Matins d'Afrique

Ouagadougou, nuit d’attentat, nuit d’horreur

Les forces de sécurité et de défense du Burkina-Faso ont défendu la nation agressée. (Photo. DR)

Partager l'article

Dimanche soir, un café-restaurant situé sur l’avenue Kouamé Krumah à Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso, a été le théâtre d’une attaque terroriste. Dix-huit personnes dont des étrangers y ont péri. Deux assaillants ont été tués lors de l’assaut mené par les forces de sécurité et de défense burkinabè. Retour sur une nuit cauchemardesque.

Daouda OUEDRAOGO

DIMANCHE 13 août 2017. Il est déjà 21h30. Ouagadougou, la capitale burkina-Faso est calme. La ville semble atone après un week-end mouvementé. A cette heure de la soirée, certains établissements commerciaux sont déjà fermés, fors les restaurants et les hôtels.

Sur l’avenue Kouamé Krumah, le temps semble s’être arrêté. Des véhicules sont garés de part et d’autres de la chaussée. De temps à autre, des silhouettes se dessinent dans la pénombre. Ce sont des jeunes qui arpentent cette voie très fréquentée. Certains s’y retrouvent pour fumer une cigarette et revivre les temps forts de la journée.
Rien ne présage d’une nuit d’horreur. C’est le calme avant la tempête. Quelques minutes vont encore s’égrener avant que les choses se gâtent. Il est 21h 23. Soudain, quatre hommes débarquent en moto au café-restaurant Aziz-Istanbul. Ils ont des armes dissimulés dans leurs sacs. Aussitôt arrivés, ils sortent leurs fusils et ouvrent sur des clients assis paisiblement à la terrasse.

Ouagadougou, nuit d’attentat, nuit d’horreur. C’est le début du carnage. Dès les premiers coups de feu, les occupants des habitations voisines ferment portes et volets. « Entrons vite à la maison ! Entrons ! », crie une femme qui veillait à la terrasse avec trois ses enfants. Des corps jonchent déjà le sol et les assaillants continuent à mitrailler.

C’est la débandade sur l’avenue Kouamé Krumah. Les jeunes qui y flânaient ont détalé à la vue des assaillants. D’autres sont réfugiés dans les habitations environnantes. Terrifiés par les premières images de l’attaque terroriste, certains passent rapidement des coups de fil en direction des autorités. Il faut faire vite pour limiter les dégâts.

ANGOISSE. Ouagadougou, nuit d’attentat, nuit d’horreur. A l’hôtel Bravia voisin, c’est aussi la panique. Clients et personnels de l’hôtel s’y sont terrés, convaincus qu’après le café Aziz-Istanbul, les assaillants y feraient irruption. Les clients sont cloîtrés dans leur chambre. Le spectre de l’attaque du 15 janvier 2016 qui a fait 30 morts et 71 blessés ressurgit avec une violence inouïe. Les responsables de l’hôtel multiplient les alertes à l’attentat.

L’heure est très grave. Les assaillants sont désormais retranchés dans les étages au-dessus du café Aziz-Istanbul avec un certain nombre d’otages. Une demi-heure plus tard, l’armée, la police et la gendarmerie arrivent sur les lieux. Le quartier est immédiatement bouclé. Puis commence un échange de tirs. Les blessés sont évacués par vague à l’hôpital Yalgado. Au sol, gisent dix-sept personnes.

Il est 22h30. La nation burkinabè est agressée. Le ministre de la Communication, Remis Dandjinou, passe à la télévision pour annoncer l’attaque terroriste et dresser le premier bilan. Il parle de 17 morts parmi lesquels des Burkinabè et des étrangers. L’information passe en boucle sur la chaîne nationale. Les réseaux sociaux en font aussi large écho. Ceux qui n’ont pas les nouvelles de leurs proches les appellent pour avoir le cœur net.

Ouagadougou, nuit d’attentat, nuit d’horreur. Il est déjà 23heures passées. Un calme précaire règne sur l’avenue Kouamé Krumah. La zone est toujours barricadée. Des tirs sporadiques sont encore entendus par les riverains. La situation est sous contrôle, mais ce n’est pas encore la fin des hostilités. Les sirènes des ambulances et des véhicules de la police aiguisent l’angoisse des riverains terrés chez eux. Personne n’ose pointer son nez au dehors, de peur d’être abattu par les assaillants.

La nuit s’écoule lentement. Les forces de sécurité et défense sont toujours à pied-d’ œuvre pour défendre la nation en danger. Elles sont déterminées à en finir avec les terroristes retranchés aux étages supérieurs du café-restaurant Aziz-Istanbul. Ouagadougou, nuit d’attentat, nuit d’horreur. Il est 4heures du matin. L’armée, la police et la gendarmerie donnent un dernier assaut qui va durer plus que les précédents. A la fin des hostilités, le théâtre de celles-ci ressemble à un champ de guerre. Partout, des corps, du sang et des impacts de balles.

 

Quitter la version mobile