Matins d'Afrique

De nombreuses jeunes femmes vendent leur corps pour joindre les deux bouts. (Photo: DR)

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Montée vertigineuse de la prostitution

Marcia GUIKOMOU

LA grave crise que traverse le Gabon a des conséquences dramatiques sur la vie de nombreuses composantes de la société. Ainsi, des phénomènes tels que la prostitution sont désormais en pleine expansion à travers tout le pays. Un nombre croissant de femmes se livre à cette pratique pour joindre les deux bouts.

Pis, même des mineures, dont l’âge varie entre 14 et 17 ans, sont entrées dans la danse. Elles ont même ravi la vedette aux femmes adultes à Libreville et dans l’arrière-pays, où jusqu’ici, il était pourtant rare de trouver des commerçantes du sexe de cette tranche d’âge. Certaines actrices sont des enfants en rupture familiale ou des orphelines qui n’ont pas d’autres choix que de prendre cette activité pour trouver de l’argent.

Elles s’impliquent dans des activités sexuelles prématurées, qui éventuellement posent des menaces non seulement à leur bien-être, mais aussi au développement de leurs communautés par extension. Le phénomène fait tache d’huile à travers le pays. On y voit de plus en plus de jeunes filles pratiquer une quasi-prostitution pour arrondir les fins de mois ou accéder à un mode de vie supérieur.

D’autres sont encouragées dans cette pratique par leurs parents qui pataugent dans la misère et le sous-développement. Ces mineures échangent leurs charmes contre de petites sommes d’argent pour acheter des babioles, des perruques ou des vêtements. Très souvent, elles ont plusieurs partenaires réguliers qui offrent de l’argent et des cadeaux.
Même le phénomène d’escorte girls a fait son apparition à Libreville. Des groupes de jeunes femmes travaillent désormais en partenariat avec des établissements hôteliers du pays, lesquels les appellent lorsque des clients expriment le désir de satisfaire leur libido. Les prix varient entre 15. 000 et 30. 000 F CFA.

MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES. Certaines hétaires ont même créé des pages sur les réseaux sociaux pour être contactées directement par les clients. Il n’est plus rare de voir même deux copines ou sœurs aller faire une partouse avec un même homme pour se refaire une santé financière. D’après de nombreux témoignages, beaucoup de filles de joie ne s’en cachent plus aujourd’hui. Elles agissent désormais comme si leur activité était déjà légale au Gabon.

A travers ce constat désolant, on comprend aisément la propagation exponentielle du sida à travers le pays. Aucune initiative politique et associative n’est jusque-là prise pour tenter d’endiguer cette expansion. Or, la situation s’aggrave au fil des jours. Elle est si alarmante que même la chaîne de télévision Gabon 24, proche du pouvoir, y a consacré un long reportage.

Evidemment, ce phénomène favorise la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST) et le SIDA. C’est le cas notamment en zone rurale où l’usage du préservatif reste marginal. De fait, la prostitution des mineures devient, en plus d’être un drame social, un véritable problème de santé publique. Or, l’accès aux soins n’est pas garanti à toute la population.

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