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Président de la République, Vice-président, Premier ministre, ministres, ministres délégués, Haut représentant personnel du chef de l’Etat, Directeur de cabinet du président, président du conseil d’administration de l’agence nationale des grands travaux et des infrastructures (ANGTI), etc. La machine étatique gabonaise obéit à une hiérarchie de mafia qui ruine considérablement le pays. Enquête sur les revenus perçus par ceux qui gouvernent le Gabon.

Jonas MOULENDA

Le despote, son Premier ministre Issoze Ngondet et son directeur de cabinet Brice L’accruche Alihanga.

LE lait et le miel coulent dans toutes les instances décisionnelles de l’Etat. Chacun, à son niveau, réalise ses rêves de confort matériel et financier. Dans cette mare aux piranhas, celui qui se taille la meilleure part du gâteau est le président de la République (par défaut), Ali Bongo, avec des revenus annuels oscillant entre 1 000 et 2 000 milliards de F CFA dont des fonds de souveraineté de l’ordre de 200 milliards de F CFA.

Entre 1000 et 2000 milliards de gain annuel pour Ali Bongo 

Son prédécesseur de père, Omar Bongo, avait un gain annuel de 500 milliards de F CFA dont 50 milliards de fonds de souveraineté. Mais l’apprenti monarque, lui, connu pour ses appétits pécuniaires boulimiques, s’est taillé un salaire mensuel de 1,4 milliards de F CFA. D’après un haut fonctionnaire du Trésor public, ses revenus annuels perçus entre 2010 et 2016 se sont élevés à 2000 milliards C FA.

Ali Bongo et ses acolytes Issoze Ngondet et Maganga Moussavou

La crise économique dans laquelle le pays est empêtré depuis deux ans l’a amené à revoir, à la baisse son gain. Ainsi, il perçoit 1 000 euros par an depuis 2017. Ce montant englobe des gains directs mais également des revenus issus des 8% de la vente des produits pétroliers, des royalties et de tout autre investissement.

La deuxième personnalité de l’Etat qui se sucre sur le dos du contribuable est l’opposant alimentaire, Pierre-Claver Maganga-Moussavou. Un budget annuel de 89 500 000 F CFA est prévu pour son institution, mais Ali Bongo a prévu deux 6 milliards par an pour son nouvel allié débauché dans l’opposition. « Pour entrer en possession de ces fonds, le vice-président écrit au ministre de l’Economie. Ce dernier donne ensuite des instructions au directeur général du Budget pour exécution », a expliqué une source proche du Trésor public.

Des fonds spéciaux de 4,2 milliards pour Issoze Ngondet 

Officiellement, le Premier ministre des putschistes, Franck Emmanuel Issoze Ngondet, a un budget annuel de 479 millions FCFA. Mais il gagne beaucoup plus. « Ses fonds spéciaux s’élèvent à 4,2 milliards par an. On évite de publier ces chiffres pour éviter la colère populaire. Ce sont des arrangements entre le président et ses collaborateurs. A notre niveau, nous ne faisons qu’exécuter des instructions », renchérit un autre fonctionnaire de la comptabilité publique.

Le budget de 479 millions FCFA affiché ne concerne que les charges de la primature. Il comprend notamment 75 millions FCFA pour le carburant des véhicules de fonction et 140 millions de frais de mission et de déplacement. Pour l’entretien et les réparations des véhicules d’Emmanuel Issoze Ngondet, le contribuable gabonais a payé 20 millions FCFA en 2012 tandis que pour couvrir des dépenses non identifiées regroupées sous la rubrique « Autres », une enveloppe budgétaire de 20 millions FCFA a été prévue.

Le despote et ses copains considèrent le Gabon comme un gâteau familial.

Les ministres d’Etat gagnent officiellement 78 millions de F CFA par ans, mais ils ont des fonds occultes fixés par le président. Ils varieraient entre 500 millions de F CFA et 1,5 milliards de F CFA. D’après un responsable du ministère du budget, tous les ministres ne sont pas logés à la même enseigne. Il y aurait ministres amis personnels d’Ali Bongo, qui bénéficieraient d’un traitement de faveur, comme ce fut le cas avec son filleul Magloire Ngambia, qui recevait 500 millions de F CFA de salaire par mois.

