Le courant baptisé Actions et perspectives pour le président de la République (APPR) se propose de mettre fin à l’hégémonie du mouvement des profito-situationistes gravitant autour du dictateur Ali Bongo.
Jonas MOULENDA
LE 11è congrès du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, prévu au mois de novembre prochain à Libreville, ne s’annonce pas une partie de plaisir pour le courant des opportunistes baptisé Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo).
Un vent de fronde souffle très fort ces derniers temps au sein de ce parti. Les hiérarques de celui-ci ont décidé de mettre fin à l’hégémonie de ce groupe d’opportunistes qui, selon eux, ne servent pas les intérêts d’Ali Bongo et du Gabon. Après avoir longtemps observé les facéties d’Ali Akbar Onanga, Alain-Claude Billie By Nze, Pacôme Moubelet, Blaise Louembet et tutti quanti, les apparatchiks de l’ex-parti unique ont donc décidé prendre leurs responsabilités.
C’est ainsi qu’ils viennent de créer un nouveau mouvement politique dénommé « Actions et perspectives pour le Président de la République (APPR). Ce nouveau courant politique regroupe de vieux compagnons et défenseurs du régime. « On y trouve toutes les générations du PDG, les aînés, les jeunes, les femmes et de vieux pédégistes lassés de voir les vampires qui tournent au tour du président saboter ses actions », explique une source proche du PDG.

D’après la même ource, l’APPR regroupe des membres du gouvernement originaires de la province de la Ngounié, du Haut-Ogooué, de l’Ogooué-Ivindo, de la Nyanga et du Moyen-Ogooué. « Ils entendent par des réflexions et des actions nourries dynamiser davantage l’action d’Ali Bongo en faveur d’un meilleur développement économique, social et culturel », a expliqué la même source.
Lors de leur première réunion à Libreville, les fondateurs d’APPR ont juré, la main sur le cœur, de mettre fin à l’hégémonie et à l’opportunisme des membres du Mogabo qui, ont-ils déploré, ne servent que des intérêts égoïstes. Au sein du PDG, ils sont accusés de vouloir précipiter la chute d’Ali Bongo et de prendre le pouvoir. « Le Mogabo est un groupe d’opportunistes prêts à tout pour le pouvoir. C’est ce mouvement qui est à l’origine de la démission forcée de Faustin Boukoubi. Le Mogabo a trop fait ; ça suffit comme ça ! », a estimé un hiérarque du PDG.
MORT DU MOGABO. C’est informé de velléités des membres de l’APR que le Mogabo tente de freiner de quatre fers la tenue du 11è congrès du PDG destiné à célébrer sa messe de requiem. Ali Akbar Onanga, Alain-Claude Billie By Nze, Pacôme Moubelet, Blaise Louembet, Denise Mekame et d’autres opportunistes qui craignent de perdre leur bifteck ne cessent de multiplier des contre-feux pour que ce congrès savamment préparé par les conservateurs du PDG ne se tienne pas.
L’APPR, a-t-on appris, entend se transformer au cours du temps, agréger de nouvelles forces et demeurer l’épine dorsale du pouvoir. La naissance de ce courant pourrait servir alors la stratégie d’union des militants et de conquérir un espace électoral très important et de ratisser large aux prochaine échéances électorales, après la débâcle d’Ali Bongo à la présidentielle du 27 août 2016.
Mais le but des initiateurs du Mouvement est inédit : installer un nouveau clivage pro/anti Bongo et bousculer en profondeur la bipolarisation qui domine la vie politique ces dernières années. Après les forces centripètes des profito-situationnistes du Mogabo, ce sont les forces centrifuges qui sont à présent à l’œuvre : les tentations de fonder un mouvement républicain se multiplient et transforment les fidélités traditionnelles aux partis.
La naissance d’APPR risque donc de s’accompagne de la mort du Mogabo qui exaspère plus d’une personne à cause de l’arrogance et du mercantilisme de ses membres. Aujourd’hui, il est aisé de pronostiquer que le Mogabo ne survivra qu’à la condition d’un vaste changement d’ambitions et de mode d’intervention. Mais il semble trop pour ce courant politique de développer de nouvelles survivances.
La dernière bataille de survie ne s’annonce pas une sinécure. Les fondateurs de l’APPR veulent profiter de leurs poids politiques pour donner un nouveau souffle au régime moribond. Ils ont à cœur d’opérer de profondes transformations. Le mouvement se veut plus structuré pour se donner un appareil centralisé avant d’aller à la conquête des trophées politiques qui manquent au régime obsolète en place. Tout un challenge !