé un jeune homme dans l’enceinte même du sénat. Le crime s’est passé entre chien et loup, au moment où les autres parlementaires étaient déjà rentrés chez eux.

INFECTION ANALE. L’affaire fut étouffée dans l’œuf par les gouvernants, visiblement gênés aux entournures. La police qui a voulu démêler les fils de l’écheveau avait été vite rappelée à l’ordre par la présidence de la République. « Nous avions été saisis par le plaignant mais on nous a demandé de stopper l’affaire. Nous ne pouvions rien faire. Vous connaissez comment les choses se passent dans notre pays », confie un agent du service des mœurs de la Police judiciaire (PJ) à Libreville.

Le sénat, théâtre d’un acte de pédérastie qui a choqué la conscience collective.

En février 2017, Jean François Yanda, alors député du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, fut accusé  d’acte de pédérastie fétichiste sur un jeune qui s’est retrouvé avec une infection anale et des asticots. L’enquête ouverte par le parquet de Franceville a fait chou blanc, en raison des pesanteurs politiques, la pédérastie étant parrainée par le pouvoir. De nombreux jeunes garçons victimes de cette pratique portent de couches. « Ali Bongo et ses copains puisent leur énergie à travers la sodomie sur de jeunes garçons », accuse un pasteur.

La pratique a fait tache d’huile dans toutes les strates sociales.  C’est ainsi que cinq hommes ont violé un mineur de 16 ans toujours en février 2017 à Moanda. Il s’agit de Christ Simangoye, Crufin Mibindou, Jean François Poungou Mouyoumha, Khalil Abdoulaye et Seydou Diop. Les cinq individus ont été placés sous mandat de dépôt par le parquet de Franceville, au terme d’une enquête menée par la brigade de gendarmerie de Moanda.

Les cinq auteurs d’un acte de pédérastie sur un mineur à Moanda.

Selon certaines indiscrétions, la présidence de la République serait la citadelle de la pédérastie à des fins fétichistes. Le plus souvent, des jeunes hommes vont rendre visite de manière fréquente aux fonctionnaires aisés qui y travaillent. Ils passent des heures et des heures ensemble. Et ce qui est étonnant, rapporte-t-on,  ils s’enferment longtemps dans les bureaux. De là, on peut deviner ce qu’ils peuvent faire une fois à l’abri des regards.

Pis, renchérit un fonctionnaire de la présidence de la République, des proches d’Ali Bongo organiseraient régulièrement des casting  pour sélectionner les proies. Plusieurs jeunes sont inconsciemment entrainés chaque dimanche dans une piscine située dans l’une des résidences de la famille Bongo pour le casting. « Les collaborateurs du président attirent souvent ces jeunes avec des friandises diverses », dénonce la source.

Des adolescents représentant pourtant l’avenir du pays donc sont livrés aux sollicitations pernicieuses. En mal de repères, ils sont d’autant plus vulnérable. Malgré les dégâts causés par la pédérastie au Gabon, les gardiens de la morale restent motus et bouche cousue, de peur de subir des représailles de la part du pouvoir qui en est le parrain.