Parmi les favorisés, on cite Régis Immongault, Ali Akbar Onanga, Jean-Fidèle Otandault, Christian Magnagna, Lambert Noël Matha, Jean-Marie Ogandaga. Ils toucheraient entre 50 et 150 millions de F CFA par mois. Or, les montants officiels sont de l’ordre de 58 millions FCFA par an pour les ministres, 78 millions FCFA pour les ministres d’Etat. Officiellement, un ministre a un solde de base net mensuel de 2,9 millions FCFA, ce qui fait 34,8 millions FCFA à l’année. A ce montant, s’ajoute une prime trimestrielle 6 millions FCFA qui correspond à des fonds politiques payés en mars, juin, septembre et décembre. Officiellement, un ministre d’Etat perçoit en moyenne 6,5 millions FCFA par mois.

Ali Bongo dit avoir recruté Maixant Accrombessi et Liban Soleiman en tant qu’experts

75 millions par mois pour Accrombessi, 60 millions pour Liban Soleiman et 25 millions pour Laccruche Alihanga

Maixent Accrombessi, Haut représentant personnel du chef de l’Etat, perçoit un salaire mensuel de 75 millions depuis qu’il était directeur de cabinet. Même traitement de faveur pour Liban Soleiman, ancien chef de cabinet d’Ali Bongo, nommé président du conseil d’administration de l’agence nationale des grands travaux et des infrastructures (ANGTI). « Ces deux-là ne sont pas fonctionnaires. Ils sont considérés comme des experts. C’est le président qui a fixé leur salaire. Il en de même pour Jean-Fidèle Otandault. Il n’était pas fonctionnaire lorsqu’il a été recruté par le ministère de l’Economie. L’Etat lui reversait déjà un salaire mensuel de 15 millions de F CFA », confie une source proche du Trésor.

150 millions par trimestre pour Joséphine Nkama, 120 millions par mois pour Sylvia Bongo et 20 millions pour Nourredine Bongo

Si Maixent Accrombessi a eu l’heur de percevoir un salaire mirobolant de 75 millions au poste de directeur de cabinet, tel n’est pas le cas pour Brice Laccruche Alihianga. Ce dernier gagne un salaire mensuel de 25 millions de F CFA. Il arrondit les fins de mois avec des prébendes. Les directeurs généraux du Budget, du Trésor, des impôts, de la douane et des hydrocarbures jouissent des fonds spéciaux oscillant entre 1 et 2 milliards de F CFA. Tout comme la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo qui toucherait 3 milliards de F CFA par an.

Ali Bongo et sa famille coûtent cher au Gabon pour rien.

Joséphine Nkama Dabany, la mère adoptive d’Ali Bongo reçoit un salaire trimestriel de 150 millions de F CFA en tant qu’ancienne première dame du Gabon. L’argent est payé rubis sur ongle par le Trésor public gabonais. Sylvia Bongo, l’épouse du dictateur, elle, bénéfice d’un salaire mensuel de 120 F CFA et des fonds spéciaux d’un montant annuel de 3 milliards de F CFA en tant que première dame, alors qu’il s’agit d’un statut qui est sans prérogatives au Gabon. En 2013, l’épouse d’Ali Bongo avait empoché une somme de 18 milliards de F CFA pour commanditer une étude sur la pauvreté par le biais du cabinet d’étude américain McKinsey & Company dont elle aurait supervisé le rapport portant stratégie d’investissement humain.

Tous les enfants laissés par Omar Bongo ont un salaire mensuel de 2 millions de F CFA versés par le Trésor public à leurs comptes bancaires respectifs domiciliés à BGFI. Par ailleurs, Nourredine Bongo, le fils aîné d’Ali Bongo, qui a déjà un bureau à la présidence de la République a un salaire mensuel de 20 millions de F CFA versé par le Trésor public, en sus de son salaire de 5 millions de F CFA en tant que directeur général adjoint (officieux) de la société malaisienne Olam, nouvelle ventouse de la famille Bongo pour capter les fonds publics.