Matins d'Afrique

Togo: Faure Eyadema sur un volcan

Le dictateur togolais se met martel en tête. (Photo: DR)

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Le despote togolais fait face à la plus grande contestation populaire depuis son arrivée au pouvoir en 2005. La répression sanglante des manifestations de l’opposition n’entame pas la détermination de celle-ci. Ses jours à la tête du pays semblent comptés.

Jonas MOULENDA

LA popularité du dictateur togolais est au plus bas depuis le début de la contestation populaire. Le traitement dégradant réservé à certains partisans de l’opposition et l’usage systématique ont davantage corrodé son image. Du coup, il n’a plus une garantie de longévité à la tête d’un pays qui s’apparente chaque jour à un volcan prêt à entrer en éruption.

La semaine dernière, les Togolais étaient encore nombreux dans les rues de Lomé pour demander le retour à la Constitution de 1992 et le départ du tyran qui a accédé à son père après 38 ans de règne sans partage. De fait, l’opposition togolaise s’organise pour faire sauter les derniers verrous. Les divisions ne recoupent plus les frontières politiques. Avec la baisse de popularité de Faure Eyadema, la réorganisation de l’opposition ne peut qu’être le résultat d’un reflex de survie politique collective.

Les thuriféraires du pouvoir dictatorial en place sont conscients du danger qu’une telle alliance représente. Ils ont d’ailleurs recours à des crocs-en-jambe pour faire tomber ceux qui jettent un regard concupiscent sur leur bifteck. Les conséquences de cette guerre à fleurets mouchetés sont évidemment l’effritement du pouvoir de Faure Eyadéma. Bien que leur issue soit plus incertaine que jamais, il est d’ores et déjà possible d’identifier deux scénarios principaux.

Le premier est un coup d’état perpétré par les propres collaborateurs du despote pour conserver le pouvoir qu’ils considèrent comme un bien de leur clan mafieux. Compte tenu de l’autoflagellation du tyran, ce scénario est loin d’être négligeable. Mais il supposerait nécessairement un dol avec certains hauts gradés des forces armées togolaises pour s’assurer de la réussite du plan. A plus long terme, le cramponnement au pouvoir du président résulterait dans une augmentation de la corruption, du clientélisme et de la violence pour compenser sa base réduite de soutien qui n’est plus que peau de chagrin.

ALTERNATIVE CREDIBLE. Le second scénario est le recours au levier de la justice internationale. Certains frustrés du cénacle pourraient jeter en pâture les crimes de sang d’Eyadema pour le livrer aux instances judiciaires internationales. Ce qui ouvrirait la voie à une transition politique et à sa succession à la tête du pays.

Ce scénario est le plus stable car il exclut toute violence, tout en offrant dans une certaine mesure le changement que la population attend. Sans lui donner une incitation à recourir à la violence, il réinsufflerait l’esprit démocratique au sein des institutions en permettant à l’opposition de présenter une alternative crédible.

Au demeurant, les Togolais sont conscients du risque de glissement et de l’enlisement. Mais à l’inquiétude se mêle l’espoir du changement. Au sein de la jeunesse consciente, Facebook et Whatsapp sont utilisés intensément pour partager les analyses politiques tout comme les messages d’appel à la résistance. Pour le pire et plus sûrement pour le meilleur, personne n’attend se résigner au triste et pitoyable sort que connaît le Togo.

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